N°36 - Avis du Conseil Municipal sur l'Enquête Publique Société ALTEO Gardanne/ALUMINIUM PECHINEY Rapporteur M. le Maire

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M. MEI : Il faut donner notre avis sur la demande de l’usine Altéo/Pechiney d’avoir un peu de temps pour régler le problème de la dépollution des eaux chargées qui vont encore dans la fosse de Cassis. Je voudrais rappeler qu’il y a une vingtaine d’années, j’avais accompagné une délégation de Pechiney auprès de Mme Lepage, qui était ministre, et on avait obtenu 20 ans pour régler le problème des résidus solides, des résidus chargés qui continuent à être déversés dans la fosse de Cassis.

Aujourd’hui, je reconnais tous les efforts qui ont été faits par Pechiney, il n’y a plus de résidus solides qui sont rejetés à la mer. Même si le maire de La Ciotat et quelques autres ont fait signé des pétitions NON AUX BOUES ROUGES, il n’y en a plus. Elles sont stockées sur Mange Garri. Reste donc de l’eau chargée avec de l’arsenic, du mercure… Notre position, c’est de continuer à faire pression auprès de Pechiney pour qu’ils trouvent une solution à ces problèmes. Par contre, ce qu’on vous demande, c’est d’approuver le fait de laisser le temps à Pechiney de trouver une solution.

Comme pour EON, j’avais proposé au Préfet de mettre en place un comité de suivi et là je propose de mettre en place un comité de suivi où chaque secteur serait représenté de façon qu’on puisse calmement discuter des solutions et être derrière pour obliger effectivement Pechiney à aller jusqu’au bout de ses propositions. Vous savez que dans la baie de Cassis, quand on suit les calanques, des fois il y a des rejets énormes de saletés. Quelquefois, le maire de Marseille interdit l’accès aux plages. Alors vous imaginez la pollution qu’il doit y avoir ! Il faut qu’il fasse un effort, M. Gaudin, et je crois aussi qu’il faut donner le temps à Altéo de pouvoir trouver une solution. C’est une question de temps.

M. GARELLA : Monsieur le Maire, je pense que comme tous dans cette salle, on est pour sauver l’emploi à Gardanne, et encore plus pour l’usine ex Pechiney, Altéo aujourd’hui. Mais par contre, la direction ne peut pas faire perpétuellement un chantage à l’emploi en disant si vous nous empêchez de polluer, puisque vous l’avez dit ce sont des métaux lourds, sans un délai qu’on ne connaît pas aujourd’hui, s’engager, vous l’avez dit, depuis vingt ans cela continue, et de dire, si vous m’empêchez de polluer gratuitement, parce qu’en fait le débat est là, c’est qu’aujourd’hui ça ne coûte pratiquement rien pour Altéo de rejeter les déchets en mer.

Donc ce n’est qu’une histoire d’argent et de profit. On ne peut pas continuer avec un chantage vis à vis des salariés de cette entreprise en disant si vous m’empêchez de faire ça, je ferme et je mets tout le mode à la porte. Je pense, comme vous, qu’il faut qu’Altéo s’engage pour la pérennité de l’emploi dans un processus de dépollution certes un peu plus coûteux mais ce qui garantira à terme les emplois de Gardanne et qui démontrera qu’Altéo a la volonté de conserver le site à Gardanne avec ses emplois directs et indirects, on sait qu’on parle de plus de 700 personnes, de 700 familles, mais il ne faut pas que ça reste dans cet état et est-ce que vous avez un délai un peu plus précis de la part de la direction d’Altéo pour arriver à une dépollution correcte.

M. MEI : Vous êtes mieux placé que moi pour voir que les problèmes d’emploi sont des problèmes importants, vous êtes chef d’entreprise. Je voudrais rappeler qu’on peut concilier, et c’est toujours le même problème, le problème de l’environnement et le problème de l’emploi. Et c’est toujours comme ça que le problème se pose. EON, même chose. On a aussi mis en place un comité pour suivre. Emploi, Environnement, mais c’est toujours comme ça. L’autre jour, quand je suis intervenu, j’ai dit "je suis un "écocologiste". Parce qu’il faut toujours prendre en compte les deux aspects du problème. Donc il faut laisser un peu de temps. Le commissaire-enquêteur a jusqu’au 25 septembre pour accepter les remarques et après, combien de temps ? Le Préfet prendra sa décision.

M. GARELLA : Ce dont nous avons peur, c’est qu’étant donné que la France a signé l’accord de Barcelone, ça va se passer au niveau européen et on est soumis à un moment à une décision qui échappera à tous et qui peut fermer le site de Gardanne, ce qui serait un drame.

M. MEI : Nous on l’empêchera.

M. JORDA : Par rapport aux remarques que vous faites, c’est vrai que la bataille n’oppose pas l’emploi et la défense de l’environnement. Je pense que ce temps là est un petit peu révolu donc c’est vrai qu’on doit exiger que la société Altéo puisse continuer à investir dans la recherche de façon à ce que les progrès soient faits. On ne peut pas se satisfaire, et tout le monde ici est d’accord, de rejets avec des produits toxiques dans la mer. Donc il est évident que la bataille maintenant, une fois que la dérogation peut être obtenue, c’est de faire en sorte que des contrôles effectivement publics, parce que ça aussi c’est important, qu’on ait des contrôles publics.

