Chantier Charpak à Château-Laurin

Une première pierre à l'édifice Stéphane Conty & Loïc Taniou

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Fin janvier a eu lieu à Gardanne la pose de la première pierre du Centre de microélectronique Georges-Charpak. Plusieurs personnalités du monde scientifique, élus des différentes collectivités, visiteurs invités étaient présents au côté du ministre de l’industrie pour le lancement officiel du chantier de la première école d’ingénieurs en microélectronique de France.

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Centre microélectronique Charpak

Lundi 30 janvier 2006 à 14h, de nombreuses personnalités se sont déplacées à Gardanne, ainsi que des médias comme France 3 et ceux de la presse économique pour assister à la pose de la 1ère pierre du Centre Microélectronique de Provence Georges-Charpak (CMPGC) rattaché à l’école nationale des Mines de St-Étienne. Le maire Roger Meï et plusieurs élus étaient présents pour les accueillir.

« La symbolique de la pose de la première pierre est forte, a-t-il expliqué. La fermeture de la mine a eu lieu il y a trois ans. C’est un vrai traumatisme. Il ne faut pas oublier l’histoire des mineurs. Le chemin qui mène au Centre de microélectronique s’appelle le chemin des mines. Georges Charpak qui a donné son nom au CMP a commencé son parcours professionnel au fond de la mine. Aujourd’hui, l’école va jouer un rôle d’attractivité pour la commune et permettre à de nouvelles entreprises d’éclore. Avec la présence des étudiants et des chercheurs, nous sommes en train de réussir la reconversion. »

Le ministre de l’industrie François Loos était présent pour l’événement et a rappelé « qu’avec la création d’une telle école, nous avons un projet ambitieux qui prolonge l’histoire minière. Avec sa pédagogie innovante et ses compétences, il était donc tout à fait naturel que l’école des Mines de St-Étienne soit porteuse de ce projet de formation d’ingénieurs de haut niveau. »

Une reconversion en passe de réussir

François Gérin, Président du Conseil d’administration de cet établissement universitaire parmi les plus prestigieux du pays a justifié le choix de Gardanne  : « Expatrier une antenne loin de StÉtienne n’a pas été une décision simple à prendre et à appliquer. Mais avec 40 % de la production nationale de la microélectronique développée ici et la constitution du pôle de compétitivité, c’est ici que ça se passe. Ainsi, le CMP GC est très original dans sa démarche en étant très proche de l’industrie, des entreprises, des laboratoires. Il affiche une stratégie de développement indispensable pour progresser et répondre aux exigences de l’innovation. »

Ce nouveau centre de formation et de recherche aura pour objectif de satisfaire les besoins futurs de la microélectronique et ainsi de générer des créations d’emplois. Comme à Sophia- Antipolis, Gardanne va contribuer à rapprocher les entreprises du secteur, la formation d’ingénieurs et la recherche. Une dynamique qui est soutenue par les collectivités territoriales.

Pour Jean-Noël Guérini, Président du Conseil général, « nous n’avons pas hésité à réaliser des investissements importants car l’enseignement et la recherche sont au service de l’avenir de nos jeunes. » Michel Vauzelle, Président du Conseil régional s’est félicité « du choix politique fort qui a été fait avec ce projet, celui de favoriser la création en Paca d’une nouvelle grande école. » Maryse Joissains, maire d’Aix-en-Provence a quant à elle noté « la bonne coopération qui a fonctionné entre les deux villes sur ce dossier de la microélectronique, un secteur porteur d’avenir à l’image d’Iter. »

Gardanne avec ce Centre de microélectronique sera au coeur d’un des six pôles de compétitivité à vocation mondiale labellisés par l’État, celui des Solutions communicantes sécurisées lié au développement de la filière microélectronique en région Paca.

L’idée directrice ayant présidé à la création de ces pôles est de regrouper au sein d’une même structure différents acteurs privés et institutionnels qui oeuvrent dans un domaine commun. En l’occurrence il s’agit de regrouper les acteurs de la microélectronique et de la sécurité avec cartes à puces et ses dérivés (étiquettes électroniques, passeports électroniques...).

L’un des pivots de ce pôle est le Centre Intégré de Microélectronique pour la région Paca (le CIMPACA). Doté d’un budget de 100 millions d’euros sur 5 ans, ce projet mis en place en 2005 est composé de trois plates-formes spécialisées chacune dans un domaine particulier, et localisées à Sophia-Antipolis, Rousset et Gardanne. Le CMPGC héberge la plate-forme micro-packaging et sécurité (MicroPackS) destinée à servir la communauté de la carte à puce, en accompagnant son développement vers les nouveaux marchés des objets communicants sécurisés.

