Ce n’est pas la lettre du Déserteur de Boris Vian mais le ton s’en rapproche : « Monsieur l’Inspecteur d’Académie, je vous écris cette lettre car aujourd’hui, en conscience, je ne puis plus me taire ! En conscience, je refuse d’obéir. » Ces quelques mots sont l’introduction d’une lettre de désobéissance que certains enseignants ont envoyée à leur académie pour exprimer leur ras-le-bol face à la réforme Darcos qui menace dans ses fondements l’école chère à Jules Ferry et aux professeurs : une école publique, laïque et égalitaire.
La réponse de l’Académie est à l’image de la maniè re d’agir en ce moment du gouvernement : la manière forte et le dénie de liberté d’expression. Car pour toute réponse, cette dernière envoie un inspecteur dans les plus brefs délais inspecter la classe de l’enseignant insubordonné, lui envoie ensuite une lettre recommandée et procède à des coupes dans le salaire, comme Monique Coleti, professeur des écoles de Biver en a été victime.
Les rebelles seront- ils mutés à la rentrée prochaine en guise de punition ? Difficile à dire, car malgré les menaces, le nombre de révoltés face à la réforme Darcos ne cesse de grandir, allant des enseignants aux élèves et aux parents d’élèves avec une volonté commune : “Préserver l’école, l’avenir de la nation”.
« Nous assistons actuellement à de profonds changements dans la manière dont notre gouvernement appréhende l’Éducation au sens large et plus particulièrement la difficulté scolaire, s’alarme Guy Pinet, élu à l’éducation. Ces changements ne vont pas dans le bon sens et la menace de suppression des Réseaux d’aides spécialisées aux enfants en difficultés (Rased) en sont un terrible exemple. Si cette suppression était effective, ce serait 182 enfants qui ne bénéficieraient plus de l’aide dont ils ont tant besoin, aide donnée par des professionnels formés spécifiquement et qui font depuis des années sur la commune un travail remarquable. »
Au menu : suppression de l’accueil des 2 à 3 ans en maternelles, réforme du bac pro, fermetures de classes, baisse des moyens financiers
Une mobilisation générale qui a commencé le jeudi 4 décembre 2008, par les lycées agricoles, dont celui de Valabre, eux aussi menacés et concernés par la mise à mal de l’enseignement en France : réforme du bac pro, fermetures de classes, baisse des moyens financiers et des heures d’enseignements... Le mardi 9 décembre, ce sont les lycéens des filières classiques qui se sont mobilisés et qui sont descendus dans la rue.
Le soir, au foyer Nostre Oustau, les enseignants, les lycéens et les parents d’élèves se sont concertés pour défendre l’école publique. Pour le responsable FCPE 13, « il s’agit d’un vrai “détricotage” d’un modèle républicain avec cette volonté politique de “réformer”, un verbe plutôt gentil, de la maternelle à l’université. Le danger est réel, on peut s’en rendre compte avec la suppression des Rased, il faut informer, aider à comprendre ce qu’il se passe car un bon nombre de parents sont peu informés. »
Soldes Darcos :
30%
sur l’éducation
Depuis le mardi 9 décembre, les lycéens sont descendus régulièrement dans la rue, les enseignants et les parents ont organisé plusieurs veillées dans les établissements comme le lundi 15 décembre au lycée Fourcade ou devant la mairie le mardi 16, offrant aux télévisions des images pour illustrer les différents sujets.
Est-ce pour cela que le ministre de l’éducation nationale, Xavier Darcos, a annoncé mi-décembre le report de la réforme du lycée ? Une tentative de calmer le jeu, surtout celui des lycéens, avant les vacances de Noël, histoire de diviser un peu plus le monde de l’éducation.
Quel devenir pour les Rased ? Quid de la suppression de l’accueil des 2 à 3 ans en classes de maternelles ? Quelles formations dans les lycées ? Voici quelques unes des questions qui restent en suspens en ce début d’année et qui devraient faire se poursuivre la mobilisation contre la casse du service public de l’éducation.