Habitat

Logement, une situation préoccupante Stéphane Conty

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Comme l’avaient confirmé les “Assises de la solidarité et du logement” organisées par la commune en octobre 2004, la situation du logement en France est déplorable. Depuis cette date, le ministre du logement a multiplié les déclarations d’intentions et en septembre le Préfet de région déclarait urgent de prendre des mesures pour le logement social. Gardanne dispose aujourd’hui de son contingent de logements sociaux. C’est loin d’être le cas pour toutes les autres villes du secteur.

Entre le 1er janvier et le 30 juin 2005, seulement 166 logements sociaux ont été construits en PACA sur les 5 610 prévus pour l’année, soit 3,3 % du total ! Ce résultat est le plus mauvais du pays, la moyenne des régions françaises se situant à la même date à 7,7%. Un chiffre qui est cependant loin de constituer une référence flatteuse. Pourtant le 7 décembre dernier, l’Assemblée nationale adoptait la loi de programmation pour la cohésion sociale présentée par Jean-Louis Borloo, ministre de l’emploi, de la cohésion sociale et du logement. Cette loi qui a fait l’objet d’une forte campagne médiatique annonce la construction de 500000 logements sociaux entre 2004 et 2009, avec pour chaque année des objectifs à atteindre en terme de logements construits et des financements déterminés pour les réaliser. En 2004, 68 000 logements ont été réalisés sur les 75 000 fixés initialement. Et comme nous venons de le voir, les résultats pour le premier semestre 2005 sont très loin d’êtres encourageants.

Le Préfet de région Christian Frémont, dans une interview réalisée par le quotidien La Provence le 12 septembre explique que selon lui, les difficultés rencontrées sont de deux ordres. « Les entreprises ne répondent pas aux appels d’offres du fait d’un manque de main d’oeuvre. Et puis on a du mal à convaincre les maires à construire des logements sociaux. Sur ce deuxième point il ajoute j’ai demandé aux souspréfets de mener une action déterminée pour que les maires remplissent leurs obligations en la matière. »

Au moins 20% de logements sociaux

Pour ce faire, les représentants de l’État peuvent s’appuyer sur la loi qui oblige les communes de plus de 3 500 habitants à avoir au moins 20 % de logements sociaux sous peine de payer une amende de 152 euros par logement manquant. « A Gardanne, souligne Jeannot Menfi adjoint au logement, avec un parc social de 1 876 logements nous faisons partie de la minorité de communes du département qui respectent la loi. Malgré cela nous avons environ 600 familles qui sont en liaison avec nos services pour pouvoir accéder à un logement, dont certaines se trouvent dans des communes voisines qui sont en infraction. Malheureusement étant donnés les prix de l’immobilier, les familles qui autrefois ne faisaient que passer dans le parc social avant d’acheter un logement n’ont plus les moyens de le faire et donc ne partent plus. De fait, il n’y a quasiment plus de logements qui se libèrent.  »

Parmi l’arsenal de mesures dont il dispose, le Préfet peut par exemple obliger un maire à préempter un terrain pour y construire du logement social. Cette mesure n’est pas anodine car dans notre région le prix du foncier est prohibitif et constitue un frein majeur pour les sociétés qui construisent et gèrent des HLM. Peut être faut-il aussi préciser que les entreprises de construction préfèrent aujourd’hui se positionner sur les projets du privé qui offrent des marges au moins deux fois supérieures.

Des projets immobiliers

Augmentation des loyers, hausse du foncier et des coûts de construction, manque d’entreprises pour répondre aux appels d’offres des organismes HLM, autant de problèmes que de nombreux experts rapprochent du dispositif De Robien mis en place en 2003 et qui fait les beaux jours des promoteurs privés spécialisés dans la construction défiscalisée.

Depuis plusieurs années, la municipalité de Gardanne a mené des actions pour tenter de résoudre localement ces problèmes. Pétitions, manifestations en Préfecture, délégations se sont succédé. En mettant des terrains gratuitement à disposition, elle a permis à certains projets de voir le jour (La Maison, maison de retraite, résidence sociale). Elle travaille actuellement sur des projets immobiliers qui devraient être bientôt développés comme la construction de 80 logements étudiants à proximité du lycée agricole de Valabre qui viendront renforcer le contingent de logements sociaux de la commune. Un ensemble de 18 logements réalisés par la société HLM OPAC Sud est en cours de construction à Veline. D’une surface totale de 1 528 m2, le bâtiment comprendra 18 appartements dont 4 aménagés pour les handicapés, et un parking en sous-sol de 15 places. Le chantier devrait être terminé à l’été 2006. Un programme privé de 32 appartements est aussi prévu à l’avenue Sainte-Victoire, dont un tiers sera disponible pour des personnes éligibles au logement social.

Le périmètre d’intervention d’une prochaine OPAH (opération pour l’amélioration de l’habitat) est en cours de définition dans le centre-ville avant d’être soumis aux services de l’État. Rappelons que la précédente OPAH qui concernait le centre ancien entre 1999 et 2002 avait permis de rénover 206 logements dont 59 étaient vacants depuis des années. D’autres projets sont également en discussion avec des organismes HLM et devraient démarrer en 2006 sur lesquels nous reviendrons prochainement.

L’abbé Pierre donnera son nom à la résidence sociale

Les travaux de construction de la résidence sociale près du cimetière débuteront en janvier 2006. Ils avaient été retardés par un recours devant le tribunal administratif déposé par la CIQ Cativel-Vieille Ville qui vient d’être rejeté. Leur demande (déposée maintenant devant le Conseil d’état) visait à suspendre le permis de construire pour empêcher la construction sur ce lieu. La résidence Henri Grouès (le véritable nom de l’abbé Pierre) comptera 38 logements de 18 à 46 m2 destinés à l’hébergement temporaire de publics variés, mais répondant à des critères spécifiques. Comme le souligne Roger Meï « en premier lieu cette résidence va permettre de résorber l’habitat indigne dans la vielle ville où des personnes sont logées dans des conditions inhumaines. » Elle pourra en outre accueillir des étudiants boursiers, des personnes isolées, couples ou familles monoparentales ayant de faibles ressources, ou encore des jeunes en rupture familiale. Il y aura aussi une équipe d’intervenants pour veiller au bon fonctionnement de la résidence et en assurer la gestion.