N°03 - Autoriser Monsieur le Maire à solliciter les subventions les plus larges possibles auprès de l'Europe, de l'Etat, du Conseil Régional et du Conseil Général pour l'accueil temporaire des familles Roms au puits Z Rapporteur M. le Maire

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M. MEI : Dans le cadre de l’accueil temporaire des familles Roms au Puits Z, il est proposé au Conseil Municipal de solliciter les subventions les plus larges possibles auprès de différents organismes susceptibles de financer les actions mises en place par la ville sur le site et permettant d’améliorer le quotidien de ces populations. J’ai pratiquement l’assurance que le Conseil Général et le Conseil Régional nous aideront. Mais c’est plus difficile d’arriver à l’Europe parce que c’est tellement compliqué. Mais on essaiera d’y arriver.

M. SANDILLON : Vous daignez enfin mettre à l’ordre du jour du Conseil Municipal la question de l’accueil des familles Roms. Bien sûr, pas pour en débattre directement...

M. MEI : Vous avez voté une motion, vous vous rappelez ?

M. SANDILLON : Une motion pour porter plainte contre une pétition qui assimilait tous les problèmes de sécurité de la ville à la problématique des Roms. Donc, cela n’a rien à voir et effectivement, cette motion, nous l’avions tous votée à l’unanimité mais c’était une question spécifique qui n’a rien à voir avec le débat de ce soir. Donc, effectivement, vous mettez ce débat sur la table mais par le biais d’une demande de subvention permettant de renforcer les conditions d’accueil du camp que vous avez créé. Je rappelle que la décision d’accueillir ces familles, vous l’avez prise seul. Vous avez créé une situation qui vous échappe totalement.

Dans la presse, il est fait état d’un camp regroupant plus de 140 personnes dans des conditions de péril imminent, selon vos propres termes, que vous avez rappelé tout à l’heure d’ailleurs. Se posent des problèmes de sécurité, de salubrité, de pollution, voire même une exploitation de cette misère humaine par des réseaux mafieux. Vous en êtes réduit à expulser des familles sans solutions je suppose...

La situation était prévisible et vous prenez enfin conscience que le traitement de ce problème nous dépasse. Les problématiques d’accompagnement social et d’intégration appellent des solutions complexes et coûteuses. Ce n’est pas à Gardanne que le problème des Roms sera résolu. C’est à Paris et à Bruxelles voire même à Bucarest. Ce n’est pas ici qu’on pourra résoudre ce problème.

Vous nous demandez de voter une demande de subvention mais aucun bilan chiffré ne nous est transmis, aucun montant prévisionnel portant sur des équipements ou des constructions. Ce dossier est vide. Comment peut-on demander une subvention sans en connaître le montant, ni même l’objet précis. Combien de personnes sont aujourd’hui accueillies dans ce camp ? Combien doivent être expulsées ? Quel est le montant des dépenses déjà engagées par la ville ?

La question vous a déjà été posée, ce soir, je la repose. Quel est l’objectif de ces subventions ? L’accueil sera-t-il temporaire, comme vous l’aviez dit ou définitif ? Tant de questions en suspens... Cette situation devient intenable et exige de votre part la plus grande transparence. Vous la devez aux Gardannais. Ne comptez pas sur moi pour participer à cette parodie. Vous avez engagé seul votre responsabilité sur ce dossier.

M. MEI : Je l’ai engagé seul avec l’appui de ma majorité. Il y avait effectivement des gens qui sont venus sur deux endroits, vivant dans des conditions absolument épouvantables et nous les avons rassemblés. Il y a une douzaine de familles ; on les a installés sur le puits Z. On a mis l’eau, l’électricité. On a obligé les enfants à aller à l’école. Avec l’appui extraordinaire de l’Education Nationale et des associations, nous allons les rencontrer pour discuter avec eux et se mettre d’accord sur une charte. Je suis un descendant d’immigré, mon grand-père est venu d’Italie travailler au chantier de La Ciotat. Il n’est jamais allé à l’école. Les Italiens ont subi, après ça a été d’autres peuples : les Arméniens et en dernier les gens d’origine maghrébine.On entend aussi ce refus de l’étranger.

