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Dans le rythme de la rentrée Energies 407 - Bruno Colombari

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Au terme de six mois de concertation avec les enseignants, les parents et les agents d’encadrement municipaux des écoles, la Ville a présenté le 25 novembre dernier le projet d’organisation de la semaine de classe pour la rentrée 2014.

A QUELLE HEURE FINIR LA CLASSE L’APRÈS-MIDI  ? Où mettre le temps d’activités périscolaires ? Qui va intervenir ? Combien ça va coûter ? Autant de questions soulevées par la réforme des rythmes scolaires annoncée il y a un an par le ministre de l’éducation Vincent Peillon, dont l’objectif, on le rappelle, est d’alléger le temps de classe quotidien en ajoutant une demijournée d’école par semaine.

Gardanne a fait le choix d’appliquer cette réforme en septembre 2014 afin de se donner le temps de construire un projet partagé avec les parents, les enseignants et les agents d’encadrement municipaux qui interviennent lors des accueils du matin, du soir et de la pause méridienne, le midi. « Je rappelle que si, à Gardanne, l’éducation est une priorité, nous étions contre cette réforme, indique Roger Meï à la centaine de participants réunis le 25 novembre au foyer Nostre Oustau. Mais nous sommes républicains et nous l’appliquerons le mieux possible. »

Guy Pinet, adjoint à la Vie scolaire, ajoute : « Ce qui va vous être proposé, c’est une avancée très intéressante qui tient compte de vos avis formulés dans les deux groupes de travail.  » Ces derniers se sont en effet réunis à trois reprises chacun en octobre et novembre. Ils étaient chacun constitués d’une vingtaine de représentants d’enseignants, de parents et de personnels des écoles du centre-ville et de Fontvenelle pour l’un, de celles de Biver, des Aires et de Notre-Dame pour l’autre. De cette concertation où chacun a pu exprimer ses interrogations, ses craintes, ses contraintes ou ses besoins, un projet partagé s’est construit.

« Le travail s’est fait en deux temps, explique Angèle Planidis-Dumont, Directrice adjointe des services. Il fallait tout d’abord identifier les besoins des enfants après l’école  : qu’allons-nous leur proposer ? » Comment inscrire ces propositions d’activités dans une cohérence et une continuité éducative, entre le vécu des enfants pendant le temps scolaire et celui du périscolaire ?

Ce qui est remonté des groupes de travail, c’est la nécessité de ne pas faire de l’école après l’école mais de leur faire découvrir de nouvelles activités, de développer des jeux collectifs et des pratiques sportives et artistiques et de leur donner du temps pour se ressourcer dans des locaux aménagés.

IL A AUSSI FALLU TRANCHER entre les trois grilles horaires proposées. De ces discussions, il est ressorti qu’il valait mieux regrouper les activités périscolaires dans la semaine (sur 1h45 maximum), maintenir deux heures de pause méridienne, harmoniser les entrées le matin et les sorties le soir et ne pas mettre les activités pédagogiques complémentaires (APC) le matin.

Une fois ce travail réalisé vient la question du coût, puisque la Ville doit inscrire ce dernier dans le budget 2014 en cours de préparation. Il s’élèvera au total à 551 000 euros, dont 358 000 à la charge de la commune une fois déduites les aides de l’État et de la Caf. Soit 192 euros par enfant et par an, représentant une hausse de 33% du budget éducation de la Ville.

« Notre volonté, c’est que ce surcoût ne soit pas payé par les familles, précise Roger Meï. Ce qui veut dire bien sûr qu’il sera supporté par les impôts, qui n’ont augmenté qu’une fois en dix ans à Gardanne et qui n’augmenteront pas l’année prochaine, alors que l’État se désengage progressivement. Il faudra donc faire des économies ailleurs. »

DANS LA SALLE, LES QUESTIONS NE MANQUENT PAS. « Comment va se passer la cantine du mercredi midi pour les enfants qui vont aux centres de loisirs l’après-midi ?  » Nathalie Nerini, adjointe déléguée à l’Enfance, répond : « Comme maintenant. Ça ne changera pas. Sauf que la Ville prendra en charge le transport des enfants, alors que la CPA [communauté du pays d’Aix, NdlR] gèrera le transport scolaire. » Un père de famille reste quant à lui perplexe sur le sens de la réforme, « Puisque mes enfants auront le même nombre d’heures de classe par semaine. » Dominique Truant, inspectrice de l’Éducation nationale, explique « Qu’il y a des moments au cours de la journée où les élèves sont plus réceptifs. C’est en particulier le matin. La volonté du ministre est de proposer cinq matinées de classe. Cela devrait permettre aux élèves un meilleur apprentissage. »

Autre question de la salle, « Qui interviendra pendant les activités périscolaires ? » Angèle Planidis répond « Le personnel en place, et des intervenants extérieurs qualifiés, » auquel Nathalie Nerini ajoute « L’école de musique et l’école d’arts plastiques, en continuité avec les projets d’école. » Quant à la question de l’endroit où auront lieu ces activités, elle n’est pas tranchée : « On y travaille, c’est en cours, » répond Nathalie Nerini.

SUR LE MERCREDI MATIN, une maman s’interroge : « Que se passera- t-il si un enseignant est absent ? » « Il sera remplacé, comme c’est déjà le cas, répond Dominique Truant, ou à défaut les enfants seront répartis dans les autres classes. » A propos des APC, qui n’apparaissent pas sur l’organisation de la semaine, Dominique Truant précise que les activités pédagogiques complémentaires « sont du ressort de l’Éducation nationale. J’avais apprécié les premières propositions qui suivaient les conseils du professeur Montagner, avec les APC le matin. Elles auraient permis d’anticiper les séances de classe plutôt que faire de la remédiation. Cette proposition n’a pas été retenue. »

Sur l’accueil du soir après 16 heures, un parent demande s’il sera payant. « Il n’y aura pas de surcoût pour tout ce qui sera nouveau à la rentrée prochaine, précise Angèle Planidis. Donc la première demi-heure après 16h sera gratuite, même chose le mercredi matin et le mercredi midi. »

SUR LA QUESTION DES DEVOIRS qui risquent d’être plus nombreux avec la classe le mercredi, Dominique Truant réagit : « Je rappelle que les devoirs à la maison sont interdits en élémentaire, seuls l’apprentissage des leçons et la lecture sont autorisés. Je vais le rappeler aux enseignants. » Natacha Bérard, enseignante à l’école Brassens et déléguée CGT, a tenu à saluer « l’effort de concertation de la Ville. Mais nous partageons l’inquiétude des parents : la réforme ne fait rien pour les effectifs dans les classes, rien sur les Rased et elle crée des inégalités entre les territoires. »

Pour conclure, Angèle Planidis rappelle les échéances à venir : « Avant la fin du mois de décembre la concertation se poursuit pour approfondir la situation des enfants en maternelle. En janvier, nous concerterons parents et enseignants école par école pour définir de façon précise et concrète l’organisation des activités périscolaires. »