Samedi 8 avril, dans la lumière d’une matinée ensoleillée de début de printemps, de nombreux visiteurs dont plusieurs personnalités s’étaient déplacés route de Mimet pour l’inauguration du “cabanon du Claou”. Peint par Cézanne en 1886, la petite bâtisse a été récemment acheté et restauré par la Ville avec l’aide des Autocars Blanc qui ont joué les mécènes en participant financièrement à sa mise en valeur. « Une acquisition du cabanon, qui a pu se faire également grâce à l’esprit d’ouverture de M. et Mme Aubert, propriétaires du terrain, qui ont été à l’écoute et permis de préserver ce site » a tenu à saluer Jeannot Menfi, élu au patrimoine.
Ce matin-là, devant le cabanon, Denis Coutagne, conservateur en chef du patrimoine et directeur du musée Granet a exprimé son « émotion d’être là, de découvrir ce nouveau site Cézannien qui nous est donné grâce à l’action de la municipalité. » Il a souligné l’importance de Gardanne dans la vie du peintre « un moment intense dans sa vie privée comme dans sa peinture. Un moment où Cézanne va construire son oeuvre, amorcer une phase de synthèse et de construction moderne où l’on peut percevoir des signes annonciateurs du cubisme. » A Gardanne, Cézanne a commencé à s’éloigner de ses amis impressionnistes pour s’attacher à la structure des choses, aux compositions en pyramide. Une période charnière dans sa peinture qui devient progressivement d’une surprenante modernité.
Bertrand Collette, responsable de la Mission Cézanne 2006, s’est dit « ravi de voir que Gardanne se mobilisait de manière très forte. » Et Bruno Ely conservateur commissaire adjoint de l’exposition Cézanne en Provence de souligner « la démarche de la ville qui prend à coeur de conserver le patrimoine de manière intelligente et de le mettre en valeur. Ce paysage conservé pratiquement intact 120 ans après est surprenant. Il faudra s’efforcer de préserver les points de vues et cette perspective du tableau qui part du cabanon jusqu’au clocher. » De son côté, Mustapha El Miri, adjoint à la culture tenait à rendre hommage « aux Gardannais, amoureux de Cézanne, grâce à qui j’ai beaucoup appris. Ces passionnés locaux qui ont travaillé pendant plusieurs années, comme Jeannot Menfi, Huguette Garrido, Lucienne et Czeslaw Naldolski, Michel Deleuil. »
Un travail de longue haleine qui a permis notamment de retrouver le cabanon. Car au départ, la toile s’appelait Colline provençale jusqu’à ce que Jeannot Menfi avec quelques amis ne découvrent une reproduction du tableau en noir et blanc où l’on apercevait au loin le clocher de la vieille-ville. Ace moment-là, ils ont identifié une toiture pointue de couleur rouge, au milieu d’une diagonale allant du cabanon vers le clocher. « Il s’agissait d’un repère important. Nous avons alors reconnu la maison du notaire M. Gras. Ensuite, avec la colline et le clocher, nous avons pu retrouver le fameux cabanon. Plus tard, je me suis rendu en Suisse où l’on peut voir le tableau. Je leur ai fait part de nos recherches. Depuis, la toile s’appelle “Gardanne, vue du Claou” » nous raconte Jeannot Menfi, grand passionné de Cézanne. Un nouveau site Cézannien était découvert à Gardanne.
Début des visites commentées
Le 8 avril, en début d’après-midi, constituait également le lancement des visites des sites cézanniens de Gardanne proposées par l’Office de Tourisme. La visite commentée, d’une durée de deux heures, commence à la Médiathèque par la projection d’un film sur la période gardannaise de Cézanne réalisé par les élèves et enseignants du collège du Pesquier. Elle permet ensuite grâce à un circuit à pied et en minibus, de découvrir la maison Cours Forbin où le peintre a vécu, le musée de plein-air sur la colline des Frères qui possède plusieurs reproductions de tableaux et de nombreux commentaires sur la vie de Cézanne, le hameau du Payannet et le cabanon du Claou désormais repérés par un totem avec reproduction des tableaux peints.
Une galerie d’arts au collège
La veille, le vendredi 7 avril, le collège Gabriel-Péri rendait également hommage au célèbre peintre en inaugurant son exposition Cézanne d’hier et d’aujourd’hui réalisée par une soixantaine d’enfants de classes de 6e à la 3e et par des adultes artistes amateurs ou professionnels. Le long de la galerie improvisée dans une salle du collège, au travers d’une déambulation agréable, on a pu découvrir des travaux d’une grande qualité présentant des sculptures avec des bustes de Cézanne, des aquarelles présentant les paysages chers au peintre. Côté peinture, la qualité artistique et plastique était là avec des couleurs et des compositions originales d’expression libre ou à la manière de grands peintres comme Andy Warhol, Matisse, Boisrond... De véritables oeuvres d’art réalisées par les élèves sous la direction de Mme Négrel, leur professeur d’Arts plastiques.
Différents prix ont été attribués sous forme de stages à l’école d’Arts plastiques de Gardanne, de livres, de places de spectacles... Comme l’a souligné Roger Meï s’adressant à Annie Roger la principale et aux enfants, « vous avez réussi quelque chose de fort, tant au niveau de la qualité des réalisations que dans la démarche de sensibilisation. L’initiative de ce soir est également un bon exemple d’ouverture du collège sur la ville. Vous êtes à féliciter. » Propos que Mustapha El Miri, adjoint à la culture complétait en notant qu’« il y avait là des élèves en puissance pour l’école d’Arts plastiques. Nous allons d’ailleurs réfléchir à une grande exposition des travaux des élèves dans la ville. Peut-être une journée qui deviendrait un rendez-vous régulier. »