Culture scientifique

Quand la science met le souk à Bontemps Energies 359 - Bruno Colombari

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A l’occasion de la première édition du Souk des sciences le 10 juin, la ville de Gardanne a signé une convention avec l’université Paul-Cézanne pour développer la culture scientifique et mettre en place des actions communes dans le cadre de Marseille-Provence 2013 et au-delà.

Un pied sur le marché, un autre dans l’espace Bontemps : le 10 juin dernier, le Souk des sciences avait choisi l’endroit idéal pour installer ses étals dans lesquels il n’y avait certes rien à vendre, mais beaucoup à découvrir. Organisé par l’université Paul-Cézanne et son chargé de mission Hassane Bitar, le souk a permis à tous de faire des expériences et des observations en biologie, en botanique, en maths, en chimie, en astronomie ou en physique.

Plusieurs associations comme Planète sciences, E4, Les petits débrouillards ou le club astronomie de la faculté de sciences d’Aix ainsi que le CEA de Cadarache ont répondu toute la journée aux questions des badauds, parmi lesquels plusieurs classes des écoles et du collège voisins.

« Nous voulons rapprocher la biodiversité des gens, explique Olivier Hidreau, de l’association E4 qui regroupe chercheurs et étudiants à la faculté de Saint-Jérôme. Des gens viennent nous voir pour qu’on les aide à identifier des plantes de leur jardin. Notre région abrite 60% des plantes de France, mais l’immobilier grignote les espaces naturels, les clôtures empêchent le passage des animaux. On travaille sur des projets de trames vertes et bleues qui faciliteraient leurs déplacements. »

Un peu plus loin, un téléscope équipé d’un filtre laissant passer un photon sur cent mille permet l’observation du soleil. Ce dernier ressemble furieusement à la pleine lune, et se déplace tellement vite qu’il faut constamment recaler la lunette. Du côté des Petits débrouillards, on apprend à manipuler les acides et les bases avec les produits du quotidien : vinaigre, huile, poivre, produit vaisselle. « Ici, on ne répond pas aux questions, c’est nous qui les posons. Le but, c’est que les gens trouvent les réponses eux-mêmes après avoir expérimenté.  »

Dans l’espace Bontemps, une étrange structure gonflable occupe une partie de la pièce. Il s’agit d’un planétarium itinérant dans lequel on peut observer, grâce à un projecteur hémisphérique, le ciel de la galaxie avec les planètes et les constellations. « C’est bien d’aller à la rencontre des gens, de faire de la pédagogie au plus près d’eux, explique Philippe Malburet, du planétarium Peiresc d’Aixen- Provence. C’est la deuxième fois que nous venons à Gardanne, la précédente c’était à Charpak en 2009. »

Le Souk des sciences s’est achevé par la signature d’une convention entre la ville de Gardanne et l’université Paul-Cézanne, représentée par son président Marc Pena. Cette convention développera des actions en commun dans le cadre de Marseille-Provence 2013 capitale européenne de la culture, des activités de recherche et d’enseignement et le développement de la culture scientifique auprès des scolaires.

Un domaine où Gardanne est largement engagée avec la Fête de la science et l’accueil du centre de ressources départemental en sciences pour les enseignants, installés au centre Saint-Pierre à Biver. « Marseille-Provence 2013 a accepté le 9 juin d’intégrer la culture scientifique dans sa programmation, a rappelé Roger Meï. Le 6 juillet, le centre Charpak a accueilli une première réunion du groupe de travail chargé de proposer des projets. Si ici nous ne défendons pas la culture scientifique, qui le fera ? »

Marc Pena* : « Marseille Provence 2013 nous a rapprochés »

Quelle est l’origine de cette convention entre Gardanne et l’université Paul-Cézanne ?
Un tiers de l’activité de notre université concerne les sciences et technologies. Nos laboratoires de recherche, nos équipes de scientifiques sont installés sur tout le territoire d’Aix-Marseille et notamment au plateau de l’Arbois. A partir de ce site appelé à devenir un jour un campus universitaire, nos chercheurs travaillent depuis longtemps sur le territoire du Bassin minier de Gardanne quelles que soient leurs disciplines ; ainsi des chimistes, des géographes, des sociologues participent ensemble de notre recherche. Il est bien évident que l’installation du centre Charpak de l’école des Mines de Saint-Étienne a favorisé le rapprochement avec Gardanne. Nos laboratoires en optique, en chimie ou en science des matériaux travaillent en lien étroit avec le CMP.

Pourquoi cette convention arrive-t-elle maintenant ?
Le maire de Gardanne se bat pour développer la culture scientifique et technique, c’est une préoccupation rare chez les élus. Marseille Provence 2013 nous a rapprochés. Nous avons insisté ensemble pour qu’un comité de pilotage se mette en place sur cette question, avec d’autres collectivités. C’est important pour obtenir le label Marseille Provence 2013. L’université a bien entendu déjà des conventions avec Aix, Marseille ou Arles, mais pas avec d’autres villes de notre territoire comme Gardanne, c’est donc une première. Gardanne a une histoire minière importante comme je l’ai dit précédemment ; l’école des Mines s’y est installée. La Ville mise sur la recherche, il est donc normal que l’université s’y intéresse et participe à la reconversion du territoire.

Quelles formes va prendre cette collaboration ?
Il faut d’abord faire un état des lieux de nos collaborations existantes, et mener une politique cohérente et audacieuse avec tous les acteurs de la recherche sur le site. Ainsi, Gardanne doit apparaître comme un axe du développement économique et technique du territoire d’Aix- Marseille. Il faut réussir ce partenariat et l’inscrire dans la durée. Si j’ose m’exprimer ainsi, tout commence après 2013. Cette convention est un gage d’avenir. Elle durera bien entendu après la fusion des trois universités prévue en janvier 2012. Mais c’était essentiel de commencer maintenant.

*Marc Pena est le Président de l’université Paul-Cézanne (Aix-Marseille III)