Environnement

Le ciel est tombé sur la tête Bruno Colombari

Publié le

Tsunamis, sécheresse, tempêtes de neige... Le début du siècle est marqué par des dérèglements climatiques inquiétants. Une exposition et une conférence ont permis de découvrir pourquoi le temps change.

Il est assez rare de trouver des flippers dans le hall d’une Médiathèque. Sauf à Gardanne. Pendant presque un mois, ces engins (toutefois dépourvus de billes et de sonorisation) ont tenté de répondre, pour des centaines de scolaires et de curieux, à la question suivante : Quel climat pour demain ?

Prêtée par le Centre de culture scientifique, technique et industrielle (CCSTI) de Midi-Pyrénées, cette exposition pour le moins originale évoque les permanences et les changements du climat. Par les instruments qui le mesurent tout d’abord, de l’hélioscope à sphère de verre (rayonnement solaire) au baromètre à capsule métallique (pression atmosphérique) en passant par l’hygromètre à cheveu (humidité de l’air). Mais aussi avec les engins qui nous survolent plus ou moins près, des ballons sonde (300 km) au satellite Météosat (36 000 km). On peut aussi y observer à la loupe les cernes d’un tronc de cèdre vieux de 90 ans, et en déduire qu’il a fait chaud en 1943 et froid en 1956. On apprend que sans l’effet de serre tant décrié, la température moyenne de l’air serait à -18°C (contre +15°C actuellement).

On découvre que loin d’être immuable, le climat de la Terre varie en périodes glaciaires et interglaciaires. Par exemple, il y a 65 millions d’années, Paris aurait été envahi par une jungle équatoriale. Mais il y 18 000 ans, la tour Eiffel aurait été prise dans la banquise. Et qu’enfin, ce qui détermine le plus le climat, c’est la forme de l’orbite terrestre autour du soleil, et l’inclinaison de l’axe de rotation de notre planète. Ce n’est pas pour rien que klima, en grec, veut dire inclinaison...

Le climat a tendance à se refroidir

Laurence Vidal, paléoclimatologue au CEREGE (centre européen de recherches et d’enseignement des géosciences de l’environnement) et invitée de la Médiathèque pour une conférence, le 31 janvier nous explique : « le climat de la Terre a toujours connu des variations, ces changements peuvent provenir des mouvements de l’écorce terrestre, de l’orbite de la Terre autour du soleil, de la fonte des calottes glaciaires. Ce qu’on constate tout de même sur les 150 dernières années, c’est que la concentration de gaz carbonique dans l’atmosphère a autant augmenté qu’entre deux cycles de glaciation, soit 100000 ans environ. »

Chercher à comprendre le fonctionnement du climat par l’étude du passé, c’est la mission de Laurence. Pour cela, elle fait parler les sédiments accumulés au fond des océans, ces thermostats géants dans lesquels circulent courants chauds et courants froids. Abord du navire Marion- Dufresne affrété par l’Institut polaire Paul-Émile-Victor, les chercheurs du CEREGE prélèvent des carottes longues d’une soixantaine de mètres et découpées en tranches avant d’être analysées en laboratoire. « En étudiant les glaciations récentes, depuis 500 000 ans, on a découvert qu’il peut y avoir des changements climatiques relativement brusques, à l’échelle du siècle. Il apparaît aussi que le climat terrestre a plutôt tendance à se refroidir depuis 70 millions d’années. Ce qu’on mesure, c’est l’ampleur des changements climatiques, mais aussi leur vitesse.  » Et bien sûr, ces études permettent de séparer les variations naturelles, sur le long terme, et l’influence humaine.