Ville de Gardanne
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Question supplémentaire
jeudi, 5 novembre 2020

Monsieur le Maire : Les délibérations sont terminées, je souhaite donner la parole à Claude Jorda qui souhaite aborder le thème de l’industrie.

Monsieur Jorda : C’est Paméla qui interviendra pour "le Collectif Citoyens Solidaires".

Madame Ponsart : La ville garde encore le souvenir bien vivant de la fermeture de la mine, de la morosité économique qui s’en est suivi se répercutant sur les commerces de centre-ville. Certains semblent pourtant prêts à enterrer ce qui nous reste d’industrie sans combat en lui livrant un vibrant hommage. Ils posent déjà un regard nostalgique sur ce qui fût pour eux le passé de Gardanne. Nous voulons au contraire une industrie qui produise localement ce que nous consommons, qui fasse vivre la ville et ses alentours et qui porte des idées pour l’avenir. Avant de penser à la relocalisation des activités productives comme prétend le souhaiter le Président Macron, arrêtons de fermer nos usines. C’est à la centrale avec la décision prise d’anticiper la fermeture de la tranche 5 à charbon que la situation est la plus périlleuse, le plan de licenciement est d’ores et déjà sur la table pour fin 2020 et a été présenté aux représentants du personnel.

Combien des 160 emplois statutaires actuels sont concernés ? Combien parmi des centaines d’emplois indirects à Gardanne sous-traitant et métiers externalisés et dans le Département toute la chaîne logistique d’approvisionnement et de transport. Les pouvoirs publics et notamment la Préfecture représentant l’État ne font rien pour s’y opposer alors même que des projets alternatifs existent, notamment celui à plusieurs volets proposé par les salariés. Le choix de fermer les centrales françaises à charbon est un choix purement politique qui ne répond absolument pas aux enjeux de politique énergétique en l’absence de solutions pérennes de remplacement. L’argumentaire écologique se borne à envisager une externalisation de la production, les propositions des salariés offrent elles une vraie vision globale de ce que doit être la protection de l’environnement, loin des discours propagandistes et souvent porteurs de contre-vérités.

Altéo actuellement en redressement judiciaire, la situation est également inquiétante. Parmi les 8 offres de reprise seuls deux s’engagent sur l’ensemble de l’activité et notamment l’amont, transformer de la bauxite en aluminium génératrice de déchets. Là encore sur ce sujet l’écologie n’est pas pensée globalement, le projet, nos écrans de smartphones à base d’aluminium et cetera est souvent générateur de déchets la vraie écologie consiste à traiter ses déchets chez nous en s’imposant le respect des normes environnementales les plus sévères. C’est la démarche entreprise par Altéo depuis des années tant au niveau des effluents liquides dans les calanques que pour les boues rouges de Mangegarri.

Nous défendons cette vision qui est celle des deux offres reprenant l’ensemble des activités, ce serait à priori celles offrant les meilleures garanties en terme de maintien de l’emploi. Si l’usine n’était pas reprise, combien des 511 emplois directs et combien d’intérimaires sous-traitant et autres emplois indirects seraient sacrifiés. On le sait, ce ne sont pas seulement des emplois statutaires chez Altéo et la Centrale qui sont menacés ce sont également beaucoup d’emplois indirects du tissu industriel local et départemental qui seraient sur la sellette et au-delà du secteur industriel, c’est le développement économique de notre ville qui pourrait être impacté. Combien d’emplois induits au niveau des commerces et des services de proximité seraient à terme condamnés, refusons que l’industrie ne soit qu’un souvenir romantique d’un passé glorieux.

Monsieur le Maire : Merci Madame Ponsart. Lundi prochain, tous les acteurs du Pacte Territorial se retrouveront en Préfecture pour aborder l’avenir de notre territoire après la fermeture de la centrale à charbon. Dès mon entrée en fonction, je me suis investi pour peser sur ce Pacte Territorial qui était déjà bien avancé puisque Monsieur Meï avait travaillé depuis 3 ans à son élaboration. Lors de la précédente réunion Préfecture le 11 septembre dernier, devant le Préfet Christophe Mirmand, le Sous-Préfet Serge Gouteyron, le Délégué Interministériel David Coste, j’ai tenu mes 2 engagements de campagne.

Durant la campagne électorale, je m’étais engagé à m’opposer coûte que coûte à l’installation d’un incinérateur, ce soir je vous le confirme cet incinérateur n’existera jamais à Gardanne, le pacte territorial a gravé cette interdiction dans le marbre. Mais depuis quelques semaines il apparaît que pour certains des riverains membres de CIQ de notre commune et aussi pour des associations de défense de l’environnement, ce pacte n’est pas satisfaisant, ils militent pour une désindustrialisation du site. Je leur ai dit que je ne partage pas leur vision même si certaines de leurs idées peuvent paraître intéressantes.

Par contre, il manque dans ce Pacte Territorial des engagements vis-à-vis d’eux, j’ai donc demandé à Messieurs Gouteyron et Coste de les recevoir ce qu’ils ont fait. Mon deuxième engagement, était d’être attentif à ce qui est proposé aux salariés dont une salariée siège dans les rangs de l’opposition de ce Conseil Municipal. Le 11 septembre dernier, j’ai donc clairement dit que je signerai ce Pacte Territorial, mais que je ne signerai pas à n’importe quel moment, que je ne signerai qu’une fois que je serai convaincu et assuré que le "volet emploi" est réglé comme il se doit. Dans ce dossier complexe, je discute avec tout le monde et je dois recevoir encore jeudi matin des représentants du personnel.

A l’autre bout de Gardanne, un autre dossier majeur se joue, l’avenir d’Altéo, là aussi nous soutenons les salariés et défendrons l’activité. Quand je dis, nous, je pense aux élus de la majorité comme à ceux de l’opposition. Dès juillet, je me suis positionné contre le maire de Bouc-Bel-Air qui refusait la prolongation du permis pour Mangegarri. J’ai alerté les Présidents du Département de la Région ainsi que le Ministre de l’Économie, la semaine dernière le cabinet de Bruno Le Maire a reçu l’intersyndicale qui a aussi rencontré le Préfet Christophe Mirmand que j’avais sollicité dans ce but.

J’ai également mobilisé 9 Maires des communes de Mimet, Gréasque, Saint-Savournin, Cadolive Peypin, Fuveau Saint-Paul-lès-Durance et Meyreuil qui sont venus devant l’usine soutenir les salariés. Je viens d’apprendre une nouvelle il y a 10 minutes de cela et elle n’est pas bonne, sur les 8 repreneurs possibles, 2 se sont retirés. Un seul reprendrait l’activité dans l’ensemble et les emplois, mais il est le plus fragile, ce qui veut dire que toutes les offres ont des conséquences sur le futur de l’activité et sur le social. Les 6 repreneurs restants sont 4 industriels et de 2 financiers, reste HIG l’actuel propriétaire, qui a jusqu’au 7 octobre pour adresser une offre à l’administrateur judiciaire. Pour ceux qui suivent le dossier, ce sont CHALCO et TIGER HILL qui ont retiré leurs offres. Demain et jeudi, les repreneurs rencontrent les salariés, le 15 octobre, le Tribunal de Commerce se positionnera. Ce soir Gardanne est inquiet.

Merci, la séance est terminée, je vous souhaite à tous une très bonne soirée.