MOTION PECHINEY SNET Rapporteur M. Pintore

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Monsieur Pintore : Lors de notre dernier conseil municipal, nous avons pris la décision de demander à Mr le Premier Ministre de s’opposer à l’OPA du canadien ALCAN sur le groupe Pechiney. Force est de constater que nous n’avons pas été entendus ni même écoutés, puisque dès le 5 septembre, Bercy a donné son feu vert, laissant à l’Union Européenne toute latitude pour valider cette décision.
Nous ne sommes pas dupes, l’Europe acceptera cette absorption puisque les obstacles évoqués en 2000, pour refuser la fusion ALCAN/ALGROUP/PECHINEY sont aujourd’hui levés. En acceptant cette OPA, l’Etat vient de signer la fin de 150 ans d’histoire d’un pan entier de l’industrie Française.
Le conseil municipal a dès le mois de juillet émis les plus vives craintes sur le devenir du site de Gardanne. Nous les maintenons ! Et ce ne sont pas les propos rassurants et paternalistes de monsieur Travis ENGEN le PDG de la société canadienne qui sont de nature à nous faire changer d’avis .
En effet, comment pourrions nous lui faire confiance sur ces bonnes intentions affichées alors qu’il explique lors d’une l’assemblée générale je cite : " l’offre d’Alcan visant Péchiney représente une valeur irrésistible pour les actionnaires elle permettra de créer de la valeur et une rehausse de la performance financière " ?
Comment pourrions nous faire confiance à une société qui deux ans après le rachat du producteur suisse ALGROUP, met en pratique son modèle de gestion des ressources humaines en diminuant les effectifs, et en démantelant des pans entiers de cette industrie suisse ?
Pour autant, et même si les pouvoirs d’une commune face à un tel événement sont limités, nous ne pouvons rester indifférents.
Aussi, dès lundi matin , Monsieur le Maire a proposé une rencontre à l’ensemble des organisations syndicales, pour évoquer l’avenir du site de Gardanne ainsi que toutes modalités et actions pour mettre en échec cette OPA.
Dans ce contexte , l’avenir de la SNET suscite lui aussi les plus vives inquiétudes, Dans le grand jeu incohérent de monopoly libéral qui touche cette entreprise, nous allons essayer d’y voir plus clair et de comprendre les enjeux.
La SNET prend des parts dans le capital de la start up de l’énergie POWEO qui vend de l’électricité aux clients éligibles (entreprises) et de ce fait est en concurrence directe avec EDF. GDF a pour ambition d’acheter les parts de la SNET détenues par EDF
Et enfin le groupe espagnol ENDESA deviendrait majoritaire en rachetant les parts cédées par CDF avec pour principal allié le Gazier GDF.
Tout cela ne serait qu’une péripétie du fonctionnement quotidien de notre économie, si les objectifs et résultats escomptés par ces financeurs étaient liés à un projet industriel et au développement de l’emploi. ce n’est pas le cas.
ENDESA , veut simplement vendre de l’électricité en France en devenant un concurrent d’EDF, pour cela il a besoin d’être présent sur le territoire national. Ainsi, GDF deviendra un concurrent direct d’ EDF.
Ne nous y trompons pas !
Derrière l’opacité de telles spéculations, la seule logique est celle des profits financiers, sans aucune perspective de développement industriel.
Pourtant des décisions importantes devraient être prises, par les producteurs d’électricité tenus de se prononcer sur les procédés de désulfuration qu’ils envisagent de mettre en œuvre pour se conformer à la réglementation Européenne avant Juin 2004. Chez nous, cette mesure concerne le groupe 5.
En l’absence de décision le groupe 5 tournera au ralenti dès 2008.
Plus grave, SOPROLIF et son LFC semblent être aux yeux du groupe espagnol trop peu rentables car perfectibles .
Nous sommes bien loin des engagements de l’Etat, concernant la reindustrialisation du Bassin Minier.
Je me permets d’en rappeler deux :
Création de 300 emplois par an pendant 7 ans, jusqu’en 2006
Création d’un pôle énergétique de production et de recherche sur les énergies nouvelles. La technologie du Lit Fluidisé Circulant n’était elle pas une formidable opportunité d’engager sur Gardanne toutes les études et expériences pour rendre plus performante la combustion du charbon, et permettre tous les essais de captation de CO2 ,et ce, conformément aux déclaration de la communauté européenne (CF Le journal officiel des communautés de juillet 2002).
En ne respectant pas ses engagements, l’Etat laisse toute latitude à ENDESA qui envisage d’atteindre rapidement le seuil cible de 170 salariés, alors qu’aujourd’hui, 250 travaillent sur le site.
La mine, Pechiney, la SNET, la coupe est pleine. Gardanne, notre ville s’est construite et vit grâce à ses industries, je vous rappelle que Pechiney et la centrale représentent à eux seuls 76% de la TP et près de 20% du budget de la commune. Mais au-delà, ces entreprises constituent notre patrimoine, ont nourri notre histoire, forgé notre identité.
Sans Pechiney, avec une SNET réduite à un faire valoir commercial, c’est tout le tissu industriel régional qui serait gravement affecté.
Nous combattons cette logique libérale sans précèdent impulsée par le gouvernement et validée au quotidien par son représentant local le député Richard Maillé.
Aussi, je vous propose d’adopter la motion suivante :
Concernant Pechiney
Le Conseil Municipal réuni ce jour demande au président de la commission européenne M. PRODI d’étudier l’OPA d’ALCAN sur le groupe PECHINEY par un examen approfondi dit de phase II et donc de repousser sa décision initialement prévue le 29 septembre .
Concernant la SNET
Le Conseil Municipal réunit ce jour demande à madame Nicole FONTAINE, Ministre de l’industrie de s’expliquer sur le projet industriel du tandem GDF/ ENDESA et sur l’avenir industriel du site de Gardanne.
Et en fin concernant l’avenir de GARDANNE,
Le Conseil Municipal réunit ce jour, demande à l’ETAT de respecter ses engagements en matière de projets industriels, de créations d’emplois, et d’aide à la création de Zones industrielles sur notre commune.

