N°01 - Motion relative à la Centrale à Charbon UNIPER Rapporteur M. le Maire

Publié le

M. MEI : Une annonce terrible nous est arrivée il y a quelques jours, l’annonce par Nicolas Hulot de la fermeture de la centrale à charbon pour 2022. Je voudrais dire notre position, je voudrais rappeler que plutôt que de dire "on ferme", cherchons d’autres solutions. Il y a d’autres solutions. D’abord, en utilisant du charbon propre, ça existe. Je voudrais rappeler que dans le passé, nous avions, nous, la commune de Gardanne, financé une étude sur ce qu’on appelle des ultracarbofluides qui permettaient de faire tourner des moteurs diesel avec du charbon réduit en poudre, débarrassé de ses impuretés, mélangé avec de l’eau et un peu de fuel. Donc, il y a des possibilités d’utilisation du charbon propre.

Deuxièmement, je vous rappelle qu’UNIPER ferme ici des usines à charbon, il y en a cinq, et en même temps les ouvre en Allemagne, et inversement en Allemagne on ferme les centrales nucléaires. Voilà où nous en sommes... Donc nous disons, nous, essayons de trouver des solutions. Il y a la solution du charbon propre et puis il y a celle des énergies renouvelables. Je dois dire qu’il y a vraiment des possibilités, dans une région où la limite au point de vue fourniture de courant électrique est presque atteinte, on a vraiment intérêt à développer les deux groupes.

Alors des solutions existent : d’abord permettez moi de rappeler qu’on a reçu, et d’autres aussi, notamment Claude Jorda, les représentants du ministre qui sont venus tâter un peu le terrain. J’ai dit "Monsieur, nous, avec la fermeture des Houillères, on a déjà donné. Il y a 1 700 inscrits à Pôle Emploi ici. Il y a d’autres solutions". Et j’ai fait des propositions notamment pour que Nicolas Hulot mette en place un groupe de travail pour trouver des solutions. Soyons positifs.

Et l’autre jour à la métropole, je suis intervenu aussi et je suis chargé par le Président de la Région de mettre en place un groupe de travail qui irait au-delà de notre ville, et même appuyé par le Conseil Régional, j’ai rencontré M. Muselier. C’est ce que nous allons mettre en place avec toute la métropole, avec le maire de Pertuis, avec le maire de Meyreuil, avec Alexandre Gallese qui a cette responsabilité et nous allons mettre en place, sous ma responsabilité dans un temps, le groupe de travail.

Je dois rappeler que l’autre jour à la métropole, je voudrais citer le texte où Jean-Claude Gaudin a dit "Roger, on te fait confiance, de droite ou de gauche, on approuve ce que tu vas faire". Je tenais à le dire parce que tout le monde a bien compris qu’au-delà de tout ce qui peut nous séparer, il y a des centaines d’emplois directs et indirects qui sont en cause, et l’avenir d’une centrale qui a été reconnue comme une des plus propres du monde. Je rappelle que des Chinois étaient venus voir, il y a quelques années, comment fonctionnait ce groupe.

Donc, vous avez une motion qui est sous vos yeux, et qui donne l’essentiel de ce qu’on vous propose. J’ai donc été approuvé par le Président Jean-Claude Gaudin qui s’est exprimé ainsi : "nous sommes toujours très attentifs à ce que suggère Roger Meï, que cela plaise où que cela ne plaise pas, à droite comme à gauche". Je ne pouvais pas avoir un compliment plus fort. On l’a noté.

Donc, je répète, c’est pour ensemble se battre, quel que soit ce que nous pensons, pour l’avenir de nos bassins, pour l’avenir de notre région. Et si on mettait en place la filière bois, pour laquelle les propriétaires forestiers sont d’accord, on créerait des emplois, au lieu de voir brûler nos collines, elles seraient utilisées dans le cadre du développement durable dans notre centrale. Je vous rappelle que le bilan carbone est nul quand un arbre semblable à celui qu’on a brûlé a poussé. C’est la motion que je vous propose et qu’on enverra le plus largement possible.

M. AMIC : Nous prenons connaissance de la nature de votre proposition et nous sommes parfaitement motivés à la suivre. Les arguments sont parfaitement en alignement avec ce que nous pensons aussi. Et nous serons heureux d’appuyer, comme le Président de la métropole, et non plus de la nécropole, ça nous fait plaisir votre changement de vocabulaire aussi, pour appuyer votre projet.

Mme APOTHELOZ : Bien sûr, nous soutiendrons mais je voulais signaler que Rosy Inaudi, conseillère départementale EELV, a été reçue en même temps que Claude Jorda pour auditer au sujet du contrat et de la fermeture de la centrale. Elle a remis une note de prospective avec des propositions, propositions que je tiens bien sûr à votre disposition. Je tiens juste à donner sa déclaration.

