C’EST L’ASSOCIATION LA MAIN À LA TERRE QUI A EXPOSÉ LES GRANDS PRINCIPES DE SON PROJET AUX ÉLUS DE LA VILLE. « Le maire nous a proposé de développer le projet sur les terrains communaux de Barème, explique François Le Gall, membre de l’association. Le projet correspond à la destination que la commune souhaitait donner au lieu, et il s’inscrit parfaitement dans la dynamique lancée par la Ville autour du développement de la culture scientifique. Enfin, il peut être une solution quant à la volonté de la Ville de développer l’apport en produits frais issus de l’agriculture biologique dans la restauration scolaire. »
Mais une ferme agroécologique, qu’est ce que c’est ? En résumé, c’est une exploitation qui vise à créer un écosystème agricole, biologiquement équilibré, autonome sur le plan énergétique et produisant plus de matières premières qu’il n’en consomme. Pas question ici de champs à perte de vue, saturés en engrais et produits phytosanitaires et consommant des quantités d’eau astronomiques, le tout exploité avec des machines agricoles très énergivores.
On revient aux fondamentaux, avec des cultures et de l’élevage adaptés aux climat et à la nature des sols du lieu, et créant les conditions pour que tout un écosystème harmonieux se mette en place pour éviter tout déséquilibre qui nécessite le recours aux méthodes de l’agriculture industrielle.
PAS QUESTION POUR AUTANT DE REVENIR À L’ÂGE DE PIERRE. La mise en place de cette agroécologie se base sur des courants agricoles alternatifs et sur des études et expérimentations récentes et en constante évolution. D’ailleurs une étude des lieux a déjà débuté, avec des élèves de BTS du lycée agricole de Valabre tout proche, qui ont lancé un inventaire de la végétation actuellement implantée à Barème, le domaine ayant été touché par l’incendie du Montaiguet en août 2005. Une étude qui outre les aspects très pratiques directement liés à la mise en culture des lieux, pourrait aussi donner lieu à une mise en valeur via la création d’un sentier botanique.
Vergers, maraîchage, culture céréalière, petit élevage, création et entretien d’espaces boisés, sont autant d’aspects envisagés sur ce domaine de 41,8 hectares, dont environ 9ha sont cultivables. Le projet s’inspire de modèles agricoles éprouvés tels que l’agriculture naturelle et la permaculture déjà expérimentés avec succès au Japon, en Angleterre, en Autriche et même en région Paca, mais aussi l’agroforesterie, l’agriculture de conservation, la biodynamie...
« Avec l’association nous sommes également allés à la rencontre de plein de gens qui se sont lancés dans une démarche proche de la nôtre, comme cet agriculteur dans le Luberon qui en quelques années a perdu environ 15% de ses sols à cause de la pluie, en lien avec le changement du climat. Il travaille maintenant avec l’institut Arvalis dans une démarche pour sauvegarder le sol, ce qui l’a notamment conduit à modifier ses cultures avec des plantes plus adaptées comme par exemple le sarrasin, » explique François Le Gall.
AU-DELÀ DE L’ASPECT PUREMENT AGRICOLE, LE PROJET A ÉGALEMENT POUR OBJECTIF LA FORMATION À L’AGROÉCOLOGIE comme le souligne François Le Gall. « Après l’avoir expérimenté dans la ferme, chacun pourrait inventer sa manière de la pratiquer dans son jardin, sur son balcon, dans son école ou son quartier, et même dans son exploitation pour les agriculteurs qui seront intéressés par la démarche. » Ainsi des activités pédagogiques seront proposées en direction des établissements scolaires, des centres de loisirs, mais aussi des familles, pour que les enfants et leurs parents puissent s’initier par la pratique à l’agroécologie, ainsi qu’à l’écoconstruction. Grâce à des partenariats avec les établissements d’enseignement agricole, la ferme peut aussi être un lieu de découverte et d’apprentissage pour les élèves, mais aussi d’expérimentation pour des projets innovants en matière agricole.
Si dans un premier temps la production va servir essentiellement aux ateliers pédagogiques, sa montée en charge au fil du temps devrait permettre à terme d’approvisionner au moins pour partie la restauration scolaire en produits frais biologiques, ceux-ci étant particulièrement difficiles à trouver en local actuellement. « Le modèle en la matière c’est la cantine scolaire de Mouans-Sartoux, dans les Alpes-Maritimes, approvisionnée en produits frais issus de cultures biologiques par une exploitation agricole de 4ha acquise par la commune et gérée en régie municipale, » explique François Le Gall.
LE PROJET VA SE DÉVELOPPER EN QUATRE TEMPS. Le premier, débuté en avril-mai 2014 va notamment voir la création d’un comité de pilotage et une demande de modification du Plan local d’urbanisme sur le site de Barème pour que celui-ci puisse notamment accueillir une activité agricole. Le second temps, à partir d’avril 2015, va se caractériser par les expérimentations des premières mises en culture et le démarrage des animations pédagogiques.
Le troisième temps, prévu pour 2017-2018 verra la construction du bâti d’exploitation et la sélection d’un agriculteur permanent, qui s’installera sur place dans le quatrième temps, et pourra ainsi débuter l’introduction du petit bétail. Un beau projet sur lequel nous reviendrons régulièrement tout au long de sa mise en place.