QUESTION ORALE

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M. MEI : J’ai été saisi par Melle Portail d’une question orale. Elle m’a écrit une lettre. Je la fais distribuer et je lui laisse la parole pour la lire.

Melle PORTAIL : Je voudrais m’excuser auprès de Mme Barlatier qui m’a parlé avant le Conseil Municipal et qui se sentait visée par ma lettre. La Gendarmerie m’a demandé de m’en tenir aux faits et je m’en tiens au fait.

M. MEI : Vous m’avez saisi d’une question orale, les conseillers la liront. Je comprends que vous soyez gênée d’en parler.

Melle PORTAIL : Je précise que dans votre lettre, vous m’avez demandé de me rapprocher de la Gendarmerie et je l’ai fait.

Début décembre, Monsieur le Maire, un triste fait divers est venu une fois encore ternir l’image idyllique de notre belle ville. Mais quand les faits divers concernent les enfants, on a tendance à y prêter une oreille plus attentive. Un jeune adolescent qui se fait casser la figure et "tatouer" les bagues de ses agresseurs sur les joues... En tant que parent, on se sent concerné, on se renseigne.
Et là, on s’aperçoit avec stupéfaction que les nombreuses rumeurs bien entendu "totalement infondées" sur la violence dans les écoles gardannaises, ne sont pas si légendaires que cela... Que cela se produise durant les temps scolaires, vous nous répondrez que cela regarde l’inspection académique, que cela concerne les collèges, même réponse, que cela se passe dans plusieurs écoles de la ville, bien sûr, ce n’est pas possible... que cela se passe durant les temps de cantine, alors on demande au personnel municipal de subir en silence.
Vous savez comme moi que les services enfance et même l’équipe du CLSPD se déplace en grand secret au moindre problème.
Pourquoi donc ces problèmes de violence ne rencontrent-ils pas auprès de votre municipalité une réelle prise en compte ? Evidemment, cela altérerait profondément cette énergie positive qui, à vos dires, irradie littéralement de chaque quartier de notre ville.
Avec un bagout imperturbable, vous soulignerez sans ciller que des actions sont mises en place dans le cadre du CEL, mais est-ce une réponse bien adaptée aux problèmes que les enfants et même le personnel municipal rencontre dans les écoles ? Des tatas qui se font frapper, après tout quoi de plus normal, non ? Des agressions à caractère sexuel en primaire, vous allez dire qu’ils jouent au docteur, peut-être ? Qu’aucun conseil de discipline ne sanctionne l’agression d’un adolescent pour ne pas ternir l’image du collège, c’est banal après tout ?
Allez-vous encore laisser longtemps les enseignants gérer des situations aberrantes sans prendre leur mal être en compte ? Sans prendre votre part dans un combat que vous jugez "exagéré" ?
Vous qui avez la manifestation si prompte, qui vous indignez de tant de choses de par le vaste monde, commencez par prendre en compte ce qui se passe à Gardanne. "Ca se passe ici et maintenant" disait la chanson. Et c’est le plus important.
Monsieur le Maire, les gardannais attendent de leur premier magistrat de l’efficacité pour leur ville d’abord. Pour leurs enfants encore plus. La colère des parents monte, la patience n’est pas éternelle.
Que les lutins bleus et les ronds points fleuris se fassent une raison, Gardanne en a marre de sa jolie légende.
Alors, jusqu’à quand je vous le demande, Monsieur le Maire, jusqu’à quand allez-vous continuer à accepter l’inacceptable dans les écoles de notre ville ?"

Mme PRIMO : Je voudrais ajouter la phrase que Melle Portail a omise : "mais chut n’en disons pas plus ou l’inspecteur Gadget n’aura plus de raison d’être." Elle faisait allusion à l’équipe du CLSPD.

Melle PORTAIL : Mme Barlatier m’en a fait part et je me suis excusée.