Après on parle d’indépendance, des organismes qui vont travailler, mais c’est surtout un contrôle public qui est important. A savoir que le public pour moi, c’est les élus, c’est les techniciens, mais c’est aussi les citoyens. Qu’il y ait effectivement un contrôle public des efforts qui sont consentis par la société Altéo. Actuellement, ils sont arrivés à dépolluer à 99,95 %, disent-ils, je ne suis pas un technicien. La bataille est là maintenant : la société Altéo va continuer à produire de l’alumine, qui est indispensable pour les portables et les ordinateurs, donc ce produit-là, il va falloir continuer à le produire. Et je pense que la France, je dis bien la France, pas Gardanne, a besoin de produire de l’alumine.

Parce qu’on a vu que dans certains pays où ça s’est fait, il y a la même usine en Hongrie, le même procédé a tué une région entière. On est d’accord là dessus, il ne faut pas opposer les deux. Vous le soulignez c’est important, il y a quand même 700 emplois plus tous les emplois induits, les transporteurs et toutes les sociétés qui interviennent, cela fait plus de 1 000 emplois qui sont concernés. Il ne faut pas les opposer mais il faut qu’on arrive à concilier les deux. Il me semble important que nous ayons un regard là dessus mais tous, pas que les élus.

Alors ça, c’est l’enquête publique, qui concerne uniquement les rejets en mer. Après, va se poser le problème des boues qui vont rester sur le site MangeGarri. Là aussi, il y a tout un travail à faire pour associer Altéo parce qu’il n’est pas juste qu’une entreprise se décharge de ses responsabilités de pollution en disant si c’est trop cher, je ne peux pas faire. A un moment, il faut que l’entreprise mette la main au bassinet. Comme tous les citoyens. La deuxième phase, une fois que l’autorisation est acquise, c’est : ces boues rouges, que fait la société Altéo de façon à ce qu’on puisse effectivement avoir un traitement des boues qui vont rester sur place pour les valoriser ? Alors elle le fait, puisqu’elle a déjà eu des propositions par rapport à la bauxaline et tout ça…

Comment on revalorise ces déchets ? Juste une parenthèse par rapport à la défense de l’environnement, cela n’a rien à voir avec Altéo, mais sur la zone de Rousset qu’on évoquait tout à l’heure, une entreprise qui s’appelle Nexcis, qui a produit des verres photovoltaïques, appuyée par la société EDF jusqu’en mars 2015, EDF a décidé d’arrêter tout alors que le produit, qui est un produit d’avant garde de verre photovoltaïque risque de nous échapper.

C’est un petit peu pour faire le parallèle. On ne peut pas d’un côté dire que la société Altéo pollue donc on va la fermer et de l’autre côté dire que la société Nexcis qui produit des verrres photovoltaïques, elle ne pollue pas mais on la ferme. Donc il y a une logique politique par rapport à la défense de l’industrie dans les Bouches-du-Rhône et plus largement en France.

M. MEI : Comme ils disent, consommer le bœuf français et le lait français. Et le photovoltaïque aussi... Puisqu’au moment où Mme Royal fait toute une campagne pour préserver ses dernières industries... Je vous rappelle qu’à Rousset, Lfoundry, 600 emplois supprimés et tous les brevets sont allés en Allemagne.

M. RIGAUD : Vos commentaires sont intéressants mais dans la résolution on ne voit pas justement ce type d’exigences. Je rappelle quand même qu’en terme d’arsenic, Altéo va, à partir du 1er janvier 2016, diffuser 34 fois plus que la norme de 1988. En terme d’alumine pareil : 88 fois plus que la norme autorisée par les accords de 1988. De ce point de vue là, je crois que tant qu’il n’y a pas d’exigences particulières, on peut toujours avoir des vœux ou avoir un comité de pilotage, on aura toujours des difficultés. Aujourd’hui, si cette dérogation est donnée à Altéo, c’est malheureusement le fait qu’on autorise, comme a dit Jean-Brice, le droit à polluer et avec le chantage sur l’emploi. C’est ça qui est dommageable.

M. MEI : Dommage qu’on entende ces paroles sur le chantage à l’emploi. 1 900 inscrits au Pôle Emploi. Tous les jours je reçois des personnes qui cherchent un emploi. Pour non ça compte.

M. GARELLA : Je crois que la ville s’était servi de la bauxaline sur le long de la voie rapide pour faire des soubassements de route, non, je ne me trompe pas ?

M. JORDA : C’était le Conseil Général.

M. GARELLA : Est-ce que ça fonctionne ?

M. JORDA : Oui, ça fonctionne. Le problème des soubassements, c’est que la plupart maintenant des constructeurs de route se servent des "déchets" qui sont sur place. Le problème qui se pose par rapport à la bauxaline, c’est que sur Gardanne c’était pas très loin, ça pu se faire très facilement. Après c’est une question financière. On peut effectivement envisager de mettre ça sous les routes mais après, ceux qui construisent les routes utilisent leurs propres "déchets" non toxiques pour faire des soubassements.

M. MEI : Il y a des solutions, c’est vrai. Nous, nous les utilisons pour couverture de la décharge et autre. Il faut qu’Altéo fasse un effort. La ville de Martigues avait lancé un appel d’offres pour la couverture de sa décharge. Et les prix de transport d’Altéo ont été tels qu’ils ont choisi un autre prestataire. Je mets donc cet avis aux voix avec le souci de mettre en place un comité de suivi.

VOTE
POUR   CONTRE
Majorité Municipale 26
 

M. Garella
Mme Martinez
M. Rigaud
Mme Biggi-Conti
M. Amic
Mme Apothéloz
M. Baldo