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Roms : on garde le cap Energies 390 - Jeremy Noé

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Après le départ d’une soixantaine de Roms surnuméraires suite à un arrêté du Maire, le puits Z a retrouvé son équilibre initial. « Nous accueillons une douzaine de familles, ça on sait faire, mais ça s’arrêtera là. Les autres, on ne peut pas. » Le camp est désormais entièrement clôturé, et la municipalité reste fidèle à sa ligne afin que l’expérience réussisse.

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L’accueil des Roms au Puits Z

« Nous ne pouvions pas laisser ces 12 familles sans rien à l’approche de l’hiver, c’est une question de valeurs, » avait déclaré le Maire Roger Meï en octobre. « Nous leur avons donné le minimum vital, nous exigeons la scolarisation des enfants, et nous appelons l’État à prendre ses responsabilités. Mais cela s’arrêtera là : nous ne pouvons pas prendre sur nous toute la misère du monde. »

Cependant ces derniers temps la situation au camp de Roms du Puits Z s’était quelque peu compliquée. Expulsés des communes alentour, de nombreux Roms étaient venus se réfugier là où Gardanne avait donc choisi début octobre dernier d’accueillir une douzaine de familles - 74 personnes. La population était montée en janvier à 140 personnes. Des problèmes ont surgi : jalousies envers les familles officiellement accueillies, surtensions électriques (la ligne EDF ayant été dimensionnée pour moitié moins de personnes), pollutions du sol et de l’atmosphère par des pratiques peu soucieuses de l’environnement. Le fragile équilibre du travail mené par les équipes de la Police municipale, du CCAS, du secteur Éducation, de l’Éducation nationale et du collectif d’associations partenaires, était mis en péril.

Le Maire n’a pas hésité longtemps avant de déposer un référé pour l’expulsion des soixante personnes en trop sur le camp. Mais c’était sans compter, le 29 janvier, sur la décision du tribunal qui décidait de repousser à deux mois l’exécution de l’expulsion. Inenvisageable pour le Maire désireux que “l’expérience” d’intégration menée sur les douze familles initiales réussisse. D’autant que la Police municipale avait beau passer couper l’électricité sur le camp, les Roms récalcitrants
- et se sachant indésirables - envoyaient des petits de 6-7 ans grimper au poteau pour réenclencher le disjoncteur général. Devant la mise en danger des enfants, Roger Meï a aussitôt pris un arrêté d’expulsion et écrit une lettre au Préfet pour lui demander son concours.

Le 4 février, sentant le vent tourner, les soixante Roms surnuméraires avaient quitté le camp, et les services du Centre technique municipal ont travaillé d’arrache-pied pour barrer l’accès au camp à toute autre intrusion. Aujourd’hui la pression est retombée, les douze familles accueillies respirent, et les services municipaux vont pouvoir reprendre le travail mené avec l’aide du collectif d’associations.

Si la municipalité constate avec amertume ne pas rencontrer l’écho espéré auprès du gouvernement et de l’Europe - il est utile de rappeler que les Roms sont citoyens européens et ont liberté de circulation - elle n’est pas désarmée dans son combat. Ses demandes d’aides financières sont sur le bureau du Conseil régional, Conseil général, du gouvernement et du Feder (Fonds européen de développement régional). La réponse devrait intervenir rapidement.