Commencée en septembre 2007, l’aven - ture littéraire du lycée de l’Étoile se poursuit grâce à la qualité du projet présenté par l’établissement qui a été retenu par le Conseil régional et son dispositif visant à favoriser la lecture auprès des jeunes. Cette aventure qui consiste à attribuer un prix littéraire par les lycéens et apprentis tout en permettant une découverte attrayante de la littérature contemporaine connaîtra son point d’orgue le 28 mai au Conseil régional, jour d’attribution du prix.
En attendant, le lycée qui fait partie des heureux élus à être sélectionnés connaît depuis plusieurs mois une actualité débordante. En effet, il s’est inscrit avec la Médiathèque et la librairie Aux vents des mots, partenaires principaux du projet, dans une réelle dynamique culturelle. Sous forme d’un parcours pédagogique original, les élèves ont pu ainsi, tout au long de l’année scolaire, lire et critiquer six romans et six bandes-dessinées, découvrir les métiers du livre et rencontrer des auteurs.
Grand angle sur les métiers du livre
L’une des premières initiatives a consisté à découvrir au mois d’octobre la Médiathèque et la librairie tous deux situées à quelques pas du lycée. Les lycéens ont ainsi pu mieux se familia - riser avec les métiers du livre comme celui de documentaliste, de conservateur du patrimoine, de libraire...
« Les lycéens sont venus régulièrement à la Médiathèque explique Jean-Marie Le Carpentier, conservateur à la Médiathèque. La première visite a été marquée par la signature d’une charte par laquelle ils se sont engagés à lire douze ouvrages durant l’année scolaire. De nombreuses autres ont suivi pour la recherche de documents ou la préparation des rencontres avec les auteurs. L’une d’elles a d’ailleurs été entièrement consacrée à la connaissance du fonctionnement d’une médiathèque, ses aspects administratifs, financiers. Les élèves se sont informés sur les différentes étapes du circuit d’un livre, de sa découverte et sa commande, de sa mise en place dans le secteur de la consultation publique à sa mise en réserve. De même, ils ont visité les deux autres partenaires du projet. »
Ainsi, après s’être intéressés aux subtilités du métier de libraire au mois d’octobre, les élèves ont achevé leur initiation aux métiers du livre par la visite le 1er avril de l’imprimerie gardannaise Esmenjaud où ils ont ob servé de près les machines permettant les impressions de documents comme les presses offset, les plaques d’impression, l’unité de flashage...
Des auteurs et des questions
Après une période de stage en entreprise en début d’année, le retour au lycée a été chargé en événements pour les adolescents. Le 28 février, c’est Laurent Graff, auteur du roman Le Cri, qui est venu à la rencontre des élèves, suivi quelques jours plus tard de celle de Kris et Étienne Davodeau, auteurs de la bande-dessinée Un homme est mort. Les questions des lycéens ont fusé : « Qu’est-ce qui vous a donné envie d’écrire ce livre ? Pourquoi ces lieux là ? » et plusieurs autres sollicitant des éclairages sur les livres qu’ils venaient de lire, sur les personnages, les manières d’écrire et de raconter une histoire, sur la vie quotidienne d’un auteur.
Loin d’être intimidés, les lycéens ont livré franchement leurs impressions, se sont fait critiques, surtout avec le livre de Laurent Graff comme en témoignent les commentaires spontanés : « Moi, j’ai eu un peu de mal à comprendre le livre, » « Ce n’était pas pénible à lire mais très difficile à comprendre. » « Plusieurs lectures sont possibles a essayé d’expliquer Laurent Graff. Beaucoup de personnages sont des personnes que j’ai réellement croisées dans ma vie, je les transforme bien sûr, je prends plein d’anecdotes ici et là puis je crée souvent des décalages. » Mission réussie car de nombreux élèves ont ensuite confié « ne plus voir le roman de la même manière » et « avoir compris certaines situations. »
des bulles et des mots
L’autre rencontre, celles avec Kris et Davodeau, auteurs de la bande dessinée Un homme est mort, a été qualifiée de ludique et de fascinante par les enseignants et les élèves. « C’était magique comme rencontre souligne Lamri Louba, professeur à l’Étoile. Surtout dès que Davodeau a pris le feutre et commencé à dessiner au tableau en deux-trois mouvements des personnages, des bulles et montré comment se construisait une bande-dessinée. »
De son côté, Kris, originaire de Brest, raconte avec humour les nombreuses anecdotes de la genèse d’Un homme est mort, comment un copain lui a proposé de s’intéresser au sujet de la reconstruction de Brest, ville entièrement détruite au lendemain de la guerre, aux luttes sociales qui y étaient rattachées et de montrer en fil rouge la réalisation par René Vautier d’un film documentaire qui a réellement existé, l’aventure de sa diffusion sur les chantiers, dans les cafés et sa complète destruction.
« Ce sont des auteurs très intéressants qui ont captivé les élèves confie Lamri Louba. Les yeux ont brillé. Humainement, il y a quelque chose de fort qui est passé. » Le prix littéraire permet de bénéficier d’une vie culturelle et littéraire intense, riche en rencontres et d’insuffler de nombreuses actions amenant les lycéens à une réelle découverte du monde littéraire contemporain. Chaque étape de cette aventure a fait l’objet de petits reportages photographiques de la part des élèves pour conserver des traces de leur voyage au pays des mots et des bulles et pour animer un blog sur Internet...
Le prix littéraire sera attribué le 28 mai au Conseil régional où les lycéens de l’Étoi le seront accueillis et donneront leurs préférences. Un verdict attendu sur lequel nous reviendrons dans un prochain numéro.