Mis à part quelques centres en région parisienne, les centres de santé mutualistes sont une spécificité locale grâce à la rencontre d’une équipe de médecins autour du docteur Jean-Francois Rey en 1957 et de la mutuelle des travailleurs à l’époque qui, se posant la question de l’accès aux soins pour les patients, inventent le concept de centres de santé. Celui-ci s’appuie sur une médecine d’équipe réunissant spécialistes et généralistes autour d’un dossier médical commun.
De plus le ticket modérateur est mis en place permettant aux gens d’accéder aux soins sans avoir à faire l’avance d’argent. Cela augurera la mise en place de la mutuelle de la solidarité qui permit de remplacer l’Aide médicale gratuite dans le département et aboutira à la création de la Couverture maladie universelle (CMU). Jusqu’en 1981 il y aura la création de seize structures dans tout le département, à Aubagne, La Ciotat ou encore Port Saint- Louis du Rhône.
A Gardanne, la création du centre de santé François-Billoux n’a pas été une mince affaire comme le souligne le maire Roger Meï, également président d’honneur du nouveau comité de soutien du centre de santé : « La réalisation du centre François- Billoux a été arrachée de haute lutte par les Gardannais au début des années 80. Je me souviens que lors de son inauguration en 1981, nous avions monté un chapiteau sur le stade devant le collège Gabriel-Péri et que plus de 5000 personnes étaient présentes ce jour là ! »
De 1981 à 2011, voilà maintenant 30 ans que le centre est l’un des acteurs majeurs dans l’offre de soins de la commune. « A Gardanne nous effectuons près de 52 000 consultations par an, dont 22 000 pour les généralistes (NdlR. par comparaison le Centre hospitalier du Pays d’Aix effectue 150 000 consultations/an) explique le docteur Pierre Imbault, médecin au centre et président du comité de soutien, qui ajoute, c’est 10% de la population du département qui passe par les centres de santé mutualistes des Bouchesdu- Rhône. »
Les centres de santé mutualistes ont été pionniers dans leur manière d’aborder les soins autour d’un dossier médical unique pour chaque patient et d’une offre de soins complète donnant accès à plusieurs médecins spécialistes en un même lieu. « Cette pratique de médecine d’équipe permet de faire moins d’examens et d’actes pour un même patient. Sur une année cela représente en moyenne cinq à six consultations économisées par patient. Cela favorise aussi les échanges entre les différents praticiens qui peuvent ainsi s’entraider autour d’un cas spécifique. Dans le cas de certaines pathologies c’est vraiment important de ne pas se sentir isolé en tant que médecin, explique Pierre Imbault. Tout le monde est d’accord pour dire qu’il faut des centres de soins qui permettent de regrouper les différents corps de santé. La prévention médicale est également un aspect plébiscité dans lequel nous avons une longue expérience. Toutefois il semble que malheureusement ça n’intéresse pas grand monde, » constate-t-il avec regret.
Les centres de santé mutualistes sont aussi pour le patient la garantie d’avoir accès à des soins tarifés en secteur 1, c’est à dire sans dépassements d’honoraires. Un aspect très important pour ceux qui fréquentent le centre, mais aussi au bénéfice de tous les habitants de la commune. Il a en effet été constaté qu’il y a très peu de médecins en secteur 2, c’est à dire pratiquant le dépassement d’honoraires, dans les communes où se trouve un centre de santé mutualiste. Le centre François-Billoux accueille toute personne qui se présente. « Environ 50% de nos patients ne sont pas adhérents des mutuelles partenaires. Le souci c’est que seules les mutuelles partenaires participent au financement de nos centres, note Pierre Imbault. Nous avons besoin de mobiliser des financements publics pour gérer une partie de nos déficits structurels. »
Dans la mesure où le centre accueille tous les patients, qu’ils soient ou non affiliés au réseau des Mutuelles de France dont il dépend, et qu’il assume de fait une mission de service public, il semble logique que des financements publics soient sollicités. Autre piste à explorer, la participation des mutuelles non partenaires dont les adhérents sont soignés au centre. Des comités de soutien se forment autour des centres de santé mutualistes, réunissant salariés des centres, élus et usagers. Des actions ont déjà été menées, et notamment le 17 février dernier où tous sont allés manifester devant l’Agence régionale de santé Paca pour réclamer une table-ronde réunissant tous les acteurs concernés.
Dernière action en date, le 11 mars où une manifestation de soutien a eu lieu devant le centre de santé Paul- Paret à Marseille, à l’occasion de son 48 e anniversaire. Pour plus d’informations sur le mouvement et pour s’inscrire au comité de soutien, un site internet a été créé : http://www.comite.f.billoux.sitew.com. Une action sur laquelle nous ne manquerons pas de revenir dans un prochain numéro d’énergies.