Patrimoine

Gardanne se fait une toile Energies 402 - Jeremy Noé

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Les 14 et 15 septembre se sont déroulées Les journées du patrimoine. A Gardanne celles-ci ont débuté par le vernissage à l’espace Bontemps de l’exposition de tableaux issus du legs de Gueidan que la Ville a fait restaurer. Expositions, conférences et visites figuraient également au programme de ce week-end culturel.

EN CE VENDREDI 13 SEPTEMBRE, ils sont seize tableaux du 18 e ayant traversé les siècles et les vicissitudes de l’histoire, à être exposés dans l’espace Bontemps. Deux représentent une scène de bataille, un nous montre une fête vénitienne, un est une allégorie et les autres sont des portraits, essentiellement des membres des familles Gueidan et d’Albert. Jusqu’ici ils étaient disséminés dans plusieurs bâtiments municipaux, ainsi qu’au château de la marquise de Gueidan à Valabre.

« Il y sept ans, au fur et à mesure de mes déplacements au sein des différents services municipaux j’ai découvert ces tableaux dont certains étaient très abimés, explique Alain Puech, directeur de l’école municipale d’arts plastiques. J’en ai parlé à Mustapha El Miri, adjoint au maire délégué à la Culture et à Jeannot Menfi, adjoint au maire délégué au Patrimoine qui ont soutenu le projet de restauration.  »

C’EST AINSI QU’EN 2007 la Ville a confié la restauration de ces oeuvres à Hélène Garde, restauratrice qui avait autrefois un atelier à Paris, et qui a aussi déjà travaillé pour des communes du département telles qu’Aix-en-Provence, Lambesc ou encore La Ciotat. « Quand la commune m’a confié la restauration de ces tableaux il y a sept ans, plusieurs étaient en très mauvais état, certains étaient déchirés et d’autres n’avaient plus de châssis, commente Hélène Garde. Plus qu’une restauration, on peut dire qu’ils ont été mis en état de conservation, c’est à dire qu’ils ont reçu des soins curatifs pour prolonger la vie de l’oeuvre et lui rendre une lisibilité. Dans un tableau tout s’oxyde. Il faut le nettoyer pour enlever ce que le temps a mis dessus. En plus, les pigments foncés sont instables et s’assombrissent, comme on a pu le voir sur les portraits notamment dont le fond est sombre. Mais attention, les retouches doivent toujours être réversibles, il faut pouvoir les enlever pour refaire une restauration si besoin. »

UN TRAVAIL PATIENT ET MINUTIEUX, à raison de deux oeuvres restaurées par an, mais dont le jeu valait la chandelle à en juger par le résultat. Une restauration qui a coûté 35 000 € à la Ville. La plupart de ces oeuvres restaurées ne sont pas signées, le mystère demeure donc en ce qui concerne les artistes qui les ont réalisées. En revanche, les personnes représentées sur les portraits sont connues, ainsi que leur histoire. Il s’agit de membres des familles Gueidan et d’Albert.

Les Gueidan, particulièrement connus à Gardanne, sont une famille de marchands de bétail originaires de Reillanne, dans les Alpes de Haute-Provence. En 1683 Pierre Gueidan, conseiller à la Cour des comptes au Parlement d’Aix, fait l’acquisition du domaine de Valabre, qui comprend notamment le pavillon de chasse dit “du roi René” bâtit entre 1573 et 1583, et le château. Le domaine et le château sont légués à la ville de Gardanne en 1882 à la mort de Françoise- Joséphine Sibilot, veuve de Louis-Joseph Alphonse de Gueidan, décédé en 1853, le couple n’ayant pas eu d’enfant.

Dans son testament, Françoise-Joséphine Sibilot fait toutefois obligation à la Ville de fonder à Valabre un institut agronomique et le voeux que la forêt continue a être entretenue. L’institut agricole d’abord installé dans le château, déménagera par la suite pour devenir le lycée agricole de Valabre. Quant au château il accueille aujourd’hui la sécurité civile et l’Entente pour la forêt méditerranéenne, dont l’une des missions est justement la lutte contres les incendies de forêt.

Une forêt dont Roger Meï a tenu a rappeler l’importance lors du vernissage de l’exposition des tableaux restaurés. « Le patrimoine ce sont ces tableaux, mais ce n’est pas que ça. C’est aussi la forêt qu’on préserve, des bâtiments dont ceux de la mine qu’on entretient, des coutumes, des habitudes, la langue. » Quant au château, il a fait l’objet de visites suivie d’une conférence, organisées par l’Office de Tourisme, dimanche à l’occasion des Journées du patrimoine et de la fête des 50 ans de l’Entente pour la forêt méditerranéenne.

Les visiteurs curieux de découvrir le patrimoine Gardannais ont par ailleurs pu visiter l’exposition du musée Gardanne Autrefois intitulée 1913-2013 à Gardanne, ainsi que l’exposition archéologique Gardanne Romaine installée à la chapelle des Pénitents. Était également proposée une conférence/projection sur les oeuvres de Joseph Sec et sur la famille Gueidan commentée par Huguette Garrido, fine connaisseuse de l’histoire de Gardanne, ainsi que sur le patrimoine et les lieux classés commentée par Josiane Bonnet, Présidente de l’Office de Tourisme. L’Office de Tourisme qui a par ailleurs organisé des visites commentées de l’exposition des tableaux rénovés, dont une à titre grâcieux le lundi 16 septembre à 10h en partenariat avec l’association d’Aide à l’insertion de Gardanne. UNE BELLE CONCLUSION pour ces journées du patrimoine qui connaissent chaque année un réel succès auprès du public.

Mustapha El Miri* : « Le patrimoine doit parler aux gens »

Quel sens peut-on donner à l’exposition de ces tableaux restaurés ?

Pour la restauration de ces tableaux Hélène Garde nous a beaucoup aidés et a demandé un prix très raisonnable. Je tenais à souligner la ténacité de Jeannot Menfi qui souhaitait absolument restaurer ces oeuvres. A Gardanne nous avons beaucoup de gens qui sont amoureux du patrimoine de leur ville. Le patrimoine doit parler aux gens. Il doit être utilisé, expliqué et transmis aux enfants de manière pédagogique. C’est ça le rôle du patrimoine. Derrière ces tableaux non signés qui représentent pour la plupart des notables, il y a des gens qui avaient du talent. C’est toujours le cas et c’est un enjeu pour la ville de leur donner les moyens de l’exprimer.

Justement, la commune souhaite inviter les Gardannais à s’exprimer “picturalement” pour une bonne cause ?

En décembre il y aura comme chaque année les Petits formats de la solidarité. Cette année dans le cadre de Marseille Provence 2013 ce sont 2 013 oeuvres qui seront exposées et vendues au profit du centre de soins palliatifs et d’autres associations solidaires. Si 1200 tableaux ont déjà été distribués, d’autres sont encore disponibles et nous encourageons tous les gens passionnés par la peinture et par leur ville à participer en prenant contact avec l’école d’arts plastiques.

*Adjoint au maire délégué à la Culture.