Club Cinévore

Quatre jours à Cannes Bruno Colombari

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En mai dernier, onze jeunes de 16 à 28 ans ont fait le déplacement à Cannes pendant le festival du film. Une initiative originale initiée par le club Cinévore du service jeunesse, et qui déborde le cadre strict des projections. Récit.

Cannes, son front de mer, ses stars, ses paillettes, son festival et sa montée des marches : entre mythe et clichés, il y a une réalité pas toujours flatteuse, celle du choc entre le gratin du cinéma et des médias et les gens ordinaires. C’est aussi pour découvrir cette réalité-là, et bien sûr pour voir des films, que onze jeunes du club Cinévore de Gardanne, encadrés par Marc Poizat et Mickaël Curet, ont passé quatre jours sur la Croisette du 17 au 20 mai dernier.

« C’est une ambiance particulière, raconte Silas. Il y a ceux qui guettent les stars qui arrivent, d’autres qui jouent les blasés. A un moment, il y avait un spectacle de hip-hop dans la rue, et dans le public, beaucoup ne comprenaient pas. Visiblement ils n’avaient pas l’habitude. »

Armés de leur passe délivré par Cannes Cinéphile, les Gardannais se sont répartis par petits groupes, au gré de la programmation, pour essayer d’obtenir des places. « Parfois, il fallait faire deux heures de queue en plein soleil. Mais dans les files d’attente, c’est plus facile pour engager la conversation. »

La salle du Palais était bien entendu inaccessible, comme la sélection officielle, mais qu’importe  : les sélections parallèles et la salle de la Licorne, dans le quartier de la Bocca, offraient de belles opportunités. Sabrina se souvient avec émotion de ses coups de coeur : « J’ai vu une dizaine de films, dont “No country for old men”, des frères Coen, “Triangle”, “Young Yakusa”, où on a même été interviewés par une télé japonaise à la sortie. Et à l’occasion de la projection de “Suspiria”, j’ai même approché le réalisateur Dario Argento. Mon idole ! »

Silas se souvient de My blueberry nights, de Won Kaï Waï, de Zodiac ou de Un homme perdu. La projection des Parapluies de Cherbourg en plein air sur la plage l’a en revanche laissé perplexe. « Mais c’est toujours intéressant de découvrir des films, quels qu’ils soient. »

Hébergés dans une auberge de jeunesse à Antibes, les jeunes devaient prendre en charge l’organisation matérielle de leur séjour, qu’ils ont en partie financée. « C’était important qu’ils soient autonomes, explique Mickaël. Ça faisait partie du projet. »

Equipés d’appareils photos, argentiques et numériques, et de caméras vidéo, les membres du club Cinévore ont profité du temps libre entre deux projections pour capter l’atmosphère du festival, et un peu de sa face cachée.

« L’objectif est de réaliser un petit documentaire de dix minutes, un quart d’heure maximum, conclut Mickaël. On aurait aimé le présenter au moment du festival d’automne, mais ça va être un peu juste. Peut-être à l’occasion de la nuit du film censuré, en décembre. » De quoi donner des idées à d’autres jeunes, pour l’édition 2008.