Artisanat

Une Tuilerie aux mille et un visages Energies 367 - Loïc Taniou

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La Tuilerie Bossy, ancienne fabrique de céramique fondée en 1837 et fermée au début des années 1970, abrite une douzaine d’artisans qui travaille l’argile, la pierre, le bois, le métal, le verre ou encore le temps… Des artisans qui vous donnent rendez-vous pour découvrir leur savoir-faire et leurs réalisations.

La légende familiale raconte que vers 1830, un compagnon potier qui entreprend le tour de la France est hébergé par Pirame Bossy. Participant aux travaux de la terre, il remarque la grande qualité de l’argile et conseille à Pirame de l’exploiter. Ainsi, la Tuilerie est fondée en 1837 et mise en location avec son matériel à des artisans potiers.

Le matériel est sommaire, mais comprend un four qui existe encore de nos jours. Elle fournit quelques personnages célèbres comme Matisse à qui elle propose des carreaux à émailler pour la chapelle de Saint- Paul de Vence ou encore de la matière pour la réalisation des premiers Claustra de l’architecte Pouillon. Mais au début des années 70, l’exploitation décline et s’arrête progressivement. La Tuilerie semble rejoindre la longue liste des lieux oubliés.

Une trentaine d’années plus tard, Daniel Bossy entreprend la réhabilitation de la Tuilerie pour y développer un centre d’Artisanat d’Art, conservant quelque peu sa vocation première. Entièrement rénovée, la Tuilerie est devenue un centre artisanal reconnu qui a été cette année le point de départ de La route des métiers d’art initiée par la Chambre des métiers.

Elle abrite désormais une douzaine d’artisans avec de réels savoir-faire, parfois transmis de génération en génération à l’image de Céline Patrizio, mosaïste, qui perpétue une véritable tradition familiale depuis quatre générations. Son père a travaillé à la restauration de Notre- Dame de la Garde durant deux années, de 2006 à 2008, après avoir précédemment restauré celle de la Basilique du rosaire à Lourdes... Et son grand-père a refait les sols de l’Opéra de Marseille en 1903. « Je fabrique des mosaïques aussi bien classiques que modernes, souligne-t-elle, à partir de matériaux en provenance d’Italie qui sont produits dans des fours à Venise. Mais j’aime aussi mélanger les matériaux comme des éléments de bijoux, de la terre cuite, des tuiles. »

Dans un atelier voisin, Myriam Rétif travaille le Rakù, la terre et la céramique. Elle a créé son propre four fait maison qui chauffe à 900°C. « Pour le marché de Noël, nous proposons un ensemble de pièces allant en moyenne de 30 à 300 euros, précise Myriam qui est également présidente de l’association des artisans. Nous avons fabriqué de petits objets pour Noël, utiles et abordables. »

Quelques pas plus loin, il y a beaucoup de vie dans l’atelier poterie de Marion Jonac car c’est le mercredi et une petite flopée d’enfants âgés de 5 à 10 ans participe à des stages de découverte de la poterie, du modelage à la cuisson en passant par la décoration.

Cet espace artisanal abrite également un autre personnage remarquable : Thierry Gibernon, qui a été sacré meilleur ouvrier de France en 2000 avec la réalisation d’une pendulette à laquelle il a consacré plus de mille heures de travail. « Une pendulette avec un affichage de l’heure sectoriel et rétrograde,  » aime-t-il préciser.

Lui aussi, en dehors de ses activités de restauration d’horloges, pendules et montres, propose une découverte de son savoir-faire grâce à des stages mensuels où le public est amené à se familiariser avec les mécanismes complexes de l’horlogerie et à fabriquer sa propre horloge médiévale. Thierry Gibernon se lance également dans la fabrication de montres haut de gamme de sa propre création dont les neuf premiers exemplaires numérotés et réalisés à la main, doivent voir le jour début d’année 2012.

Les bâtiments de la Tuilerie Bossy, situés sur le chemin du Moulin du fort du côté de Valabre recèlent de véritables savoir- faire et personnages haut en couleurs qui se laisseront découvrir volontiers tout au long de l’année au hasard d’une visite ou sur rendez-vous.