charte pour l’environnement - gestion de l’eau

Gardanne sauvée des eaux Geoffrey Dirat

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Les pluies diluviennes qui se sont abattues sur les Bouches-du-Rhône au début du mois de décembre n’ont pas épargné le Bassin minier. Si ces précipitations ont eu des conséquences désastreuses un peu partout dans la région, les Gardannais n’ont en revanche pratiquement pas été inquiétés. L’énorme dispositif de rétention des eaux pluviales mis en place depuis 1981 a bien joué son rôle de tampon.

Le ciel a bien failli nous tomber sur la tête. Entre le 1er et le 2 décembre derniers, un véritable déluge s’est abattu sur la Provence. En à peine trente heures, un peu plus de 130 millimètres d’eau par m2 se sont déversés sur le Bassin minier, l’équivalent du quart des précipitations annuelles. Les Gardannais, qui se souviennent des fortes inondations du 26 août 1996, ont pu redouter de se retrouver les pieds dans l’eau. Il n’en a rien été ou presque. Aucun dégât important n’a été enregistré.
Placés en alerte orange suite au bulletin émis par Météo France, les pompiers n’ont finalement reçu que quatre appels sur Gardanne, et pour des pompages de petites quantités d’eau. Dans le même temps, les hommes du Capitaine Dy, chef du Centre de secours de Fontvenelle effectuaient une centaine d’interventions à Calas. « La prévention a bien fonctionné, analyse simplement le chef des pompiers, car il ne suffit pas de dimensionner le réseau d’évacuation des eaux, il faut aussi l’entretenir. »

Ce que n’ont pas manqué de faire les employés des services techniques dès l’alerte signalée. « Nous avons vérifié l’écoulement des ruisseaux extérieurs et débouché les avaloirs obstrués par des feuilles ou des branchages » souligne Christophe Maréchal, directeur du Centre technique municipal. « Il suffit qu’une série d’avaloirs soient bouchés pour qu’une catastrophe survienne en aval » constate Jeannot Menfi, adjoint au maire chargé des travaux. « Nous avons donc anticipé la situation pour que l’eau emprunte les bons chemins et puisse s’écouler » ajoute-t-il. Car depuis 1981, date à laquelle la première étude pluviale a été réalisée, la ville a pris à bras le corps les problèmes pluviaux et s’est équipée d’un réseau d’évacuation des eaux de pluies conséquent. « Nous faisons partie des huit villes à risque du département, rappelle Joël Bossy, responsable du réseau pluvial. Toute proportion gardée, Gardanne est dans la même configuration géographique que Nîmes avec quatre bassins versant (bassin du Vallat de Cauvet, du Capeou, du Claou et du ruisseau Saint-Pierre) convergeant vers le centre ville. » Il y avait donc fort à faire pour que la cité minière ne soit pas un jour victime d’une inondation catastrophique. La ville a donc mis les bouchées doubles pour construire des bassins de rétention sur chacun de ces bassins versants. Chaque année elle a investi plus de 300 000 euros pour réaliser des ouvrages en mesure de faire face à une crue décennale, et depuis trois ans, elle a doublé cet investissement.

