Fermeture de la mine

Et pendant ce temps, l'eau monte... Bruno Colombari

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Impuissance, fatalisme et flou artistique : face aux habitants et aux associations, le directeur régional de la DRIRE, représentant le Préfet, n’a pu donner de réponses claires sur les conséquences pour l’environnement de la fermeture de la mine.

Trois jours avant le Conseil municipal qui devait donner un avis sur le dossier d’arrêt de travaux de la mine, une réunion publique à l’Hôtel de Ville a permis de lever les derniers doutes. La centaine de participants (associations, syndicats et habitants) se sont rendus à l’évidence : la plupart des questions soulevées par le cabinet Géoarmor (mandaté par la Ville pour éplucher le mètre cube de dossiers) sont restées sans réponse. « Quand on demande des éclaircissements au Préfet, constate Roger Meï, il nous renvoie au Plan de prévention des risques miniers. » Le Préfet s’était engagé à organiser une rencontre avec les associations ? « Aucun problème, c’est prévu, » affirme M. Baudoin, directeur de la DRIRE (direction régionale de l’industrie, la recherche et l’environnement). Quand ? Où ? Nul ne le sait.

« En fait, souligne Philippe Pintore, conseiller municipal chargé de la prévention des risques, si Gardanne n’avait pas pris l’initiative de se faire aider par l’ACOM et de travailler avec les autres communes, rien ne se serait passé. » Que sait-on sur la manière dont le sous-sol va réagir à la montée des eaux ? « Une expertise internationale a été lancée en juin dernier. Des experts venus de République Tchèque, d’Angleterre et d’Afrique du Sud étudient le dossier et doivent remettre un rapport. » Quand ? « Vers la mi-octobre. » Soit quinze jours après la date limite (le 30 septembre) à laquelle les communes doivent émettre un avis sur le dossier d’arrêt des travaux...

Indemnisations plutôt que prévention

Dans quel état sera l’eau qui sortira de la galerie de la mer ? « Elle sera très chargée en hydroxyde de fer, ce qui nécessitera de la traiter. Ce qui est plus inquiétant, c’est le sulfate de calcium [du gypse, ou pierre à plâtre, NdlR], beaucoup plus difficile à traiter. S’il y a des rejets dans la Luynes, la rivière sera déclassée pour toujours. » Rassurant. Que se passera-t-il si la galerie de la mer, construite il y a cent ans, se bouche ou s’effondre ? « Il faudra prévoir un pompage par le puits Y, capable d’absorber jusqu’à 2 500 mètres cubes à l’heure. » Les secousses de ces derniers mois vont-elles durer ? Dans la salle, Jean-Luc Baudry, élu au CHSCT (comité hygiène et sécurité) de la mine, affirme : « elles sont évidemment liées à l’ennoyage. D’autre part, dans les parties anciennes en chambres et piliers, à certains endroits les cavités mesurent encore 2,40 m de hauteur, autrement dit il peut y avoir un effondrement brutal. Au-delà de l’enregistrement des secousses, s’il y a des dégâts en surface, qu’allez-vous faire ? » La réponse tombe, inéluctable : « on ne pourra rien faire d’autre qu’indemniser les propriétaires. » En terme de prévention des risques, on a déjà vu mieux...

La question de la sécurité au fond s’est également posée. Les mineurs ont rappelé les circonstances de l’incendie qui s’est déclenché à 1 300 mètres de fond, en avril dernier. « On pouvait boucher la galerie plutôt qu’arrêter de pomper pour tout noyer, remarque Michel Filippi. Mais la direction a interdit aux délégués mineurs et aux représentants du CHSCT de descendre. Voilà les conséquences de la fermeture anticipée. Le fond a été nettoyé par trente personnes en trois jours, alors que ça devait prendre au moins trois mois. » Pour la DRIRE, mieux valait ennoyer que prendre le risque « que l’échauffement mette le feu à toute la mine. »

En juillet dernier, le Conseil municipal avait demandé au Préfet de fournir la liste du matériel remonté du fond. On se souvient que les mineurs avaient des doutes sur des fûts de pyralène dont la centrale thermique se serait débarrassés. « Nous avons recherché, répond Robert Monier, de la DRIRE. La centrale dispose de tous les bons de destruction de ses fûts. » Quant à M. Baudoin, il affirme avoir cette fameuse liste et pouvoir la transmettre aux élus. Le 23 septembre, les maires des sept communes qui ont étudié le dossier ont pris une position soumise aux Conseils municipaux. Ce sera alors au Préfet de décider en dernier ressort. Sur cette question importante pour l’avenir, chacun devra prendre ses responsabilités.