Elle a dit : "A l’évidence, en tant que conseillère départementale, je soutiendrai toute initiative et mettrai toute mon énergie pour que les propositions porteuses d’emploi germent et se développent sur le territoire de Gardanne et de l’ex-bassin minier, parce que ça ne concerne pas que Gardanne. Je souhaite en plus la mise en place d’un grand chantier emploi et formation pour accompagner la mutation des emplois et mettre en place une politique de formation initiale par alternance et en formation continue, de façon à installer les compétences professionnelles nécessaires pour la mise en place de la transition écologique du territoire".

Il y a une proposition qui a été remise qui s’appuie sur les énergies renouvelables et sur une filière d’éco-construction. Voilà, je tiens à signaler donc que tout le groupe EELV est derrière Rosy Inaudi et soutient le problème que nous rencontrons.

M. MEI : A la différence que nous on veut maintenir des emplois et en créer d’autres.

M. JORDA : J’ai reçu, comme vous le disiez tout à l’heure, la mission interministérielle qui était composée de trois responsables de trois ministères différents. Comme Monsieur le Maire le disait, la première remarque que je fais par rapport à ça, c’est que ça fait un peu court de venir sur un bassin minier, qui a connu ce qu’il a connu depuis sa création, de venir sur Gardanne évaluer l’impact d’une fermeture d’un groupe charbon pour 2022. C’est la première remarque que j’ai faite à la commission, à savoir que venir comme ça dans un bassin minier qui a connu ce qu’il a connu, son histoire, c’est un petit peu, et je reste poli, cavalier de la part de ces personnages là du gouvernement, de venir auditer comme ça pour évaluer l’impact de la fermeture d’un groupe charbon sur Gardanne. En sachant qu’ils savent aussi bien que nous, je dirais, l’impact social que ça va occasionner. Monsieur le Maire le disait, ça fait en gros mille emplois sur le département ! Parce qu’il faut tenir compte des emplois de la centrale, des emplois des sous-traitants de la centrale, et il faut tenir compte aussi des transporteurs et des dockers qui donnent beaucoup d’heures de travail sur le port. C’était ma première remarque.

Ma deuxième remarque, c’est vrai que les émissions de CO², posent problème à la planète en général. Le charbon qui est brûlé à Gardanne, qui malheureusement n’est plus de Gardanne puisqu’il vient d’Australie, le charbon qui est brûlé émet une part certaine de pollution. Mais cette part est infime par rapport à toutes les autres pollutions qu’on peut rencontrer autour de Gardanne, quand vous partez le matin au travail et quand vous voyez les embouteillages qui partent de Rousset et qui vont jusqu’à l’Arbois ou qui vont sur Marseille, il y a une autre pollution. Et quand Monsieur Macron était ministre, pour solutionner le problème de pollution, il avait mis des cars sur la route, me semble-t-il. Ce n’est pas forcément la meilleure manière de régler le problème de pollution. Vous allez me dire que je m’éloigne un petit peu du sujet du jour mais c’est un petit peu ce que je tenais à rajouter par rapport à ce qui a été dit.

Moi je me suis prononcé, comme la motion le demande, sur la poursuite de la production électrique à partir du charbon telle qu’elle est aujourd’hui en essayant d’aller vers une solution pérenne. Là aussi, je ne vais pas faire un long discours, mais ça fait je ne sais pas combien d’actionnaires qui ont pris la possession de la centrale de Gardanne, vous êtes aussi bien au courant que moi de tout ce qui s’est fait, et chaque fois qu’on a un nouvel actionnaire qui arrive, on a cette valse des actionnaires qui fait qu’on a jamais de projet pérenne. C’est ce que j’ai demandé aussi aux trois représentants des ministres : à un moment donné, on ne peut pas demander à des salariés, à une collectivité comme la nôtre, de supporter comme ça le changement d’actionnaires et le changement de décision. Je vous rappelle qu’un groupe charbon a fermé, qu’il a été remplacé par un groupe bois mais que ce groupe bois, au préalable, il devait être groupe gaz. Donc à chaque changement d’actionnaires, on a un changement de visée, un changement de projet. Donc ça il faut que ça termine. Donc c’est ce que j’ai proposé à la commission et ça rejoint la proposition que fait Monsieur le Maire, à savoir qu’il y a nécessité effectivement d’avoir un véritable travail collectif sur l’avenir du groupe charbon. Mais le temps qui est imparti, c’est à dire 2021/2022, est pour moi trop court.

Dernier élément, quand on produit, alors je ne suis pas contre les énergies renouvelables, mais croire aujourd’hui que les énergies renouvelables vont régler tous les problèmes, ce n’est pas vrai. C’est illusoire. Même dans les pays où on travaille beaucoup là-dessus, on est obligé d’avoir un apport en production électrique avec du mazout par exemple, avec du charbon, avec du pétrole... Donc élément important, c’est que le groupe charbon de Gardanne, quand il produit de l’électricité, c’est pour des pointes, à savoir quand il y a besoin effectivement de produire un peu plus d’électricité, le groupe charbon peut y répondre. Un groupe, y compris biomasse, ou un autre groupe d’énergie renouvelable, ne peut pas répondre à cette exigence là. C’est aussi une notion à avoir.

