Malespine biogaz

Gardanne produit de l’énergie à partir de ses déchets Energies 355 - Loïc Taniou

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A l’occasion du Forum sur les énergies renouvelables, l’unité de valorisation du biogaz, projet initié par la Semag et géré par la société Verdesis, a été inaugurée. Cette usine permet désormais de produire de l’électricité à partir des déchets ménagers enfouis à la décharge de La Malespine.
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« Cela fait dix années que l’on travaille sur ce projet de valorisation du biogaz produit par la fermentation des déchets, a rappelé le maire Roger Meï, président de la Semag (Société d’économie mixte de Gardanne, NdlR). Cette inauguration est donc un moment important pour la Ville car ce projet va permettre de produire dès à présent l’équivalent de la consommation électrique de 2 600 habitants, tout en diminuant l’impact sur la couche d’ozone.  »

En présence de Jean-Pierre Saez, maire de Venelles et président du réseau Paca 21, de Jean-François Velly, directeur de la Semag, de Xavier Lombart et Guillaume Bernaert de la société Verdesis, de nombreux élus et Gardannais, le Maire a lancé officiellement l’activité de l’usine de valorisation par l’intermédiaire d’un ordinateur qui a enclenché à distance le moteur. Ce dernier d’une capacité de 830 MW/h a commencé à faire entendre son vrombissement, à l’impact sonore particulièrement réduit car calfeutré dans un local traité acoutisquement.

« A une distance de dix mètres, a souligné Guillaume Bernaert, chef de projet Verdesis, on obtient un fond sonore équivalent à un simple aspirateur. Ce moteur fonctionne comme celui d’une voiture avec le biogaz comme carburant. Il est relié à un alternateur et l’électricité produite est ensuite envoyée dans le réseau EDF avec une tension constante. Ce moteur fonctionne également sur un mode de cogénération, c’est-à-dire que l’on récupère toutes les calories de la chaleur, l’eau chaude et tout cela repart dans le circuit. »

Avant que le biogaz ne soit envoyé dans le moteur, il transite par deux grandes cuves vertes de 20 m3 chacune pour une étape de séchage et de filtration où sont enlevées l’eau et quelques impuretés grâce à des charbons actifs afin d’obtenir un gaz très propre pour la mécanique du moteur. Avant d’arriver sur le site de l’usine de valorisation, le biogaz connaît un parcours original.

Le biogaz est un gaz produit à partir du méthane à 70% (CH4), par la fermentation de matières organiques en l’absence d’oxygène. On y retrouve d’autres substances comme du dioxyde de carbone, de l’eau, du sulfure d’hydrogène et autres composés provenant de déchets. D’où l’importance de sa filtration. Le biogaz est ainsi une forme renouvelable de l’énergie fossile très courante, le gaz naturel, et meilleur est le tri sélectif en amont, meilleur est le biogaz récolté.

« Nous recouvrons les déchets ménagers par des couches de terre qui permettent la fermentation, après qu’ils aient été étalés et compactés par des engins, détaille Raphaël Belenguer, responsable environnement à la Semag. 40 000 tonnes de déchets sont acheminées chaque année sur le site de La Malespine. »

Une fois recouverts, les déchets se retrouvent en aérobie, privés d’oxygène et commencent leur décomposition et fermentation. Ils se transforment alors soit en lixiviats, liquides résiduels qui proviennent de la percolation de l’eau à travers les déchets qui sont récupérés dans un bassin de rétention avant d’être transférés à la station de dépollution, soit en gaz. « A ce moment, il nous faut capter le biogaz, souligne Jean-François Velly, directeur de la Semag. Pour cela, nous avons installé tout un réseau de drains horizontaux et quatorze puits qui plongent dans la décharge pour récupérer le biogaz par dépression. Treize nouveaux puits vont être prochainement installés pour finaliser le réseau. Tout le biogaz est ainsi canalisé jusqu’à un collecteur avant d’être acheminé à l’usine de valorisation et d’être transformé en électricité. »

Auparavant, la Semag avait obligation de récupérer le biogaz et de le brûler à une torchère. Ce gaz (CH4) qui est un gaz à effet de serre a un impact 25 fois plus néfaste que le dioxyde de carbone (CO2) pour l’atmosphère. En étant ainsi valorisé, la Ville diminue d’autant son empreinte carbone. « Dans deux mois, nous allons réhabiliter le site. Cette première carrière de La Malespine d’une surface de 5 hectares va être achevée. Nous allons la recouvrir de pierres pour assurer un bon drainage, de 40 cm de terre, puis d’une couche de bauxaline de 0,50 à 1 m et on terminera par une couche de terre végétale, explique Jean-François Velly. Notre première réhabilitation date de 1998 avec un premier site de 2 hectares. »

En utilisant une couche de bauxaline pour recouvrir cette partie de la carrière, le cycle vert de recyclage se poursuit mais avec une touche de rouge. Car la bauxaline est un élément de recyclage des résidus inertes de bauxite de couleur ocre en provenance de l’usine de Rio Tinto (ex-Pechiney). Proches de l’argile, ces résidus industriels vont être déposés sur les déchets pour assurer l’étanchéité du site et la couche de terre végétale viendra finaliser le site permettant sa revégétalisation. Cette démarche permettra d’atteindre une production de biogaz maximum. Une production de gaz régulière qui se poursuivra durant plus d’une quinzaine d’années.

« En face de l’usine de valorisation du biogaz, nous avons ouvert deux nouveaux sites adaptés aux dernières normes environnementales et bénéficiant des nouvelles technologies avec des grandes bâches étanches et une importante couche de gravillons pour un meilleur drainage. Ceux-ci étant en contrebas, ils permettront à l’avenir de diminuer fortement les nuisances olfactives. »