Qu’est-ce que c’est, au fond, la toxicomanie
? « C’est un comportement
d’adaptation face à une souffrance psychique
et sociale, explique le docteur
Alain Ribaute. C’est une forme d’automédication.
»
Devant un public composé
de médecins, de pharmaciens et
d’infirmières scolaires, les spécialistes
aixois du réseau Aix-Tox et de la
fédération de soins aux toxicomanes
dressent un tableau de l’usage des drogues
aujourd’hui. « Il faut distinguer
quatre catégories, note la psychiatre
Béatrice Stambul : les expérimentateurs,
qui vont consommer une fois
pour essayer, les occasionnels, les réguliers
(plusieurs fois par mois) et les
consommateurs quotidiens. En France,
dans cette dernière catégorie, on
compte huit millions de buveurs et treize
millions de fumeurs, le tabac et l’alcool
étant de loin les drogues les plus
meurtrières, plus de 100 000 morts par
an au total. » La consommation d’alcool
chez les plus jeunes augmente
d’ailleurs rapidement, notamment avec
la diffusion des Premix, ces boissons
très sucrées titrant huit degrés. La cocaïne
est également en hausse : « c’est
le signe d’un besoin de vitesse et de
performance lié à notre époque. » Le
cannabis, lui, concernerait 450 000
consommateurs quotidiens, pour un
total de dix millions d’expérimentateurs.
Là aussi, il touche des adolescents
de plus en plus jeunes.
Enfin, il y a les médicaments psychotropes (la France détient un record mondial de consommation) et les drogues de synthèse comme l’ecstasy, les amphétamines, le LSD, voire même des anesthésiques vétérinaires. « La toxicomanie met en jeu des questions sociales, politiques, juridiques et médicales, explique Alain Ribaute. D’où la nécessité de constituer des réseaux de soins pour faire circuler les informations et ne pas être isolé. AAix, le réseau Ville-hôpital coordonne les structures existantes, forme des intervenants et dispense des soins. » Et ce, malgré des moyens limités en terme de prévention et de soins : « une étude réalisée en Suisse montre que la prise en charge policière et judiciaire des toxicomanes coûte dix fois plus cher que la prise en charge médicale, et en plus elle est inefficace. » En attendant une véritable politique de prévention, « on essaie de limiter les risques, pas forcément la consommation. C’est une approche plus pragmatique, » conclut Béatrice Stambul.
Site CIRDD Paca (centre de ressources en ligne sur les drogues et les dépendances) : http://www.cirdd-paca.org/