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La rentrée 2014 se prépare maintenant Energies 398 - Bruno Colombari

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Même si le passage à neuf demi-journées par semaine ne se fera pas en septembre prochain à Gardanne, la concertation pour l’organisation de la rentrée 2014 a déjà commencé. Une réunion publique vient d’avoir lieu et un questionnaire a été adressé aux parents pour définir leurs besoins et leurs attentes.

LE 1ER JUIN, il est déjà temps de penser à la rentrée scolaire. Celle de septembre 2013, mais aussi la suivante, celle de 2014. C’est en effet à cette date que Gardanne mettra en application la réforme des rythmes éducatifs, avec une semaine de classe qui passera de huit à neuf demi-journées par semaine en maternelle et en primaire. En contrepartie, 45 minutes seront libérées dans la journée de classe.

Conséquence directe : les activités périscolaires de la Ville doivent être réorganisées. C’est pourquoi les élus ont décidé de mettre à profit ce délai pour mettre en place une concertation avec les parents, les enseignants et le personnel du secteur Éducation. Depuis février, plusieurs réunions ont eu lieu avec les organisations syndicales. Elles se poursuivront courant juin avec un bilan des activités périscolaires existantes (garderie, pause méridienne et études surveillées).

Le 1er juin donc, la matinée du samedi a été studieuse. Malgré le temps (enfin !) printanier, environ 80 parents et enseignants ont répondu à l’invitation de Roger Meï pour une rencontre au 3 Casino. « C’est une responsabilité partagée entre la ville, les enseignants et les parents, souligne Guy Pinet, adjoint au maire délégué au Scolaire. Nous n’avons pas attendu cette réforme pour mettre en place un projet éducatif très dense. »

Pour Nathalie Nerini, adjointe au maire déléguée à l’enfance, « la continuité éducative est indispensable au-delà des rythmes scolaires. Par exemple, lors de la pause méridienne, l’objectif est de développer l’autonomie de l’enfant et de veiller à l’équilibre alimentaire. » Et d’essayer de rééquilibrer une semaine très chargée depuis la précédente réforme qui a supprimé le samedi matin : « La France est le pays européen où le nombre de jours de classe est le plus faible, à savoir 144 par an, contre 187 en moyenne dans les pays de l’OCDE, rappelle Angèle Planidis, directrice générale adjointe des services Éducation, Culture et Sports. Le principe de la nouvelle réforme, c’est d’alléger les journées avec au maximum 5h30 d’enseignement et pas plus de 3h30 par demi-journée.  »

CETTE RÉFORME ANNONCÉE par le ministre Vincent Peillon arrive « après plusieurs années de mauvais traitements de l’école, constate Mustapha El Miri, adjoint au maire délégué à la Culture. Le point positif de cette réforme, c’est qu’elle va nous donner l’occasion de faire ensemble le point sur les pratiques existantes. Dans un premier temps, nous avions mis en place beaucoup d’activités dans les écoles, sans forcément les évaluer. Puis nous avons fait le choix d’installer des projets sur trois ans, avec un meilleur impact sur les enfants, mais ça demandait beaucoup de travail en plus pour les enseignants. Là, on va pouvoir intégrer ces activités dans la journée scolaire.  »

Dans la salle, les parents d’élèves de l’école Lucie-Aubrac s’interrogent : « Quel sera le coût de l’enseignement artistique pour tous ? Les budgets alloués aux fournitures scolaires seront-ils touchés ? » Pas d’inquiétude, répond Mustapha El Miri : « Il serait catastrophique de faire payer les parents, ça produirait encore de l’exclusion. Pour une réforme aussi lourde, l’État doit donner des moyens financiers aux communes. Bien entendu, on ne prendra pas de l’argent pour l’enseignement artistique sur les fournitures scolaires. Mais ce qu’il faut bien comprendre, c’est que si ces dépenses ont un impact positif pour le développement des enfants, ce n’est plus un coût, c’est un investissement sur l’avenir. »

UN PARENT D’ÉLÈVE de l’école Beausoleil demande alors qui formera le personnel qui va intervenir en classe. « Nous allons d’abord définir le type d’activités, répond Angèle Planidis, et ensuite nous mettrons du personnel adapté. A Gardanne, pour la pause méridienne, nous avons un encadrant pour vingt enfants, nous suivons la réglementation de Jeunesse et sports. C’est plus que ce qui se fait ailleurs. »

Autre question touchant à la logistique venue d’un parent d’élève de Brassens : « Comment va-t-on transférer les enfants vers les centres aérés le mercredi après-midi s’ils ont classe le mercredi matin ? » Pour Guy Pinet, « c’est l’objet du questionnaire que nous vous invitons à remplir et dont nous dépouillerons les réponses pendant l’été pour faire un bilan à la rentrée. »

Les besoins des parents et des enseignants sont importants, mais ceux des enfants le sont encore plus. Le chronobiologiste Hubert Montagner, directeur de recherche à l’Inserm, a expliqué ce que sont les rythmes biologiques (sur la journée, le mois, l’année) et les rythmes de développement de l’enfant (tout au long de sa croissance). « Entre six heures et huit heures du matin, le corps sécrète des hormones corticoïdes qui vont aider l’enfant à affronter la journée. Entre 16 heures et 20 heures, ce sera le moment où la température corporelle sera la plus élevée, et où la force musculaire et la coordination motrice sont maximales. »

Les moments les plus propices à la concentration commencent vers 9h30 le matin et 14h30 l’après-midi. Mais la durée de ces temps varie avec l’âge de l’enfant, bien entendu. « C’est pourquoi il faut moduler la journée de classe entre la maternelle et le CM2 ! En CP, il y a entre 3h et 3h30 utiles par jour pour des enseignements exigeants. En CE1-CE2, c’est plutôt 4h, et en CM1-CM2 entre 4 et 5h. Aujourd’hui, la journée de classe dure 5h30, en CP comme au CM2, ça n’a pas de sens. »

Le matin, le temps nécessaire à l’éveil est variable. D’où l’importance du sommeil : « Les enfants en insécurité affective manquent de sommeil. Il faut savoir que l’hormone de croissance est sécrétée pendant l’avant-dernier cycle de sommeil, appelé sommeil lent. Si le sommeil est interrompu à ce moment-là, il y aura de la fatigue dans la journée. Le sommeil paradoxal, le plus lourd, est celui des rêves et des cauchemars. Il est très important lui aussi car c’est une soupape mentale qui permet d’évacuer beaucoup de choses et d’accepter ensuite les règles et les interdits. »

Vous avez jusqu’au 5 juillet pour répondre au questionnaire sur les rythmes éducatifs distribué dans les écoles (également disponible sur le site ville-gardanne.fr). En septembre prochain, les résultats de ce questionnaire seront diffusés, et un conseil de l’éducation se mettra en place avec les acteurs de la communauté éducative. Le projet éducatif territorial sera alors construit jusqu’en novembre pour être mis en application en septembre 2014. Nous aurons le temps d’y revenir en détail. D’ici là, bonnes vacances !