Insertion

AAI, une aide aux plus fragiles Energies 412 - Jeremy Noé

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L’association d’aide à l’insertion (AAI), située rue Borély, s’adresse aux plus fragiles, qu’ils soient bénéficiaires de minima sociaux, parents isolés ou ados déboussolés. Avec pour principe qu’avant de pouvoir affronter le monde et ses dangers, il faut prendre soin de sa personne.

CHÔMAGE, CONFLITS FAMILIAUX, AFFRES DE L’ADOLESCENCE, DIFFICULTÉS À ÉLEVER UN (DES) ENFANT( S) SEUL(E)... cela peut arriver à tout un chacun. Et pourtant nous ne sommes pas tous égaux face aux difficultés de la vie : certains – par leur niveau d’éducation, leur environnement amical et professionnel...– sont mieux armés que d’autres pour gérer ces situations et rebondir. D’autres, sans parachute ni filet, ont besoin d’une main tendue, d’un médiateur, voire d’un groupe avec qui faire corps.

Et c’est là qu’intervient l’AAI, association d’aide à l’insertion. Créée en 1995, la mission première de cette association loi 1901 est de remettre sur les rails les personnes bénéficiaires du RMI (désormais RSA). Ce lieu d’accueil a vu depuis ses activités s’élargir au soutien familial et à la prévention santé des jeunes, autant de missions complémentaires qui se sont étendues à 2800 personnes l’année dernière (lire encadré). L’AAI est financée par le Conseil général, la Ville, la Caf, l’Europe, la Région, l’Agence régionale de santé ou encore la Mission interministérielle de lutte contre les drogues et la toxicomanie.

CÔTÉ INSERTION DES BÉNÉFICIAIRES DU RSA (Revenu de solidarité active), l’AAI travaille « à lever les freins à l’insertion et à l’accès au droit, en définissant avec notre public un projet social, un projet de vie, explique Béatrice Daga, directrice de la structure. Nous nous adressons à des personnes qui peuvent cumuler un ensemble de problématiques sur l’accès au logement, la couverture santé, qui sont éloignés de l’emploi car sans formation ou bien leur formation est obsolète, des gens qui ont des problèmes de mobilité... » Souvent des personnes seules, sans enfants à charge, pour qui il faut avant tout rompre l’isolement de mois – parfois d’années– d’inactivité.

Et pour remettre ce public sur les rails, pas de recette toute simple, mais des diagnostics et des mesures menés pas à pas par l’équipe, qui s’affine année après année selon son public. « En 2013 on a travaillé sur l’accès à la culture, sur la réalisation d’une fresque. On a mené des ateliers pour retrouver l’estime de soi, on a fait du relooking... Actuellement on réfléchit à un atelier qui permettrait aux gens d’investir, de s’approprier leur logement. » 300 personnes entrent et sortent du dispositif chaque année. Un travail sans fin, qui, loin de démoraliser Béatrice Daga, lui permet « d’apprécier le travail avec l’humain, sur le long terme. On a des gens qui reprennent goût à la vie et retrouvent un emploi.  »

QUAND ON POUSSE LES PORTES DE L’ASSOCIATION, en haut de la rue Borély, on entre dans un lieu qui se veut avant tout polyvalent et chaleureux, sorte de mélange entre bureaux et centre aéré (qui dit familles dit enfants, avec jouets qui côtoient une petite bibliothèque). Et, au détour d’un bureau, une scène incongrue : une petite dizaine de personnes se trémousse à l’unisson, prend une grande inspiration et fait le geste de jeter quelque chose au sol. Ou comment se débarrasser de l’énergie négative, un exercice de gestion des conflits et du stress « qui ne demande aucun matériel et peut se réaliser partout, explique la sophrologue Frédérique Lambert, qui intervient une fois par mois à l’AAI. J’essaie d’apporter des outils pour apprendre à être mieux avec soi-même, arrêter l’auto-critique, et désamorcer les conflits entre les personnes...  »

Le service Familles mène de son côté quantités d’ateliers de ce type, dont certains en partenariat avec l’espace Parents (lire p15). Créations de bijoux et échanges de savoirs, relaxation, gym douce, écoute, échanges, solidarité, soutien entre parents... Depuis 4-5 ans, Aminata, maman célibataire de trois enfants, est une habituée. « J’ai reçu une lettre m’invitant à venir découvrir les activités de l’AAI. Je ne connaissais personne et ce n’était pas facile de rester enfermée à la maison avec les enfants. Ça m’a permis d’ouvrir ma porte et de partager avec d’autres mamans, de savoir comment elles font avec leurs enfants. » Aminata a beaucoup reçu, et donne, aussi : elle a fait partie des peintres amateurs qui ont réalisé la fresque murale à l’accueil et s’est investie dans le café poussette, un temps d’accueil pour les parents de tous-petits, avec la complicité de la Ludothèque Puzzle. L’AAI a mêmes son atelier d’écriture et de théâtre, avec la troupe Les décalés.

L’AAI HÉBERGE AUSSI L’ESPACE SANTÉ JEUNES qui s’adresse aux ados et jeunes adultes (de 11 à 25 ans) ainsi que leurs familles. « On travaille sur le rapport au malêtre, la relation aux autres, l’alimentation, la sexualité, les addictions, l’orientation scolaire et professionnelle... » énumère Florie Vegler, coordinatrice de l’ESJ et elle-même chargée de prévention santé. L’ESJ reçoit pour des entretiens confidentiels des ados déboussolés par les conflits familiaux, les tracas liés à l’orientation et les déboires amoureux.

Elle intervient aussi dans les écoles, les foyers ou le service Jeunesse, pour tout ce qui est prévention des addictions, comportements à risque... y compris sur internet. « On apprend aux jeunes à reconnaître un “hoax” (canular) et à faire attention à ce qu’ils laissent sur les réseaux sociaux, » explique Florie. A la vitesse où changent les modes et les jeunes, y a-t-il un risque de se laisser distancer ? « A part deux trois choses comme le Neknomination (invitations à boire et se saouler via YouTube), les problématiques avec les jeunes restent les mêmes... et puis on se met à la page pour pas qu’ils nous prennent à la légère ! » sourit Florie.

AAI, espace Parents, espace Santé Jeunes : un travail de fourmi, invisible. Vous avez dit social ?

Tout savoir sur l’AAI

En 2013 : 2837 personnes reçues, informées, orientées... 1409 jeunes, 1369 adultes, 59 professionnels.
- Le service Insertion : accompagnement social et/ou professionnel des publics en insertion (bénéficiaires du RSA) avec actions sur le logement, le bien-être physique et psychologique. Comprend six travailleurs sociaux, deux secrétaires agents d’accueil, une diététicienne, deux accompagnatrices, deux bénévoles. En 2013, 1008 personnes suivies dans le cadre du lieu d’accueil RSA (dont 328 entrées et 308 sorties).
- Le service secteur Familles : animation locale en direction des familles (ateliers, activités, sorties...) avec le réseau Parents 13. Comprend une éducatrice / médiatrice familiale, une secrétaire agent d’accueil. En 2013, 57 adultes et 66 enfants suivis.
- Le service Prévention jeunes : accueil, information, orientation (individuel et collectif), actions de prévention et de promotion santé (auprès des écoles, avec le service Jeunesse...). Comprend une coordinatrice / chargée de prévention santé, une psychologue, une éducatrice / médiatrice familiale, une assistante sociale / diététicienne, une secrétaire agent d’accueil. En 2013, les actions ont été menées auprès de 220 personnes en individuel et 1293 personnes en collectif.