Madame Bonnet : Avant de passer à notre intervention, je voudrais dire la contribution du Groupe Elan pour l’Avenir concernant Péchiney.
"Notre projet industriel est bon pour la France, pour Péchiney, pour les actionnaires et pour les salariés".
Monsieur Travis, PDG d’ALCAN a au moins raison sur un point : Son projet d’OPA est bon pour les actionnaires ! Le feuilleton de l’été n’aura trompé personne et le refus de Monsieur Rodier PDG de Péchiney d’accepter l’OPA n’avait qu’un seul but, celui de faire monter le prix de l’action et de satisfaire le noyau dur des actionnaires. Mission réussie, les actionnaires toucheront entre 6,5 et 7,5 _uros de plus par action.
Mais ALCAN, afin de boucler son budget va être obligé de procéder à des cessions de sites plus importantes que celles prévues initialement. Ce que les actionnaires ont gagné, les salariés vont le payer en suppressions d’emploi. Le cabinet conseil ALPHA CECAFI, mandaté par la Direction de Péchiney et par l’ensemble des organisations syndicales estime que la branche alumine en Europe, représentée majoritairement par le site de Gardanne pourrait perdre 550 emplois.
Je vous laisse faire la soustraction.
En ce qui concerne le projet industriel, pour Péchiney le site de Gardanne est incontournable pour la production d’alumines techniques. Quelle sera la stratégie industrielle d’ALCAN dans ce secteur ? On peut nourrir les plus vives inquiétudes lorsque l’on sait que le groupe vient, en début d’année, de se désengager volontairement en Europe du site de production d’alumines techniques de BURNTISLAND au Royaume Uni.
L’avenir de Gardanne s’assombrit encore un peu plus en ce qui concerne la direction de la technologie de l’alumine basée à Gardanne (environ 150 personnes). Dans la nouvelle structure, elle se trouvera en doublon avec la DITEC d’ALCAN basée à GORE (joli nom !) en Australie.
Ce scénario d’OPA reste soumis à l’approbation de la commission européenne. Mais après l’échec de la tentative de fusion de Péchiney/Alcan, les dirigeants de ce dernier auront fait le nécessaire pour rendre ce projet possible.
Ainsi, la logique financière aura permis aux requins de la finance de réaliser un véritable hold-up sur le fleuron mondial de la technologie en aluminerie que représente Péchiney et tout cela sur le dos des salariés, mais aussi des populations locales et sans que le Gouvernement de M. Raffarin y trouve à redire. Car, après la fermeture de l’activité minière, une fois de plus, Gardanne doit se préparer à faire face aux effets d’une mondialisation sauvage qui avance sans se soucier de l’intérêt des travailleurs et des populations.
"Elan pour l’Avenir" soutiendra et appelle à soutenir toutes actions que les travailleurs de Péchiney entreprendront pour la défense de l’activité industrielle à Gardanne.
Ne reproduisons pas les erreurs du passé. La lutte pour la défense de l’activité industrielle ne peut constituer la seule stratégie que Gardanne doit mener. Car l’issue des combats à venir reste bien incertaine. Il nous faut donc, tout à la fois, participer sans réserve à la défense de la production de Péchiney à Gardanne, et, dans le même temps, dès aujourd’hui, mettre en chantier les études nécessaires pour prévoir les reconversions du site industriel avec détermination et réalisme.
N’attendons pas, avant d’agir, de n’avoir plus que nos yeux pour pleurer.
Je m’excuse auprès de Monsieur Pintore pour avoir fait des doublons avec ce qu’il a dit, mais c’était inévitable.

Monsieur El Miri : Je voudrais m’exprimer sur la déclaration de Madame Bonnet. Je suis satisfait de la déclaration de madame Bonnet, elle me ravit. Elle évoque le climat industriel et elle évoque la mine, je me rappelle que lors du conseil municipal sur l’orientation budgétaire, elle nous expliquait "qu’il fallait savoir s’amputer d’un membre pour survivre…" en parlant de la mine. Et bien vous voyez lorsqu’on propose de s’amputer d’un membre les autres membres sont demandés.
Apparemment Madame Bonnet s’est ressaisie et se met dans une posture un peu plus combative sur le tissu industriel. J’en suis content !

Madame Bonnet : Monsieur El Miri, ce sera toujours un beau théâtre entre nous.

Monsieur le Maire demande que l’on passe au vote.

VOTE
UNANIMITE