Édouard Brézin, Président de l’académie des sciences a tenu à rappeler « la démarche exemplaire de l’école qui a choisi en collaboration avec les scientifiques des domaines très porteurs pour former les meilleurs étudiants et développer la recherche et l’innovation. » Propos que Alain Bugat, administrateur général du CEA confirme : « Le Léti (un laboratoire devenu une référence mondiale dans son domaine de recherche) sort de ses bases grenobloises pour gagner Gardanne et développer ici des projets communs. »

Bernard Barbier son directeur explique pour sa part que « le marché des objets communicants est très important. Ce sont par exemple 500 millions de téléphones portables qui sont vendus dans le monde, de nouvelles perspectives sont aussi offertes par le monde médical. Miniaturisation, communication par ondes, télécommunication du futur nécessitent de nouveaux besoins en ingénierie. Et c’est ici que ça va se passer ! »

Georges Charpak, prix Nobel

Le centre portera donc le nom de Georges Charpak qui était présent le 30 janvier à Gardanne. Physicien français né le 1er août 1924 en Ukraine, il devient citoyen français en 1946 et en 1986 est élu membre de l’académie des sciences. Il reçoit le prix Nobel de physique en 1992 pour son invention du détecteur de particules à chambre proportionnelle multifils dont il étudie les applications notamment en imagerie médicale. Depuis 1996 il dirige un important mouvement de rénovation de l’enseignement des sciences à l’école primaire, La main à la pâte. Préoccupé par l’enseignement, il est aussi Président du prix PurKwa créé par l’école des mines de St-Étienne qui promeut l’apprentissage scientifique des enfants du monde entier.

660 élèves et 70 professeurs en 2007

« A l’issue de la première phase de travaux prévue pour la rentrée 2007, le centre disposera de 19000m2 de locaux bâtis sur 6 ha. Toutefois, dès la rentrée 2006 deux bâtiments seront livrés par anticipation, la halle système qui abritera 650m2 de salles blanches pour la recherche, et un premier immeuble d’hébergement de 55 studios » a annoncé Robert Germinet, directeur de l’école supérieure des Mines dans son allocution d’ouverture lors de la cérémonie.

La deuxième phase du chantier portera sur la réalisation de deux bâtiments pour l’hébergement des élèves et d’un gymnase. L’ensemble du projet prévoit donc sept édifices d’un total de 26 300m2 incluant pour les cours et la recherche 27 espaces d’enseignement, 650m2 de salles propres, 13 laboratoires, un amphithéâtre de 150 places et un centre de ressources documentaires. L’école disposera aussi de locaux administratifs, d’un restaurant et d’un espace modulable de 800m2 pour l’organisation de manifestations. Le campus étudiant comprendra en plus des logements, des infrastructures sportives et un bâtiment dédié à la vie des élèves.

L’ensemble de ces installations est prévu pour accueillir 660 élèves encadrés par 130 salariés, qu’il s’agisse d’enseignants, de chercheurs ou de personnels administratifs.

D’ici là, le centre qui a ouvert ses portes voilà maintenant trois ans, continuera de fonctionner dans des locaux provisoires mis à disposition par la commune à Biver, au centre St-Pierre. Enfin, depuis octobre dernier une équipe de recherche Packaging et supports souples est installée au puits Yvon-Morandat.


Qui finance ?

Le coût de la première phase des travaux qui se terminera à la rentrée 2007 est de 46,1 millions d’euros, dont le financement se réparti comme suit :
- Conseil régional PACA : 11 millions
- Conseil général des Bouches-du-Rhône : 11 millions
- Fonds Européen de Développement Régional : 7,5 millions
- État : 6 millions
- Fonds d’industrialisation des bassins miniers : 4 millions
- Ville de Gardanne : 3,6 millions
- Communauté du Pays d’Aix : 3 millions


Mobilisation pour un projet

Voici un bref retour sur le marathon qui a servi de prélude à la réalisation du projet sur le site de Gardanne. C’est en 1999 que le maire de Gardanne Roger Meï accompagné de Michel Vauzelle, Jean-Noël Guerini et des représentants de mineurs rencontre Dominique Strauss-Kahn, alors ministre de l’économie, des finances et de l’industrie, pour aborder l’avenir du bassin minier de Provence suite à l’annonce de la fermeture des mines en France. Le 15 mai 2000 le premier ministre Lionel Jospin en visite à Rousset annonce la création à Gardanne de la première école d’ingénieurs en microélectronique de France, rattachée à l’école nationale des Mines de St-Étienne (ENSM-SE). Une première étude souligne alors les avantages d’une accessibilité facile et de la proximité de grandes entreprises de microélectronique dont bénéficie Gardanne. Suite à cette annonce, la commune, les syndicats, la Région, le Département, l’ENSM représentée par Robert Germinet, la Chambre de commerce et de l’industrie, les entreprises de la microélectronique ont alors pesé de toutes leurs forces politiques et économiques pour que le CMPGC voit bien le jour à Gardanne.

Le 12 mars 2002 est finalement signée au ministère des finances la convention officialisant l’acte de naissance du centre à Gardanne. A cette occasion le ministre confirme par ailleurs l’ouverture anticipée de l’école dans des locaux provisoires mis à disposition par la ville situés au Centre de formation Perform de Biver à Gardanne.

En juin 2003, l’ENSM-SE choisit le projet de l’architecte Aymeric Zublena qui un an après est à Gardanne pour une présentation à la population.

En 2004-2005, la première consultation d’appels d’offres pour la réalisation des travaux n’ayant pas abouti une deuxième est nécessaire, ce qui retarde le début des travaux de quelques mois.

Enfin, en mars 2005 une lettre est envoyée conjointement par la commune, la CPA, le Département et la Région au ministre de l’industrie François Loos, pour que l’État tienne ses engagements en matière d’attribution de postes d’enseignantschercheurs au CMPGC. Cela étant acquis, le chantier a pu démarrer.