J’ai pris cette responsabilité et j’en suis fier et nous allons mener à bien l’accueil de douze familles Roms sur Gardanne et c’est une fierté. Ca me rappelle un temps où, pour la maison de soins palliatifs, on entendait les mêmes arguments. Chacun doit prendre sa part d’humanité. Il y a actuellement plus de 2 000 personnes qui errent de çi de là, qui sont envoyées d’un camp à un autre. Moi, je dis, notre fierté à nous, c’est d’avoir pris notre part d’humanité.

Mme CRUVEILLER : Je voulais juste dire que tout à l’heure, vous m’avez dit que j’avais voté la motion, mais la seule motion que j’ai votée, c’est celle qui avait été présentée par M. El Miri sur une pétition non signée, ce qui m’a choquée. C’est la seule motion que j’ai votée parce qu’elle était légitime. Ensuite, vous m’avez demandé, le premier soir où il y a eu un attroupement devant le parvis, si j’avais des qualités humaines, si je voulais venir à côté de vous et je suis venue. Alors arrêtez de me ressortir que je suis venue pour les Roms parce que franchement, ça n’avait rien à voir avec la question des Roms.

M. LAMBERT : Nous avons bien en tête votre engagement par rapport à des personnes qui étaient dans une situation désespérée mais ce que nous disons depuis des mois, et que nous souhaitons que vous entendiez ce soir, c’est que s’il y a des solutions à mettre en œuvre, nous devons les mettre en œuvre collectivement comme je vous l’ai proposé par courrier il y a déjà plus de trois mois. Cette mise en œuvre collective et la capacité à mobiliser tout à la fois les élus locaux, les élus nationaux, les représentants de l’Etat, les services municipaux, les services départementaux, la Région, bien sûr aussi avec les Roms et les associations.

Je me permets de rappeler qu’aujourd’hui le Gouvernement, par le biais du Préfet Régnier, délégué interministériel pour l’hébergement et l’accès au logement des personnes sans abri ou mal logées, et bien ce Gouvernement s’engage avec des moyens humains, autour du Préfet, trois personnes plus une inspectrice de l’Education Nationale qui est en charge d’aider à l’intégration, plus une personne en charge de l’accompagnement à l’emploi, des engagements financiers avec 4 millions d’euros disponibles pour faire un diagnostic d’accompagnement, avec des engagements en terme d’outil comme ce livret, que je tiens à votre disposition.

Je ne sais pas si vous avez pu y accéder mais il est disponible depuis un moment. J’ai rencontré le Préfet Régnier le 31 janvier dernier, je lui ai proposé de nous aider, il est prêt à venir donc je souhaiterais qu’on ne l’oublie pas. J’ai rencontré les associations : elles sont volontaires aussi à collaborer. Plutôt que de faire cette motion qui maintient un statu quo, statu quo que vous faites financer par d’autres en maintenant un camp dans une situation indigne, comme vous l’exprimez souvent, nous vous demandons de saisir officiellement les services du Préfet Régnier, ceux de la région, pour réellement rechercher ensemble une solution pérenne et digne pour les Roms et dans le respect de la population locale. Merci.

M. MEI : Merci, Monsieur Lambert. J’ai appelé Monsieur Régnier. Si vous pouvez nous avoir de l’argent, nous sommes preneurs.

M. LAMBERT : Ce qui est important, je viens de vous le dire, c’est que le Préfet est prêt à venir.

M. MEI : S’il vient les mains vides, ce n’est pas la peine.

M. LAMBERT : Ne préjugez pas s’il vous plaît ! Le Gouvernement met les moyens, je vous les redis : trois personnes, une inspectrice de l’Education Nationale, un accompagnement à l’emploi, 4 millions d’euros pour participer au diagnostic d’accompagnement, un livret que vous n’avez pas lu apparemment, je vais donc vous l’offrir, un deuxième est en cours, des outils pour accompagner l’accueil de ces personnes et je le dis très sincèrement, vous pouvez proposer au Préfet Régnier de venir à Gardanne pour travailler sur ce dossier, mais pas sur une solution comme vous le proposez aujourd’hui de rester dans la situation qui est quand même, vous le reconnaissez vous-même, très précaire puisque vous avez été obligé de couper l’électricité mais pour trouver des solutions pérennes et tous ensemble, depuis les élus locaux et les services municipaux qui font un travail, je le sais, mais sans oublier les services départementaux, les associations, les représentants de l’Etat... Il faut mobiliser tout le monde et ne pas rester tout seul dans son coin, comme d’habitude. Gardanne a trop l’habitude de faire tout tout seul et après de se plaindre. Je suis très direct.