M. MEI  : Vous avez écrit là un texte indigne et vous vous êtes comportée d’une façon indigne. Je voudrais d’abord vous dire toute l’estime que j’ai pour les enseignants qui font leur travail, pour tout le personnel municipal, pour la Gendarmerie, pour le Procureur. Je voudrais lire au Conseil Municipal la lettre que j’ai adressée au Procureur.
"J’ai été saisi par une conseillère municipale, Mme Portail Mireille, qui souhaite poser une question orale, comme la réglementation le prévoit, au Conseil Municipal du 12 février.
La lettre qu’elle m’a adressée est suffisamment grave pour que je me permette de vous la communiquer. Elle me met en cause, c’est le but. Mais surtout elle met en cause l’éducation nationale, sur des agressions à caractère sexuel qui se seraient passées en primaire et sur lesquelles les chefs d’établissements auraient laissé peser le silence.
J’ai envoyé copie de cette lettre à Mme l’Inspectrice Départementale, à la Gendarmerie, au chef d’établissement des deux collèges.
Je considère que s’il y a eu des actes graves, Mme Portail ne peut pas se taire, ne peut pas se contenter d’une lettre au Conseil Municipal. Elle est en devoir de vous fournir les éléments pour engager une éventuelle enquête.
Je vous prie de croire, Monsieur le Procureur de la République, à l’assurance de mes sentiments les meilleurs, en vous priant de me tenir au courant de la suite que vous réserverez à ces accusations."

Et j’ai adressé immédiatement une lettre à Melle Portail :
"Comme la loi vous y autorise, je vous donnerai la parole en fin de conseil municipal sur les graves questions que vous évoquez.
Mais sans attendre, étant donné la gravité des accusations que vous portez et des faits dont vous auriez connaissance, j’ai saisi le Procureur de la République, la Gendarmerie, l’Inspection Départementale de l’éducation nationale, les deux chefs d’établissements mis en cause. Il est de votre devoir de saisir immédiatement le Procureur de la République et d’aller déposer à la Gendarmerie sans tarder, sous peine de complicité par votre silence des actes que vous citez."

Je voudrais laisser la parole à Mme Primo. Quiconque a connaissance d’actes graves, son devoir est d’aller directement à la Gendarmerie.

Mme PRIMO  : Je souhaiterais, Monsieur le Maire, intervenir au sujet de cette lettre qui provoque chez moi une profonde indignation.
Dans ce seul courrier, sont mis en cause les responsables d’établissement scolaire, les enseignants, le personnel municipal du service enfance, les responsables des services enfance, scolaire, CLSPD. Avec ces quelques lignes irresponsables, vous insultez gravement des personnes qui travaillent quotidiennement au service de l’école, des collèges, des enfants de notre ville.
Cela témoigne à mon sens d’un mépris et d’une méconnaissance totale de leur engagement professionnel et individuel.
Madame Portail, vous n’avez pas le droit ainsi de mettre en cause la conscience professionnelle, l’attachement à leur métier et la connaissance du terrain de l’ensemble de ces personnes.
Les enfants et leur éducation sont au cœur de leur engagement.
Pour ma part, et je pense parler au nom de mes collègues de la majorité, je tiens à leur renouveler notre soutien et toute notre confiance.
Je voudrais préciser également qu’un travail de prévention avec l’ensemble de ces partenaires s’effectue au travers du CLSPD.
Des fiches de liaison existent, des réunions régulières avec les proviseurs et principaux des lycées et collèges, des cellules de veille, se tiennent avec la police municipale et la Gendarmerie.
Tout ce travail est le résultat d’une attention de tous, et d’une attention quotidienne face aux problèmes qui peuvent surgir.
Vos accusations, Madame la Conseillère Municipale, sont lourdes de conséquences pour vous, si effectivement, vous avez eu connaissance de faits et que vous ne les ayez pas signalés.
Je vous invite à réfléchir un peu plus sur la responsabilité que vous portez après avoir proféré de tels propos.
Le 30 mars, le Procureur de la République sera présent une nouvelle fois à Gardanne pour participer avec des professionnels du social, du monde de l’éducation, de la prévention à une demi-journée de travail sur le signalement.
Je vous invite à y participer afin d’écouter, et d’apprendre surtout, des personnes dont c’est la préoccupation au quotidien, quelles sont les mesures efficaces à prendre sur le terrain.
Il ne s’agit pas, Madame PORTAIL, d’un jeu politicien de bas étages, mais il est question de l’avenir de nos enfants, de l’avenir de notre ville et du respect des règles élémentaires de déontologie.

A l’issue de ces déclarations, un débat s’en est suivi au terme duquel Monsieur le Maire a levé la séance du Conseil Municipal.