Education

L’école publique menacée dans ses fondements Energies 308 - Loïc Taniou

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L’éducation nationale est secouée dans ses principes fondamentaux, de la maternelle à l’université, par les réformes du ministre Xavier Darcos. Un séisme sans précédent qu’enseignants, élus, parents et élèves tentent de juguler par une forte mobilisation.

Ce n’est pas la lettre du Déserteur de Boris Vian mais le ton s’en rapproche : « Monsieur l’Inspecteur d’Académie, je vous écris cette lettre car aujourd’hui, en conscience, je ne puis plus me taire ! En conscience, je refuse d’obéir. » Ces quelques mots sont l’introduction d’une lettre de désobéissance que certains enseignants ont envoyée à leur académie pour exprimer leur ras-le-bol face à la réforme Darcos qui menace dans ses fondements l’école chère à Jules Ferry et aux professeurs : une école publique, laïque et égalitaire.

La réponse de l’Académie est à l’image de la maniè re d’agir en ce moment du gouvernement : la manière forte et le dénie de liberté d’expression. Car pour toute réponse, cette dernière envoie un inspecteur dans les plus brefs délais inspecter la classe de l’enseignant insubordonné, lui envoie ensuite une lettre recommandée et procède à des coupes dans le salaire, comme Monique Coleti, professeur des écoles de Biver en a été victime.

Les rebelles seront- ils mutés à la rentrée prochaine en guise de punition ? Difficile à dire, car malgré les menaces, le nombre de révoltés face à la réforme Darcos ne cesse de grandir, allant des enseignants aux élèves et aux parents d’élèves avec une volonté commune : “Préserver l’école, l’avenir de la nation”.

« Nous assistons actuellement à de profonds changements dans la manière dont notre gouvernement appréhende l’Éducation au sens large et plus particulièrement la difficulté scolaire, s’alarme Guy Pinet, élu à l’éducation. Ces changements ne vont pas dans le bon sens et la menace de suppression des Réseaux d’aides spécialisées aux enfants en difficultés (Rased) en sont un terrible exemple. Si cette suppression était effective, ce serait 182 enfants qui ne bénéficieraient plus de l’aide dont ils ont tant besoin, aide donnée par des professionnels formés spécifiquement et qui font depuis des années sur la commune un travail remarquable. »

Au menu : suppression de l’accueil des 2 à 3 ans en maternelles, réforme du bac pro, fermetures de classes, baisse des moyens financiers

Une mobilisation générale qui a commencé le jeudi 4 décembre 2008, par les lycées agricoles, dont celui de Valabre, eux aussi menacés et concernés par la mise à mal de l’enseignement en France : réforme du bac pro, fermetures de classes, baisse des moyens financiers et des heures d’enseignements... Le mardi 9 décembre, ce sont les lycéens des filières classiques qui se sont mobilisés et qui sont descendus dans la rue.

Le soir, au foyer Nostre Oustau, les enseignants, les lycéens et les parents d’élèves se sont concertés pour défendre l’école publique. Pour le responsable FCPE 13, « il s’agit d’un vrai “détricotage” d’un modèle républicain avec cette volonté politique de “réformer”, un verbe plutôt gentil, de la maternelle à l’université. Le danger est réel, on peut s’en rendre compte avec la suppression des Rased, il faut informer, aider à comprendre ce qu’il se passe car un bon nombre de parents sont peu informés. »

Soldes Darcos :
- 30% sur l’éducation

Depuis le mardi 9 décembre, les lycéens sont descendus régulièrement dans la rue, les enseignants et les parents ont organisé plusieurs veillées dans les établissements comme le lundi 15 décembre au lycée Fourcade ou devant la mairie le mardi 16, offrant aux télévisions des images pour illustrer les différents sujets.

Est-ce pour cela que le ministre de l’éducation nationale, Xavier Darcos, a annoncé mi-décembre le report de la réforme du lycée  ? Une tentative de calmer le jeu, surtout celui des lycéens, avant les vacances de Noël, histoire de diviser un peu plus le monde de l’éducation.

Quel devenir pour les Rased ? Quid de la suppression de l’accueil des 2 à 3 ans en classes de maternelles ? Quelles formations dans les lycées ? Voici quelques unes des questions qui restent en suspens en ce début d’année et qui devraient faire se poursuivre la mobilisation contre la casse du service public de l’éducation.

Les Rased apportent de réelles solutions

Les Rased sont des réseaux constitués d’enseignants spécialisés, formés, titulaires d’un diplôme spécifique afin de traiter les élèves en grandes difficultés scolaires. Ces maîtres spécialisés sont, pour les enseignants ayant en charge une classe, des aides et des appuis fondamentaux dans leur pratique avec ces enfants. Ils les prennent une ou deux fois par semaine durant le temps de classe pour travailler spécifiquement sur les difficultés qu’ils rencontrent et qui peuvent être de nature très diverse. Ils constituent un atout important avec des compétences et des savoir-faire pour aider les élèves qui ont du mal à suivre.

3 000 de ces postes sont menacés de fermeture pour l’année 2009 et la disparition complète des Rased programmée pour les 3 ans à venir. Le gouvernement justifie cette disparition par la mise en place de l’aide personnalisée apportée par les enseignants deux heures par semaine.

Or, cette aide ne concerne que les élèves qui ont des difficultés passagères et en aucun cas ceux qui sont en grandes difficultés. Ces derniers risquent de se retrouver complètement sur la touche alors que le dispositif des Rased apporte de réelles réponses et obtient des résultats concrets.

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Energies 308
15 janvier 2009