Je ne suis pas un technicien mais ça me semble important, la différence entre un groupe charbon et d’autres groupes où l’énergie est produite à partir du renouvelable. Tout ça doit rentrer en ligner de compte. Il faut absolument que nous ayons en effet une réunion constructive avec les différents partenaires, que Monsieur le Maire citait, mais aussi avec l’Etat qui doit prendre à un moment donné ses responsabilités. Parce que se rajoute à ça la précarité énergétique de la région, qui est quand même importante, puisqu’on a du mal parfois à produire de l’électricité pour toute la région. Je vous rappelle qu’il y a deux ans de cela, ou alors l’année dernière, je ne sais plus, le Préfet a été obligé de réquisitionner les salariés de la centrale de Gardanne parce qu’ils étaient en grève. A un moment donné, si on réquisitionne une entreprise, c’est qu’on a besoin de sa production électrique. Voilà un petit peu ma position. Elle va dans le sens de la motion : oui, il faut chercher des solutions alternatives pérennes, obliger les entreprises à contribuer à la pérennité du site, l’Etat a tout son rôle à jouer. Oui, il faut travailler là-dessus. Voilà un petit peu la position que j’ai défendue auprès de la commission et que je continuerai à défendre.

M. GARELLA : Je pense que vous avez compris que notre groupe sera solidaire dans cette situation. Ce que je n’ai pas très bien compris par contre, c’est est-ce que c’est l’option, comme l’a précisé Monsieur Jorda, de la défense du groupe charbon qui sera le sujet de ce groupe de travail, ou c’est la reconversion de la centrale, de votre part ?

M. MEI : Ce sont les deux. Je pense qu’il faut, comme le disait Claude Jorda, on peut avoir besoin du charbon, et on peut avoir des combustions propres. Donc il y a d’autres façons de l’utiliser. Sinon, utiliser le bois de toutes nos régions. Il y a des quantités extraordinaires de bois. Chaque année, c’est plus 3 ou 4 % de forêt supplémentaire : des champs qui ne sont plus cultivés et c’est la forêt qui prend la place. Il y a un film qui va sortir dans peu de temps, c’est le Boulanger de Valorgues, qui va repasser : à un moment, la caméra fait le tour de Gardanne, il n’y avait presque pas de forêt, tout était cultivé. Je dis qu’il faut l’utiliser, à travers ce qu’on appelle la sylviculture, vous coupez un arbre, vous plantez un arbre. Et je dirais, comme le ministre canadien, c’est de la vertu de planter un arbre, mais c’est aussi une vertu que de le récupérer, que de le récolter. Tout cela est possible à travers la sylviculture. Cela fait partie de la culture, comme on cultive des pommes de terre et autres, il y a aussi une technique de culture du bois, qui fait qu’on renouvelle la forêt.

Mme PRIMO : Je voulais juste donner deux éléments très courts dans la réflexion. Premier élément, UNIPER, l’actuel propriétaire de la centrale à charbon de Gardanne, est propriétaire en Allemagne de centrales à charbon. Deuxièmement, on peut à la fois défendre le développement des énergies renouvelables et défendre de mettre en place, ici et avec les quatre centrales à charbon françaises, un outil de recherche pour de la production propre. Ce que nous ferions ici, en terme de développement durable et de diminution de CO² dans l’atmosphère, pourrait être utile à l’Europe, parce que l’Allemagne, mais pas seulement, et y compris dans le monde. Donc, si on veut véritablement être actifs sur le terrain de l’avenir de la planète, je crois que c’est ce type d’attitude qui correspond à ce qu’il est nécessaire de mettre en oeuvre. C’est un peu tout ça notre position. Il n’y a pas d’opposition entre continuer à défendre le charbon et regarder vers les énergies renouvelables, même si elles ne produisent pas tout à fait la même chose au même moment.

M. MEI : Je vous rappelle que dans les années 81, quand on a relancé la production charbonnière, avec l’élection du président Mitterrand, on a construit une haute cheminée pour répartir la pollution. A cette époque, des verts, des contrariants, des écolos, il n’y en avait pas. Et nous, nous nous étions battus en disant "oui à la centrale, mais il faut dépolluer". Avec une association de Marseille, dont j’ai rencontré sa présidente il y a quelques jours, la bataille qu’on a menée fait que le dernier groupe qui a été construit, qu’on appelle à lit fluidisé circulant, a été un modèle. Les Chinois venaient constater comment on pouvait utiliser le charbon pratiquement sans pollution. Donc c’est possible et aujourd’hui les technologies permettent de brûler le charbon d’une meilleure façon.

VOTE
UNANIMITÉ