L’endroit a des allures de plateau de
tournage des Temps modernes, version
Écoemballages : un réseau de tapis roulants
qui montent, descendent, disparaissent,
ressortent, se croisent, se
dédoublent. A une extrémité de la chaîne,
une colline informe de papiers, journaux,
cannettes, bouteilles en plastique.
A l’autre bout, des cubes compressés
comme des bottes de paille, empilées
le long d’un mur.
Entre les deux, pas
de Charlie Chaplin avec sa grosse clé
et sa burette d’huile, mais une dizaine
de trieurs, chacun affecté à un type de
produit à recycler (journaux, cartons, boîtes alus, plastiques clairs, plastiques
foncés). Pour ne pas trop souffrir du
bruit et de la température (le hangar
est chaud en été et froid en hiver), les
trieurs sont installés dans une grande
cabine vitrée, insonorisée et climatisée.
Nous sommes au centre de tri des déchets
ménagers d’Aubagne, installé
dans la zone industrielle Saint-Mitre.
Chaque année y sont traités 10 000 tonnes
de déchets recyclables. Un volume
qui ne pourra faire qu’augmenter
dans les années à venir, compte-tenu
notamment du retard pris par la ville
de Marseille, un des clients du centre
de tri avec les communautés d’agglomération
d’Aix et d’Aubagne.
C’est là
qu’arrivent, trois fois par semaine, des
camions de Gardanne venus de la zone
Avon. A l’intérieur de ces camions, on
retrouve tout ce que vous avez trié et
placé dans la poubelle bleue : papiers,
journaux, magazines, cartons d’emballage,
boîtes de conserve, bouteilles
et flacons en plastique. Le verre, qui
n’est collecté que dans les conteneurs
verts placés dans les points d’apport
volontaire (PAV), est traité ailleurs, en
Arles.
« Quand ils arrivent, les camions sont
pesés à plein, puis à vide, la différence
représentant la quantité de produits
que nous allons traiter, explique Rémi
Eléon, responsable d’exploitation de
la société Bronzo. Pour déterminer la
quantité de produits refusés venant de
Gardanne, on isole une tonne, on la
trie séparément. Le poids de produits
refusés nous indique une proportion
que l’on applique au total de produits
traités venant de Gardanne. Ce qui est
refusé est renvoyé à la Malespine. »
Actuellement, le taux de refus est d’environ
25 %, un résultat très correct (il
était de 40 % il y a quelques années).
Parmi les clients du centre de tri d’Aubagne
(la plupart des communes de
l’aire Aix-Marseille), seule la ville
d’Aix fait mieux, mais là-bas, il n’y a
pas de tri sélectif au porte à porte, comme
à Gardanne. Ce qui, évidemment,
diminue les risques d’erreur...
De moins en moins
de refus
Le service environnement fait régulièrement
des visites inopinées, afin de
s’assurer de la qualité du tri. Tani-Kamel
Berrouba, ambassadeur du tri à
Gardanne, contrôle ainsi les deux extrémités
de la chaîne : avant le passage
des camions dans les quartiers, il
vérifie le contenu des poubelles bleues. S’il y voit des choses n’ayant rien à y
faire (sacs d’ordures ménagères, verre,
végétaux, gravats, bidons d’huile)
il signale que le conteneur ne doit pas
être pris, note l’adresse et rencontre la
personne. « Généralement, ça se passe
bien, remarque Tani-Kamel. Même
si selon les cas, il faut y retourner plusieurs
fois... »
Les Gardannais ont tout de même fait
des progrès importants. Si on compte
par kilo de matériau recyclé par habitant
et par an, on est passé de 48 kg en
1999 à 84 kg en 2004, soit une augmentation
de 85 % en cinq ans ! Dans
le lot, les végétaux se taillent une part
importante (28 kg) juste derrière le papier
(30kg). Au total, c’est plus de 1600
tonnes qui ne seront pas parties en décharge.
Même si les ordures ménagères
représentent encore 8 600 tonnes,
c’est un résultat encourageant.
« Nous en sommes à 3 500 habitations
individuelles disposant de la double
poubelle, explique Bernard Bastide,
adjoint au maire chargé de l’environnement.
A cela, il faut ajouter 1 600
foyers en logement collectif. Il reste
encore 800 logements dont l’équipement
est actuellement à l’étude, et la
question du centre-ville. Une commission
y travaille, dans le cadre du projet
de réaménagement du Cours. »
La
collecte auprès des commerçants se
met en place, pour les cartons et le
polystyrène, que la société Isomat récupère
en partie. Les grandes surfaces,
elles, sont astreintes par la loi à gérer
l’élimination et la valorisation de leurs
déchets.
« Nous collectons aussi auprès
des services municipaux, ajoute Stéphanie Olivero, responsable du service
environnement. Le papier, mais
aussi les cartouches d’encre, le matériel
informatique, ou les huiles végétales
dans les cantines. Depuis quelques
temps, nous installons des conteneurs
temporaires sur les animations dans
la ville comme Arts & Festins du monde
ou Musiques à Gardanne. »
N’hésitez surtout pas à vous en servir !