Santé

Toxicomanie, quelles réponses ? Bruno Colombari

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Dans le cadre du conseil local de sécurité et de prévention de la délinquance (CLSPD), Gardanne a accueilli le 19 octobre à la Médiathèque une conférence sur la consommation des drogues, à destination des professionnels de la santé.

Qu’est-ce que c’est, au fond, la toxicomanie  ? « C’est un comportement d’adaptation face à une souffrance psychique et sociale, explique le docteur Alain Ribaute. C’est une forme d’automédication.  »
Devant un public composé de médecins, de pharmaciens et d’infirmières scolaires, les spécialistes aixois du réseau Aix-Tox et de la fédération de soins aux toxicomanes dressent un tableau de l’usage des drogues aujourd’hui. « Il faut distinguer quatre catégories, note la psychiatre Béatrice Stambul : les expérimentateurs, qui vont consommer une fois pour essayer, les occasionnels, les réguliers (plusieurs fois par mois) et les consommateurs quotidiens. En France, dans cette dernière catégorie, on compte huit millions de buveurs et treize millions de fumeurs, le tabac et l’alcool étant de loin les drogues les plus meurtrières, plus de 100 000 morts par an au total. » La consommation d’alcool chez les plus jeunes augmente d’ailleurs rapidement, notamment avec la diffusion des Premix, ces boissons très sucrées titrant huit degrés. La cocaïne est également en hausse : « c’est le signe d’un besoin de vitesse et de performance lié à notre époque. » Le cannabis, lui, concernerait 450 000 consommateurs quotidiens, pour un total de dix millions d’expérimentateurs. Là aussi, il touche des adolescents de plus en plus jeunes.

Enfin, il y a les médicaments psychotropes (la France détient un record mondial de consommation) et les drogues de synthèse comme l’ecstasy, les amphétamines, le LSD, voire même des anesthésiques vétérinaires. « La toxicomanie met en jeu des questions sociales, politiques, juridiques et médicales, explique Alain Ribaute. D’où la nécessité de constituer des réseaux de soins pour faire circuler les informations et ne pas être isolé. AAix, le réseau Ville-hôpital coordonne les structures existantes, forme des intervenants et dispense des soins. » Et ce, malgré des moyens limités en terme de prévention et de soins : « une étude réalisée en Suisse montre que la prise en charge policière et judiciaire des toxicomanes coûte dix fois plus cher que la prise en charge médicale, et en plus elle est inefficace. » En attendant une véritable politique de prévention, « on essaie de limiter les risques, pas forcément la consommation. C’est une approche plus pragmatique, » conclut Béatrice Stambul.

Site CIRDD Paca (centre de ressources en ligne sur les drogues et les dépendances) : http://www.cirdd-paca.org/

L’Espace Santé Jeune, une écoute de proximité

Yveline Primo, première adjointe à la mairie de Gardanne, constate : « il existe beaucoup d’actions de prévention en direction des scolaires. Mais après, à qui on s’adresse ? A qui on pose des questions ? Ne faut-il pas aussi informer les parents ? »
A Gardanne, l’Espace Santé Jeune est un relais de proximité dans le dispositif d’écoute et d’orientation. Créé en 2005, l’ESJ intervient dans les collèges et lycées et reçoit des jeunes et des parents. Depuis septembre, une psychologue, Delphine Gignes, y tient des permanences. « Je reçois des ados qui se posent juste des questions ou qui ont déjà des difficultés, avec ou sans rendez-vous. Les médecins doivent y penser et ne pas hésiter à orienter des ados vers nous. Nous pouvons établir un diagnostic entre l’accompagnement et les soins. » Contact ESJ : 35 rue Borély, tel 04 42 51 52 99 ou 06 87 90 73 64