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A l’heure de la recherche bioélectronique Energies 324 - Loïc Taniou

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Près de deux cents personnes se sont retrouvées à Gardanne au Centre microélectronique Charpak pour participer à la conférence des directeurs des écoles des Mines de France. A cette occasion, la création d’un nouveau département de recherche bioélectronique a été officiellement annoncée.

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Centre microélectronique Charpak

Des puces qui s’installent sur des tissus vivants et qui interagissent avec eux ? Jusque-là, rien de bien étonnant. Sauf que ces puces sont électroniques et qu’elles s’habillent de messages biologiques pour oeuvrer au développement d’innovations technologiques importantes dans le monde médical. En effet, les possibilités de communication entre les semi-conducteurs électroniques et les cellules vivantes ouvrent de vastes perspectives au niveau médical.

Dans un proche avenir et même aujourd’hui, des pansements médicaux seront renouvelés grâce à des impulsions données par des puces électroniques, des bras mécaniques articulés seront pilotés par le cerveau grâce à une interface microélectronique ou encore une sonde implantée dans le corps enverra automatiquement des doses d’insuline pour des personnes souffrant de diabète. De même, l’imagerie médicale ou de nouveaux procédés de soins devraient nettement s’améliorer grâce à des dispositifs qui seront développés pour détecter les signaux produits par les cellules et réciproquement pour délivrer des stimulations électriques aux cellules.

Des bras mécaniques articulés et pilotés par le cerveau grâce à une interface microélectronique

Il s’agit là de formidables axes de recherche qui mêlent électronique et biologie, ce que l’on peut appeler de l’électronique in vivo. Ces derniers seront développés à partir d’un département bioélectronique, récemment créé au sein du Centre microélectronique Georges-Charpak à Gardanne. L’annonce de sa création a été faite officiellement lors d’un événement important : la conférence des directeurs des écoles des Mines, qui s’est déroulée les 8 et 9 octobre dernier.

« Cette conférence réunit une fois par an les directeurs des sept écoles des Mines existant en France et leurs proches collaborateurs, précise Pascal Faure, vice-président du Conseil général de l’industrie, de l’énergie et des télécoms (entité qui chapeaute l’ensemble des écoles des mines et des télécommunications en relation directe avec le Ministère de l’industrie, Ndlr). Il s’agit d’un moment de partage d’expériences, d’un point d’étape sur les avancées de chaque école. »

Cette année, c’est le site de Gardanne qui a été choisi. Car ce dernier, outre le fait qu’il vient d’être récemment inauguré (janvier 2008), travaille sur des technologies d’avenir qui s’interpénétrent à l’image du nouveau département bioélectronique. « Nous essayons de favoriser le croisement de différentes cultures, explique Pascal Faure. Il faut mettre les moyens là où on constate qu’il y a un domaine d’avenir, des champs nouveaux qui émergent. Par exemple, le vieillissement de la population fait que l’ingénierie doit apporter une aide au traitement de la dépendance. La création du nouveau département bioélectronique participe de ce principe et en est un bon exemple. Il sera placé sous la direction de George Malliaras, issu de l’université de Cornell aux États-Unis, qui est une pointure internationale dans ce domaine. » George Malliaras va développer ce département avec Roisin Owens, une biologiste irlandaise et une équipe qui d’ici cinq ans devrait être composée d’une dizaine d’enseignants chercheurs et une trentaine de doctorants.

offrir de nouvelles solutions pour la détection et le traitement des maladies

Ce projet fait partie de la deuxième phase de développement du Centre microélectronique qui verra la construction d’un nouvel amphithéâtre et de structures pour un meilleur accueil de visiteurs internationaux. Il bénéficiera d’un quart des 30 millions d’euros consacrés à cette deuxième phase permettant l’acquisition d’équipements scientifiques car ce département s’intéresse à un domaine qui peut présenter les développements les plus spectaculaires de l’électronique pour les années à venir. Les dispositifs électroniques peuvent aider le développement d’événements biologiques tels que la croissance cellulaire, offrant ainsi de nouveaux outils pour la recherche biomédicale, améliorer notre compréhension des processus vivants, offrir de nouvelles solutions pour la détection et le traitement des maladies.

Des retombées sont également identifiées dans les domaines de l’agriculture, du monde animal, de l’alimentation et de l’environnement. « Nous allons très vite déposer des projets européens pour obtenir des investissements pour des équipements scientifiques et des allocations pour des étudiants en thèse.  »

Un autre aspect remarquable de cette conférence a été la présentation faite par les élèves du Centre Charpak qui ont créé des micro-entreprises tout en poursuivant leurs études, au sein de l’incubateur présent sur le site. Par exemple, Personnal Sound est une jeune entreprise innovante qui s’intéresse au domaine du confort auditif. Elle vient de déposer un brevet et de concevoir un prototype d’un appareil auditif avec des techniques modernes liées à la microélectronique. Elle a été lauréate Oséo en 2008. IpUp regroupe quatre élèves de 2 e année qui ont travaillé sur un projet industriel pour développer des produits et de logiciels dédiés à l’iPhone. L’avenir de la recherche médicale se fait aussi à Gardanne désormais.