M. MEI : Merci, Monsieur Lambert. Vous avez tout à fait raison : nous avons effectivement utilisé les services départementaux, régionaux, les associations, l’Europe, l’Education Nationale. Vous avez raison, on a fait tout cela. C’est rare que quelqu’un parle aussi positivement de ce problème. Si vous pouvez nous apporter des aides, elles seront les bienvenues.

M. LAMBERT : Je saisirai moi-même le Préfet Régnier, puisque vous ne le faites pas, à venir sur Gardanne. J’aurais préféré que ce soit vous ce soir qui l’annonciez et qui proposiez au Conseil Municipal de saisir le Préfet Régnier.

M. AMIC : En prélude à tout cela, je pense qu’il faudrait bien qu’on évite tous les concours d’humanité, à qui est le plus humain, tel membre de la majorité, tel membre de l’opposition. Aujourd’hui, on est tous conscients de l’humanité des uns et des autres. Il s’agit aussi d’un problème de responsabilités. Je voudrais remercier toutes les associations de la ville, tous les gens qui sont dans ce problème parce que je pense que c’est un problème grave, et évidemment politique aussi.

Les Roms sont devenus malheureusement le sujet de la ville. Il faut quand même voir ce qui se passe. Toute la ville est obligée de travailler sur ce problème. C’est la priorité. Comme si Gardanne n’en avait pas d’autres... Comme si Gardanne ne comptait pas ses pauvres, ses mals logés, ses malheureux... Fait symptomatique très révélateur Monsieur le Maire. Le sujet des Roms est devenu votre sujet d’ouverture de la semaine. Tous les lundis, vous commencez par ce sujet. C’est le point Roms de 9h15. C’est la priorité de votre majorité.

Les Roms ont leur réunion d’explication, leur débat, maintenant leur demande de financement. C’est ainsi que les Roms deviennent le Léviathan gardannais. De plus en plus de monde, de plus en plus de problèmes, de plus en plus de débats et de plus en plus de besoins financés directement par les gardannais. Mme Cruveiller l’a demandé tout à l’heure, M. Sandillon l’a rappelé : quel coût pour la ville ? Les Roms sollicitent même le CCAS, en plein hiver avec les problèmes de la ville et de nos séniors, les services du CCAS sont réquisitionnés et même le directeur du CCAS s’exprime dans La Provence du 31 janvier et dit "Bien sûr que depuis le début, on essaie d’éviter que d’autres viennent".

Mais comment voulez vous qu’il en soit autrement ? Combien de services municipaux sont dédiés à la cause des Roms ? Ils seront toujours insuffisants Monsieur le Maire, vous le savez parfaitement. Maintenant, on s’en prend aux communes voisines. Dans la Provence du 31, on ose vous prêter les propos : si chaque commune du département organisait l’accueil des familles, il n’y aurait pas assez de Roms. Tout à l’heure, vous parliez d’ânerie, je pense que c’en est une belle. Les autres communes ont toutes un avis opposé à celui que vous proposez.

Quand est-ce que Gardanne apprendra qu’avoir raison contre tous signifie bien souvent avoir tort tout seul. Encore notre isolement... le titre des journaux "Gardanne esseulée pour changer". Nous sommes responsables politiques. Politique, votre majorité l’a parfaitement été en prenant seule la responsabilité de cet accueil. Seule par vous même... Responsables, nous souhaitions l’être avec vous. Le député Lambert a rappelé un certain nombre de dispositions et ce qu’il pourrait faire. Aujourd’hui, votre délibération parle uniquement de financement, sans solutions réelles, sans traitement de ce problème.

Ainsi, cette délibération n’étant pas à la hauteur des attentes des solutions de ce problème, nous sommes obligés de refuser de participer à ce vote jusqu’à ce que vous réunissiez, comme l’a demandé le Député Lambert, les élus locaux, nationaux, et que vous convoquiez par vous même le Préfet, pour une réunion de solutions où le représentant de l’Etat que nous avons parmi nous, bien que siégeant dans votre opposition, aura toute sa place pour vous aider à solutionner par le haut le problème que vous nous avez amené.

M. MEI : Je demande à ceux qui approuvent les demandes de subvention pour diminuer les charges de la ville de l’approuver.

VOTE
POUR   REFUS DE VOTE
Majorité Municipale 26
  M. Amic
M. Calemme
M. Sandillon
M. Lambert
ABSTENTIONS
Mme Cruveiller
Mme Ferrarini