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On dirait le Sud...
Musiques à Gardanne / Energies 399 - Bruno Colombari
mercredi, 10 juillet 2013

Pari tenu, pari gagné : ce Musiques à Gardanne qui portait bien son nom a envoyé Sur les routes du soleil et sur la grande scène du cours de la République ses plus grands talents locaux. Suivez-nous dans les coulisses.

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29 juin 2013 : Sur les routes du soleil et
29 juin 2013 : Un Musiques à Gardanne fait maison

QUAND S’ACHÈVE Funiculi Funicula repris a capella par le public du cours le samedi 29 juin, la satisfaction se mêle au soulagement. Le pari pour le moins audacieux annoncé par Mustapha El Miri, adjoint à la Culture, il y a tout juste un an a débouché Sur les routes du soleil, un grand spectacle où chaque talent s’est mis au service du collectif. Le genre de chose qu’on aime bien à Gardanne.

Au départ du projet, il y avait l’envie de mettre en avant des artistes locaux, avec une exigence forte : celle d’avoir sur scène des musiciens confirmés, et un fil conducteur, le soleil et la Méditerranée sur un texte original de Lionel Parrini. « Tout a commencé en septembre avec le choix des titres, explique Silvia Caramanna, programmatrice culturelle et conceptrice du projet. Les répétitions individuelles ont commencé en mars, puis en mai on s’est installés chaque lundi à la Maison du Peuple pour un travail collectif. Et il faut ajouter cinq jours de filage la semaine avant le concert. »

POUR ARRIVER AU BOUT, il a fallu braver bien des obstacles, comme réunir le casting, et notamment l’invité d’honneur, Adama Dramé. Faire venir un artiste du Burkina Faso n’est pas une mince affaire, notamment pour obtenir tous les papiers. Après quelques coups de chaleur, Adama est finalement arrivé à Gardanne le jeudi 27, quarante-huit heures avant le spectacle.

Samedi, sur le coup de 19h30, Les Poulettes ouvrent le bal sur la scène du boulevard Bontemps tandis qu’un peu plus haut sur le cours de la République, Melodic Murmur et Mistral Blues évoluent sur un registre rock-blues qui fait doucement monter l’ambiance. Pendant ce temps, la Maison du Peuple s’est transformée en loge géante. Autour de la table, les artistes de Sur les routes du soleil grignotent des viennoiseries ou s’attaquent à un couscous avant d’aller se changer.

« Mon père travaillait à Pechiney, c’est mon lien avec Gardanne, explique Éric Fanino (qui a joué Tatie sur scène en décembre dernier). Le texte de Lionel Parrini, je l’interprète comme un lecteur. Je suis dans un registre très différent de mon personnage d’humoriste. » Lionel Parrini, qui a écrit la fable La boul’angerie, raconte : « Les chansons étaient déjà choisies, et du coup j’ai écrit un texte en décalage, je ne voulais pas faire quelque chose qui ne serve qu’à lancer la chanson suivante. Il faut laisser de la place à l’imaginaire du public. »

Nasser Soltani revient volontiers sur son attachement à Adama Dramé, qui l’a formé à Bouaké (Côte d’Ivoire) il y a trente ans. « Avec lui, ça s’est calé le plus simplement du monde. Entre musiciens professionnels, on n’a pas besoin de parler. Le rapport humain est primordial dans ce genre de projet, avant la musique. Là, il n’y a pas eu de tension. » Marc Cicero raconte qu’il « travaille avec Marc Campo sur d’autres projets. En musique, les chemins se croisent, on se fait de nouveaux amis. J’ai découvert Adama, avec lui ça a été très court, il a fallu se caler très vite. »

Naëma B est arrivée l’avant-dernière sur le projet, après Arts & Festins du Monde où Silvia Caramanna l’avait remarquée. « Je suis danseuse orientale, pas musicienne. On n’a pas tous la même expérience, mais on a tous le même coeur. L’appréhension, je l’avais avant de commencer, bien sûr, mais dès la première minute avec eux, j’ai été adoptée. »

SA PRESTATION SUR SCÈNE, pendant que Nasser Soltani chante Ya Rayha, contribue à faire sérieusement monter la température, juste après que Jérôme Sainati nous ait envoyé de Bons baisers de Marseille accompagnés par huit enfants de Gardanne en tricots rayés.

Irène Porcu, dont la prestation au chant sur Figli delle stelle n’est pas passée inaperçu, s’est dite « Très contente de jouer avec mon cousin Flavien et avec Nathalie [Sainati] et John [Massa] qui étaient au collège avec moi. Musiques à Gardanne, j’y ai participé deux fois, avec Raoul Petite et l’an dernier dans mon groupe Kashmir. »

S’il y en a bien un sur lequel le stress n’a pas de prise, c’est Adama Dramé. Au bout de 47 ans de carrière, c’est un peu normal. « Il a fallu un peu se caler car ma musique est à cinq temps, c’est plus difficile à jouer ensemble. Je ne savais pas que ça allait marcher aussi vite, mais avec des pros, ça va toujours. La musique, il faut la vivre, c’est tout. »

Ça paraît si simple. Au coeur du spectacle, il nous offre quelques minutes de solo virtuose avant d’entamer un subtil et puissant dialogue avec chaque musicien : le langage universel et intemporel de la musique. Avec lui, la Méditerranée descend jusqu’au coeur de l’Afrique, celle des griots.

Le Bambino survolté qui suit, aux accents rock et hip-hop, met en scène trois élèves de Street M’Dance formés par Maan Chadouli, accompagnés par le sax velouté de John Massa. Quelques heures plus tôt, ce dernier nous confiait : « Quand j’ai vu l’équipe que Marco [Campo] réunissait, je savais que ça allait marcher. Il fallait une rencontre humaine, et la résidence l’a permis. Il fallait ce temps-là pour se retrouver, se regarder du coin de l’oeil, se faire des sourires. On se respecte, mieux, on s’aime beaucoup. Ce projet ne part pas d’une nécessité mais d’une envie, c’est quelque chose d’authentique.  »

Marc Campo, qui a coordonné toute la partie artistique et qui a écrit les arrangements des chansons, est satisfait du résultat  : « Ça s’est passé comme prévu. J’ai écrit pour chacun, je les connaissais tous. J’ai essayé de faire quelque chose d’accessible, mais il n’y avait pas de souci, c’est des gens formidables. On aimerait bien continuer !  » Et pour cause : les répétitions et le concert ont forcément donné l’envie à ces artistes, qui pour la plupart se connaissent mais n’avaient jamais travaillé ensemble, de prolonger l’aventure dans les prochains mois, histoire que ce Musiques à Gardanne exceptionnel soit un point de départ plutôt qu’un aboutissement.

Dans la foule samedi, il y avait des programmateurs de spectacles venus en curieux voir à quoi pouvaient bien ressembler ces Routes du soleil. Maintenant, ils savent.