Solidarité

Les riverains à la rencontre des Roms Energies 397 - Jeremy Noé & Bruno Colombari

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La municipalité a profité d’une éclaircie printanière pour convier riverains du puits Z et Roms à faire connaissance autour d’un apéritif. Munie des aides financières de l’État, de l’Europe et bientôt de la Région, la Ville entend désormais se concentrer sur l’insertion des familles.

L’ACCUEIL DES ROMS SUR LE CARREAU DU PUITS Z depuis octobre dernier a posé de nombreux défis logistiques, médiatiques, et humains. Ce printemps, beaucoup sont en passe d’être relevés - l’État et la Région ont confirmé leur aide financière, le Conseil général et l’Europe devraient suivre - mais la bataille des coeurs continue.

A la mi-avril, la Ville a réuni au foyer Nostre Oustau les riverains du puits Z. Devant une trentaine d’habitants, les élus et la police municipale on déployé des trésors de pédagogie pour rassurer. « L’accueil de ces 80 personnes est conditionné à certaines règles, comme de respecter le voisinage et de ne pas mendier, » rappelait Georges Felouzis, directeur du CCAS, tandis que le maire Roger Meï expliquait : « Il n’y a que deux solutions : soit ils sont sur la commune de façon désorganisée, sur des terrains privés, et on ne maîtrise pas leur nombre. Soit on encadre ce qui se passe et on maîtrise. C’est le choix qui a été fait. » Il faut au passage préciser qu’Aix-en-provence, qui avait entrepris à grands frais (500 000 €) de chasser les Roms installés sur sa commune, se retrouve aujourd’hui avec sept campements à gérer.

ET FACE À CERTAINS QUI, CE SOIR LÀ, faisaient part de leur sentiment d’insécurité, Christian Huc, chef de la police municipale, soulignait : « La gendarmerie et la police procèdent à des interpellations pour des cambriolages. Il y a eu des Roms interpellés sur le secteur, mais ils ne venaient pas du puits Z. Ces dernières années, les cambriolages ont fortement augmenté, dans toute la France. Depuis que Gardanne est en ZSP, on a eu des renforts, et les cambriolages ont baissé. Les auteurs de faits ont été identifiés. » Et comme pour remettre les compteurs à zéro, en fin de réunion, une fillette déclarait : « Dans ma classe, il y a des Roms, c’est mes copains. »

ENTRE ADULTES, CE N’EST PAS SI FACILE. Il ne suffit pas de se rencontrer et de se demander « Tu veux jouer avec moi ? » pour devenir copains (et c’est bien dommage). C’est ainsi que début mai la municipalité s’est faite l’intermédiaire d’une rencontre entre les riverains et les Roms, lors d’un apéritif sur le camp, avec la présence du collectif d’associations qui intervient sur place.

Sous un soleil éclatant, et tandis que les gamins Roms rivalisaient de zèle pour servir les biscuits apéritifs, tout ce petit monde a tenté de faire connaissance. Timidement. Avec autant d’évidente bonne volonté que de points d’interrogations. Certains riverains, ou ce forain du marché, avaient apporté boissons et pizzas. D’autres ne cachaient pas leurs sentiments conflictuels.

« Ça m’effraie. J’ai longuement hésité avant de venir. On a toujours peur de ce qu’on ne connaît pas, » avouait Germaine. « Mais quand je vois leurs petits, qui sont aimés comme les autres, qui sont magnifiques... je me dis qu’ils ont le droit de vivre, comme tout le monde. »

Et ce Gardannais émigré italien, naturalisé français en 57, d’interroger : « Ils ne font que voyager, ces gens, et ils ne paient pas d’impôts. Où c’est, chez eux ? » avant de lâcher « Ce sont des êtres humains comme nous... mais j’ai du mal à comprendre. Moi, je pourrais pas vivre comme eux. »

Un autre, encore, portait un message remarquable de sagesse : « J’ai jamais eu de problèmes, j’ai même jamais croisé de Roms. Je n’ai pas d’a priori et donc, je ne me permets pas de juger. Je sais pas ce que c’est, “un Rom,” moi. On entend beaucoup de choses, c’est dur de faire le tri. Donc je suis venu par curiosité et pour me faire ma propre idée... » « On essaie de bouger le coeur des gens, » commentait Jeannot Menfi, élu municipal, devant une piste de danse improvisée.

Et le maire Roger Meï de souligner : « Ça ne coûtera pas un centime aux Gardannais. Avec les crédits de la Région, nous allons nous concentrer sur les démarches d’insertion. Ensuite, éventuellement, le Préfet a indiqué avoir des logements à leur proposer en-dehors de Gardanne. »