Question supplémentaire

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M. MEI : Je vais maintenant laisser la parole à Mme APOTHELOZ pour une question sur ALTEO.

Mme APOTHELOZ : C’est une question qui porte sur la responsabilité sociétale et environnementale d’ALTEO.

Au Tribunal Administratif, le 14 juin, il y a eu trois grands absents : les salariés d’Altéo, les Gardannais et la municipalité. Durant plus de quatre heures, rapporteur public, juges, avocats et personnes morales ont en effet débattu de la responsabilité sociétale, environnementale d’Altéo en ce qui concerne la commune de Bouc-Bel-Air, le site de Mange Garri et les effluents liquides rejetés en mer méditerranée. Rien sur les nuisances provenant du site de production et de son environnement immédiat !

Ici, on n’en parle pas beaucoup parce qu’on pense à l’emploi. Je tiens à dire ici qu’à aucun moment, ni les dirigeants présents, ni les avocats d’Altéo n’ont fait de chantage à l’emploi. A aucun moment ! Mais à de très nombreuses reprises, ils ont garanti au Tribunal qu’ils s’attachaient à satisfaire à la réglementation. Donc il faut les attendre là. Mais, quand on parle d’Altéo, à Gardanne, on ne parle que d’emplois et on occulte tous les problèmes de santé publique, de préservation de l’environnement et de la planète.

J’ai eu la chance, lors de la marche des cobayes, de dialoguer avec la CGT d’Arkema, ex Péchiney de Saint Auban, Péchiney comme nous, et l’association Capar 04 qui fait partie du réseau de l’Andeva, l’association nationale de défense des victimes de l’amiante. Nous avons dialogué sur Gardanne. Je les remercie ici publiquement de l’attention qu’ils m’ont portée en tant que gardannaise et élue municipale attachée à défendre à la fois l’emploi et la santé des salariés dont bien sûr aussi celle des sous-traitants. « 400 salariés dont 200 d’Altéo », ainsi que l’a déclaré le rapporteur public.

Les salariés de Saint-Auban ont lutté, à la fois pour préserver leur emploi et à la fois pour préserver leur santé et ils ont réussi à faire indemniser plus de 600 victimes de l’amiante, qui étaient à la fois des salariés de l’usine et à la fois des sous traitants. Ils ont pris en compte tous les salariés qui ont travaillé sur le site. Amiante dont toutes les tuyauteries de l’usine d’Altéo sont elles aussi largement chargées.

Il faut 20 à 30 ans pour que se développe le mésothéliome, cancer de la plèvre, quasiment exclusivement lié à l’amiante, ainsi que l’ensemble des comités scientifiques et médicaux l’ont dit. Les travailleurs en sont victimes au moment de leur retraite. Et il y a des travailleurs aujourd’hui qui en souffrent et qui en meurent !

Donc pour moi, pour nous, il ne s’agit pas d’opposer emploi et santé publique. La dernière étude d’Air Paca qui a rajouté de nombreux capteurs sur notre commune a conclu clairement à l’impact d’Altéo sur la pollution atmosphérique. Nous devons nous sentir responsables de cette pollution. Il s’agit juste qu’Altéo respecte la réglementation en donnant un peu moins de dividendes aux actionnaires et investisse un peu plus pour respecter non seulement la réglementation française et européenne, mais aussi et surtout sa responsabilité sociétale envers les salariés, les habitants et l’environnement. Ainsi que l’a annoncé le rapporteur public, la moitié des filtres presse "ont été payés par la Collectivité, c’est à dire par nous !". Je le cite. N’avons-nous pas droit, nous aussi, contribuables, à ce que notre santé soit garantie ?

Je souhaiterais juste deux choses, lors de cette séance du 25 juin : que le Conseil Municipal se prononce publiquement pour demander lui aussi à Altéo d’honorer sa responsabilité sociétale à tous les niveaux, emploi, santé des salariés, santé des habitants, préservation de l’environnement. Air, mer, terre et sous sol ! Ici et partout ! Aujourd’hui et demain !

Je souhaiterais que le Conseil Municipal exige de l’Etat une véritable enquête de santé publique sur les communes de Gardanne, Meyreuil, Bouc Bel Air, Simiane et communes alentours. Une enquête épidémiologique qui associe les habitants et les salariés, comme cela a été réalisé à Fos sur Mer et Port St-Louis du Rhône. Car c’est de notre santé qu’il s’agit. Et participer à cette enquête, c’est s’informer, sensibiliser son entourage et devenir plus forts, plus exigeants en étant plus solidaires !

