Entretien

Robert Germinet : “Le CMP de Gardanne sera une référence européenne” propos recueillis par Marc Notargiacomo

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Alors que les travaux du Centre Microélectronique de Provence (CMP) Georges-Charpak sont déjà bien avancés et que près d’une centaine d’étudiants vivent déjà sur le campus, le premier Conseil d’Administration du Centre à Gardanne se tiendra le 29 mai prochain. L’occasion pour Robert Germinet* de dresser un bilan et de présenter les perspectives de développement.

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Centre microélectronique Charpak

Quelle signification revêt la tenue de ce premier conseil d’administration du CMP Georges-Charpak à Gardanne le 29 mai prochain ?

Robert Germinet : C’est un acte symbolique fort qui signe l’aboutissement de toute une phase d’élaboration d’un projet majeur pour l’enseignement supérieur et la recherche en microélectronique. Après environ 2 ans de travaux, l’École va pouvoir intégrer ses nouveaux locaux sur un campus de 6 ha avec 21 000m2 de plancher, comprenant toutes les facilités nécessaires telles que les espaces dédiés à l’enseignement et des laboratoires de recherche.

Le coût du projet est estimé à près de 48 millions d’euros. Aujourd’hui, il faut faire vivre ce Centre : il doit devenir ce pour quoi il a été imaginé, conçu puis réalisé, c’est-à-dire être la référence européenne de la microélectronique sur supports souples et la sécurité des cartes à puces, en complémentarité avec ce qui est développé à Grenoble.

Depuis quatre ans le centre fonctionne dans des locaux mis à disposition par la commune de Gardanne. Comment appréciez-vous cette période transitoire ?

Robert Germinet : Sans l’appui constant et déterminé de la Mairie de Gardanne, l’École des mines n’aurait jamais pu engager ce projet en 2003. En effet pour fonctionner, accueillir les premières promotions d’élèves - ils sont actuellement plus de 300 en formation - et les personnels, nous ne pouvions attendre la construction de locaux définitifs. Il nous fallait une solution transitoire que la Mairie de Gardanne nous a offerte grâce à la mise à la mise à disposition de locaux adaptés et rénovés [au centre Saint-Pierre à Biver, NdlR].

L’école des mines de St-Étienne est une école prestigieuse, quelle place le centre Georges-Charpak de Gardanne occupe-t-il dans le réseau national des écoles des mines ?

Robert Germinet : La France compte 252 écoles d’ingénieurs. L’École nationale supérieure des mines de SaintÉtienne figure parmi les toutes premières au palmarès national établi par différents médias, elle est probablement la 1ère en province. Le centre microélectronique est l’un de ses 6 Centres de formation et de recherche, tous positionnés sur des thématiques d’avenir. Il est implanté à Gardanne en raison de la concentration d’industriels de ce secteur : 40% de la production microélectronique est localisée dans les Bouches-du-Rhône.

Bien que jeune, ce Centre a une légitime ambition de rayonnement international. Il est d’ailleurs un élément moteur du Pôle de compétitivité mondial Solutions Communicantes Sécurisées. C’est ainsi que le site Georges- Charpak héberge une des trois platesformes du Centre Intégré de Microélectronique Paca (Cimpaca) dédiée au micro-packaging et à la sécurité des systèmes intégrés.

Cette plate-forme baptisée MicroPackS qui s’inscrit parfaitement dans la politique des pôles de compétitivité voulue par le gouvernement est une réalisation originale grâce à :
- la halle système de 1 000m2 du site qui comprend 650m2 de salles blanches en partie en classe 100 et qui constitue ainsi le seul “outil” de cette qualité et de ce niveau en région Paca.
- des moyens scientifiques conséquents : 8 millions d’euros d’équipements mutualisés définis conjointement par l’École et 6 partenaires industriels et académiques (STMicroelectronics, Gemalto, le CEALéti, Universités...).
- des projets pluriannuels (4 ans) de Recherche et Développement pour un total de 19 millions d’euros, projets collaboratifs et cofinancés par les industriels.
- des synergies des équipes de recherche  : la plate-forme fédère déjà 50 ingénieurs de l’industrie et 15 chercheurs académiques. En régime permanent, 130 scientifiques seront en interaction avec MicroPackS.

Parallèlement, et ce depuis 2004, a été mise en place une équipe de recherche commune École des Mines de SaintÉtienne/ CEA-Léti, la première création d’une unité de recherche par le CEA-Léti hors de son site grenoblois, pour entretenir un lien fort et stratégique entre le site Georges-Charpak et le pôle microélectronique grenoblois.

Le CEA portera à 10 le nombre de chercheurs mis à disposition d’ici à 2007 et par ailleurs projette d’implanter dans les locaux du centre Georges-Charpak une équipe d’une vingtaine de chercheurs uniquement CEA. Le centre Georges-Charpak est en outre fortement impliqué dans le programme de Recherche et Développement “Rousset 2003-2008” avec STMicroelectronics, au titre duquel il a déjà bénéficié de 4,2 millions d’euros de financement.

Comment jugez-vous la collaboration établie avec les différents acteurs locaux : collectivités locales, industriels, chambre de commerce, établissements d’enseignement supérieur  ?

Robert Germinet : Cette collaboration est non seulement excellente mais peu banale. Toutes les collectivités locales (Mairie de Gardanne, Conseil général des Bouches-du-Rhône, Conseil régional Paca, Communauté de communes du Pays d’Aix), se sont réunies autour de ce projet auquel s’est également associée la Chambre de Commerce et d’Industrie Marseille-Provence dès l’origine de manière très concrète et significative.

Le CEA et les industriels ont contribué au démarrage des activités du Centre par l’apport de moyens humains et financiers pour faire de ce centre ce qui se fait de mieux en terme de recherche partenariale, ce qui est parfaitement lisible dans le cadre du pôle de compétitivité Solutions Communicantes Sécurisées.

Grâce à cet élan collectif, l’École bénéficie sur son site de Gardanne d’un environnement de très grande qualité favorable au développement de ses activités de formation supérieure, de recherche partenariale et contribue ainsi, à son niveau, au développement économique de la région.

* Robert Germinet est le directeur de l’École nationale supérieure des mines de Saint-Étienne