Prévention de l’illettrisme

La fracture alphabétique Bruno Colombari

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Souffrance quotidienne et ignorée, l’illettrisme fait l’objet d’une mobilisation des services municipaux, des associations et des organismes de formation. Une journée de travail à la Médiathèque y a été consacrée.

Près d’un adulte sur dix, en France, serait illettré. Autant dire que ces personnes pour qui la compréhension d’un texte écrit pose des difficultés insurmontables (même si elles sont capables de le déchiffrer), vous les croisez tous les jours et vous les connaissez probablement. Et pourtant...

C’est pour mieux repérer ces personnes et leur venir en aide que la Ville de Gardanne a organisé, le 15 mai dernier à la Médiathèque, une journée de travail regroupant associations, services municipaux et organismes de formation. « Avec les écoles, nous avons mis en place l’opération “Coup de Pouce”, souligne Roger Meï. Il y a aussi des retraités qui parrainent des enfants. Pour lutter contre l’illettrisme, nous avons besoin de moyens, mais surtout de solidarité. Il faut donner de soi. »

L’association Trans’versales a donc fait un état des lieux sur Gardanne depuis septembre 2006. « On constate que les habitants ne sont pas toujours informés de ce qui se fait, surtout les adultes isolés. Et qu’il est difficile d’entrer en contact avec eux, » témoigne Christiane Barneaud. Pour la Médiathèque, qui développe avec le dispositif Ville lecture des actions hors les murs, et qui travaille avec des organismes de formation, Françoise Peyre constate « qu’on est plutôt du côté de la prévention de l’illettrisme. »

Un travail important est également entrepris au sein de la mairie de Gardanne en direction du personnel municipal. « Chaque année, cinq agents entrent en parcours d’acquisition des savoirs fondamentaux,  » explique Thierry Tamburini, responsable de la formation.

Des stagiaires à la Médiathèque

L’expérience du permis linguistique menée par la MAIO cette année (une formation conjointe sur la lecture et le passage du permis de conduire) a débouché sur le passage du code de la route pour dix jeunes, trois autres ayant obtenu leur permis. A l’Union des Femmes et des Familles (UFF), une cinquantaine de personnes sont suivies par neuf bénévoles. L’ADREP (association pour le développement, la recherche et l’éducation permanente) est un organisme de formation qui intervient sur Gardanne auprès d’un public de demandeurs d’emploi, et d’allocataires du RMI.

« Nous avons neuf stagiaires trois demi-journées par semaine, à la Médiathèque et au service jeunesse qui nous prête son atelier informatique, explique Virginie Puyo. Nous avons un public pour qui le français n’est pas la langue maternelle, un public analphabète [qui n’a jamais été scolarisé, NdlR] et un public illettré. »

En conclusion, Nathalie Nérini, conseillère municipale chargée de la formation, constatera : « cette journée permet de créer un réseau, que tout le monde prenne contact et travaille ensemble. C’est un début, il faut continuer. L’illettrisme est encore tabou : je suis élue depuis douze ans, j’ai milité dans des associations caritatives et je constate que les gens parlent plus facilement de leurs problèmes financiers que de leurs difficultés avec la lecture. Les entreprises doivent aussi être partie prenantes du dispositif. »