M. MEI : Je voudrais rappeler qu’on est à Gardanne, Altéo Gardanne... J’avais proposé qu’il y ait effectivement la mise en place d’un comité consultatif, qui a été mis en place sous la direction du Préfet, effectivement, sur les rejets à la mer. J’avais accompagné une délégation il y a quelques années auprès de Mme Lepage, qui nous avait laissé jusqu’en décembre 2015. C’est réglé. Il n’y a plus de boues rouges à la mer. Il y a encore des eaux qui sont un peu chargées. Mais jeter au fond, ou stocker à Mange Garri, ce n’est pas une bonne solution.

Et l’autre jour, sous la direction du Préfet, à Marseille, nous avons décidé de mettre en place un comité de travail pour savoir ce qu’on va faire de la bauxaline. Est-ce qu’on la stocke ou est-ce qu’on essaie de trouver des produits ? Tout le monde avait le sourire, le Préfet, les travailleurs, tout le monde... on a décidé de mettre en place un groupe de travail qui va se réunir dans quinze jours pour voir ce qu’on va faire de la bauxaline. On peut faire des tuiles, on peut faire des soubassements de route, on peut couvrir les décharges, il y a des possibilités énormes. On va se mettre au travail. Et ça, c’est quelque chose d’exceptionnel. Vous aurez d’ailleurs l’occasion de le lire sur le site Energies.

Autre chose : la santé. Effectivement, dans le passé, l’amiante a fait des dégâts. Pas qu’ici. Mais depuis, il y a eu des efforts qui ont été faits. Donc là, une étude épidémiologique s’est déjà mise en place et une grande étude va se mettre en place sous la direction du Préfet. Nous sommes convoqués, avec Antoine Virzi, le 3 juillet, pour mettre en place cette étude. Avec Air Paca, avec l’ARS, un gros travail va être fait concernant Bouc Bel Air sur lequel est le site Mange Garri, et non pas sur Gardanne, mais c’est pareil, et aussi sur Gardanne. Donc là un effort considérable va être mis en place. Vous étiez au courant d’ailleurs. Si vous posez la question, c’est pour qu’on se mouille. Je voudrais donc dire que toute cette démarche va être faite avec les travailleurs, avec la direction, avec nous-mêmes, sous la responsabilité du Préfet.

Si je pose la question : quelle est la partie de Gardanne la plus polluée ? C’est le CD6. C’est la partie la plus polluée de la ville, n’oubliez pas. Mais il faut faire des efforts sur Altéo mais la direction, comme les travailleurs, tout le monde va s’y mettre. Si vous aviez vu le sourire de tous ces gens qui ont dit "on va pouvoir maintenant sauver notre entreprise" !.

Je voudrais rappeler que dans les années 82/83, avec la relance du plan charbonnier, quand on a construit la haute cheminée de 300 mètres pour rester dans les normes de la pollution, Madame Apothéloz, il n’y avait pas les contrariants, il n’y avait pas les verts, il n’y avait pas les écolos, mais le maire de Gardanne, avec les autres, se sont battus pour dire oui à la centrale, mais il faut la dépolluer.

Et c’est toujours le même problème qui se pose. Toute activité humaine entraîne une pollution. Il faut d’ailleurs prendre tous les éléments pour effectivement produire du travail parce que les gens qui sont au chômage, qui ne travaillent pas, ça fait mal, c’est aussi une pollution pour elles. Et en même temps, pour respecter l’environnement. D’ailleurs, quand vous m’entendez dire "je suis un écocologiste" : coco vous avez compris, écologiste aussi. On joint les deux, les hommes et l’environnement.

D’ailleurs Nicolas Hulot, et j’approuve ce qu’il va proposer, de mettre dans la constitution dans le premier paragraphe. Donc vous voyez, on répond à votre demande, et nous aurons donc dans quelques jours cette rencontre à la Sous-Préfecture et si vous êtes intéressés, on pourra vous tenir au courant. C’est le résultat de tout ce travail qui va être mis en place. Et je suis content, si vous aviez vu le sourire des travailleurs de l’usine ! Ils étaient heureux ! Je tiens à le rappeler. Je lève la séance et je vous remercie.