Le ruisseau des Molx recalibré entre Gardanne et Biver

Le ruisseau des Molx, dont le débit est estimé à 40 m3 par seconde au niveau de Biver en cas de crue décennale, a ainsi fait l’objet d’une attention particulière. Il a été rapidement équipé de deux bassins de rétention. Le premier, d’une capacité de 42 000 m3 est situé au niveau de la Cité Salonique à Biver. Le second, de 19 000 m3, se trouve à droite de la bretelle de la Plaine. Un troisième bassin de 30 000 m3 était à l’étude mais l’extension de la zone Avon a modifié la donne. « N’ayant plus la place pour construire un nouveau bassin entre Gardanne et Biver, nous avons opté pour le recalibrage du ruisseau sur toute sa longueur afin d’en élargir le cours, » précise Joël Bossy. Encore à l’étude ce projet permettrait de retenir fortement le débit des Molx au niveau de l’usine Pechiney.
Sur le bassin versant du Capeou, deux bassins de rétention ont également été creusés. Le premier, construit en 1989, est en fait le parc de La Médiathèque d’une capacité de 30 000 m3. Le second, à la jonction des ruisseaux du Capeou et du Pesquier, a lui été construit en 2001. Chargé de protéger les lotissements du quartier, il peut recevoir jusqu’à 9 500 m3 d’eau. Le dispositif devait être complété par un troisième bassin de 8 000 m3 qui devait initialement voir le jour en 2004 à proximité du site du futur Centre Microélectronique de Provence. Mais la découverte de vestiges archéologiques sur le terrain de Château Laurin a perturbé l’avancement du chantier qui ne débutera qu’une fois les fouilles achevées.
Les deux derniers bassins en aval du centre ville, ceux du Claou et du ruisseau Saint-Pierre, ont eux nécessité moins d’aménagements notamment parce que les ouvrages existaient déjà. Ainsi, un tunnel passant sous la colline du Cativel a été construit par le passé pour évacuer une crue du ruisseau Saint Pierre. Des travaux d’un montant de 480 000 euros ont tout de même été réalisés sur ce cours d’eau en 2002 afin de s’assurer de son bon écoulement.

Le quartier Saint-André protégé par un déversoir de crues

Si l’essentiel de ces aménagements visent à prémunir le centre ville d’une crue décennale, les quartiers situés en amont n’ont cependant pas été oubliés. En plus du plan d’eau de Fontvenelle d’une capacité de 15 000 m3 réalisé en 1994, le ruisseau Saint Pierre va bientôt être équipé d’un déversoir de crues afin de protéger le hameau Saint-André. « Nous allons déplacer le chemin d’une dizaine de mètres et, à la place, nous allons creuser un canal de 12 à 14 mètres de large et de 3 mètres de profondeur en contrebas du stade. Son rôle sera d’absorber le surplus d’eau en cas de crue. »
Situé en amont du hameau, ce déversoir de crues rejoindra ensuite le ruisseau du Bompertuis avant de retrouver le lit classique du ruisseau Saint-Pierre, en aval des maisons. La première phase des travaux débutera dans quelques jours. Ce chantier d’un montant de plus de 1,5 millions d’euros, devrait s’achever en 2007.
À cette échéance la plupart des dispositifs prévus en 1992 par le schéma directeur d’aménagement du réseau pluvial seront opérants. « Nous aurons pris toutes les dispositions nécessaires pour faire face à une crue décennale, rappelle Joël Bossy, il ne faut pas pour autant que nous nous sentions protégés de tout. Il restera toujours le risque de la crue centennale » prévient le responsable du réseau pluvial. À l’impossible nul n’est tenu.

Les riverains sont responsables de l’entretien

Si la Ville s’efforce à entretenir sans relâche son réseau d’évacuation des eaux, elle ne peut en revanche rien faire pour les rivières parcourant les terrains privés. 70 % des rives du ruisseau des Molx échappent ainsi à la vigilance municipale. Et cela se ressent. « Les gens n’ont pas conscience que l’entretien des berges est à leur charge » regrette Joël Bossy. Pourtant, depuis la loi Barnier du 2 février 1985, les riverains d’un cours d’eau ont l’obligation formelle d’entretenir la section de ruisseau qui leur appartient. Cette obligation est double. Elle comprend le curage régulier du lit pour en extraire les envasements, dépôts et autres matières qui s’y accumulent, et aussi pour en maintenir les dimensions naturelles. Ainsi que l’entretien des berges et l’élagage de la végétation qui s’y trouve afin non seulement de maintenir l’écoulement naturel des eaux mais aussi d’assurer la bonne tenue des berges.