Fiscalité

La colère des élus locaux Loïc Taniou

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Régulièrement, Roger Meï et les élus dénoncent un désengagement financier de l’État et une augmentation des charges pour la commune. Ils ne sont pas les seuls, à l’image de l’Association des maires de France (AMF) qui regroupe les 36000 maires de France et qui tire également la sonnette d’alarme.

« Le gouvernement essaye de diaboliser les collectivités locales en les déclarant trop dépensières et s’empresse de réduire les dotations qu’il leur accorde, s’insurge Marie-France Beaufils, maire de St-Pierre les Corps, sénatrice et tête de liste à l’AMF au comité des finances locales. Or, ces collectivités sont très proches des préoccupations quotidiennes des habitants et offrent des services publics de proximité. »

En effet, les communes interviennent dans de nombreux aspects de la vie quotidienne (accueil en crèche, scolarisation des enfants en maternelle et en primaire, CCAS, gestion de l’eau...).

Le Conseil général et le Conseil régional assument pour leur part de nombreuses responsabilités comme l’accompagnement des personnes les plus fragiles, le transport... Ces services publics de proximité, pris en charge par le budget des collectivités, sont à l’heure actuelle menacés.

Pour Gardanne, la dotation de l’État va baisser en 5 ans de 6 millions d’euros. Cela oblige la commune à une gestion encore plus rigou - reuse, à réa liser de grandes économies, à ralentir certains investissements : elle a été contrainte d’augmenter récemment les impôts locaux de 2,6% soit un niveau moindre que l’in flation (ce qui n’avait été fait qu’une seule fois en dix ans).

« Les collectivités locales participent à la production des richesses du pays rappelle Marie-France Beaufils, et assument 71 % des investissements publics. En 2006, une étude de la Caisse d’épargne a noté qu’elles investissaient 40 milliards d’euros, qu’elles représentaient à elles seules la création et le maintien de 850000 emplois dans la sphère privée. Réduire les dotations de l’État faites aux communes, c’est réduire leur capacité à investir. Le secteur du BTP sera forcément touché ainsi que bien d’autres domaines. »

Le BTP forcément touché

Lors de la campagne des élections municipales de mars dernier, le président Sarkozy s’est efforcé de cacher une austérité à venir. Pour Marie-France Beaufils : « L’État essaye de rendre les collectivités responsables de tous les maux car le déficit important dans lequel la France est plongée depuis 35 ans doit être réduit, notamment par rapport aux directives de l’Europe. »

Aujourd’hui, la tension monte entre l’État et les élus locaux, toutes tendances politiques confondues et un mouvement de colère commence à se faire sentir un peu partout en France.

L’Association des maires de France se mobilise

Lors de la conférence nationale des finances publiques du 28 mai 2008, l’AMF a diffusé le communiqué suivant :
« Invités à réduire fortement leurs dépenses sur les politiques publiques, alors même que des compétences majeures viennent de leur être transférées, et simultanément à financer de nombreuses réformes annoncées par ailleurs, les représentants des collectivités territoriales soulignent le caractère contradictoire des demandes qui leur sont ainsi adressées. Pour reconstruire la confiance entre l’État et les collectivités locales, il est indispensable que celles- ci soient considérées comme de réels partenaires dans l’élaboration des politiques publiques et non comme une variable d’ajustement du budget de l’État... »