Solidarité

La sécurité sociale des mineurs menacée Energies 351 - Loïc Taniou

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Mineurs actifs et retraités, ayant-droits, personnels de la sécurité sociale minière et des oeuvres minières, syndicats et nombreux élus sont vent debout contre un rapport parlementaire qui vise à liquider le régime spécifique de Sécurité sociale des mineurs.

Dans les trois grands bassins miniers que compte la France (Moselle, Nord/Pas-de- Calais et Provence), l’indignation est grande. Un rapport remis fin décembre à Xavier Bertrand ministre de la Santé par Yves Bur, député (UMP) du Bas-Rhin et rapporteur général du budget de la Sécurité sociale, vise purement et simplement à liquider le régime spécifique de la sécurité sociale des mineurs.

Avec ce rapport, le parlementaire recommande de transférer le risque maladie du régime minier vers le régime général, remettant en cause la prise en charge à 100% des soins, les transports liés à la santé, l’existence des “oeuvres” telles que les centres de santé, les maisons de retraite, les pharmacies spécifiques sans oublier les 6 600 salariés qui en assurent leur gestion. « Ce rapport est scandaleux et inacceptable, dénonce Guy Bonnet, mineur retraité et responsable syndical à la CGT mineurs. Il s’agit ni plus ni moins d’une attaque en règle visant à faire éclater notre régime et d’une remise en cause de nos acquis sociaux. »

Or, il faut se souvenir ce que doit la France aux mineurs, comment l’extraction de charbon, de fer et de potasse par les mineurs ont permis notamment le redressement du pays après la deuxième guerre mondiale. Cela souvent au détriment de leur santé car les conditions de travail, même si elles se sont considérablement améliorées au fil des années, restaient difficiles. C’est d’ailleurs pourquoi un régime spécifique a été créé en 1946, le régime minier combinant une assurance- maladie avec une prise en charge à 100 % et une offre de soins dans des établissements de santé spécifiques, dont certains sont aujourd’hui en difficulté financière.

Face à ces remises en cause, les fédérations nationales de mineurs (CGT, FO, CFDT, CFTC, CFECGC) ont écrit une lettre commune au Ministre de la santé, le 7 février 2011, lui rappelant les engagements pris par le président Sarkozy, et les propos que le ministre a lui-même tenus dans l’hémicycle de l’Assemblée nationale  : « Nous n’avons rien oublié des engagements pris. Nous sommes là pour réparer les injustices commises. Le rendez-vous des retraites sera aussi celui de la justice sociale.  » Mais aujourd’hui, les accords passés entre l’État et la corporation minière commencent à être remis en cause par l’État.

« Ce rapport va au-delà de sa lettre de cadrage et des préconisations demandées, déplore Guy Bonnet, nous allons tout faire pour qu’il soit rejeté. » Pour Marius Comti, conseiller municipal délégué à la santé, « la municipalité soutient les syndicats et les personnels dans leurs démarches de préservation des acquis et spécificités liés au régime minier, des oeuvres minières comme les centres de santé miniers. Il faut savoir se souvenir de l’effort historique et du sacrifice fait par les mineurs. »