Depuis la privatisation du marché de l’électricité, à la centrale thermique de Gardanne, les années passent avec leur cortège de mauvaises nouvelles. Le 1er octobre dernier est officiellement annoncée la vente à l’entreprise allemande E.on des 35 % d’actions détenues par l’État via EDF (18,75 %) et Charbonnages de France (16,25 %) dans le capital de la Société Nationale d’Électricité et de Thermie (Snet). E.on devient ainsi l’unique actionnaire de la Snet, dont dépend la centrale de Gardanne. 35 % d’un capital qui n’avait rien d’innocent puisqu’il donnait une minorité de blocage et donc un certain poids dans les décisions sur la politique du groupe au gouvernement.
Dans la foulée, le groupe E.on annonce pour le site de Gardanne 58 suppressions de postes d’ici 2016 et 7 mutations. Quant au groupe 4, c’est le plus grand flou qui règne sur son devenir. Sans travaux spécifiques de remise aux normes, il ne pourra plus être opérationnel après 2015 au plus tard. En 2016 il y aura de nouvelles contraintes environnementales qui ne permettront plus de faire fonctionner ce groupe, à moins que la Snet ne réalise pour 40 millions d’euros de travaux de mise aux normes. Il ne resterait alors plus qu’un seul groupe à Gardanne, théoriquement pérennisé jusqu’en 2025.
En 1999 était programmée la réalisation d’un nouveau groupe charbon de 600 MW, remplacé en 2003, sous direction de la société espagnole Endesa, par un projet de groupe à cycle combiné gaz de 400 MW. Aujourd’hui il n’est plus question d’un nouveau groupe et des questions se posent sur le devenir de l’un des deux encore en activité comme le souligne Nicolas Casoni, secrétaire adjoint du syndicat CGT sur le site : « La direction tient un discours différent suivant ses interlocuteurs. A nous, on nous dit qu’elle cherche un moyen de pérenniser le groupe 4 et à l’extérieur qu’il va fermer en 2012. Difficile de négocier sur une base aussi mouvante. »
Le 19 octobre, le directeur de la Snet Luc Poyer a rencontré à Gardanne une délégation de la CGT et a signé un engagement précisant qu’ils n’y aurait pas de mutations pour les salariés de Gardanne. « Cinq jours après, la Snet est revenue sur cet engagement en y ajoutant une clause restrictive ! Il n’y aura pas de mutations uniquement si les salariés partant en préretraite s’engagent à le faire aux conditions voulues par la direction. Cette dernière veut que chaque salarié signe une convention la laissant décider seule de la date de son départ à la retraite, et ça avec une indemnisation ne dépassant pas un an du salaire de base » poursuit Nicolas Casoni.
Des mutations dont on peut d’ailleurs se demander où elles se feront ? Selon la CGT, sur les trois centrales que gère la Snet en France, plusieurs tranches sont aussi incertaines que la tranche 4 à Gardanne et pourraient fermer en 2013. Or les personnels des centrales qui fermeraient et qui ne partiraient pas en préretraite seraient mutés sur le site restant d’Émile-Huchet en Lorraine, le seul ayant bénéficié de l’installation d’un nouveau groupe à cycle combiné gaz. Pourra-t-il accueillir tout le monde ?
De son coté, le directeur de la Snet explique dans une interview à La Provence « entre 2010 et 2015, les prévisions font apparaître d’importants mouvements de départs en retraite compte-tenu de la pyramide des âges de l’entreprise. Il est nécessaire d’anticiper ce mouvement et d’adapter les emplois et les compétences de la Snet aux besoins futurs de l’outil industriel. »
« Ce que nous voulons c’est un vrai projet industriel qui pérennise et créé des emplois »
Pour le responsable syndical Nicolas Casoni, « une fois les suppressions de postes effectives, il restera 114 agents statutaires à Gardanne. Avec la fermeture du groupe 4, et un seul groupe encore en activité, seulement 80 d’entre-eux seront nécessaires pour assurer le fonctionnement de la centrale. Ça fait donc 34 postes en trop. C’est la porte ouverte à un nouveau plan social ! Ce que nous voulons c’est un vrai projet industriel, qui pérennise et créé des emplois, avec les investissements nécessaires au maintien de la tranche 4. Pour cela nous avons besoin du soutien des politiques. Si nous avons déjà pu rencontrer Roger Meï (qui s’est adressé en avril 2009 au président Sarkozy pour rappeler les engagements de l’État) ainsi que le conseiller général Claude Jorda qui nous soutient, nos demandes de rendez-vous à Robert Lagier maire de Meyreuil et au député Richard Mallié sont malheureusement restées lettres mortes. »
Une situation délicate à la centrale thermique qui s’inscrit dans un contexte de production insuffisante d’électricité en France (EDF a déjà annoncé qu’elle devrait acheter de l’électricité à l’étranger cet hiver) sur laquelle nous reviendrons.