N°02 - Motion de soutien pour la reconnaissance du Génocide Arménien en préalable à l'ouverture de négociations avec la Turquie pour son entrée dans l'Union Européenne Rapporteur M. le Maire

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M. MEI : Je voudrais proposer une motion sur le refus de l’entrée de la Turquie dans l’Union Européenne dans les conditions actuelles, tant qu’elle ne reconnaîtra pas le génocide et tant qu’elle n’aura pas mis en place des règles démocratiques. Je propose donc une motion du Conseil Municipal qui soutient cette position.
"Sollicitée par l’Amicale des Arméniens de Gardanne, la municipalité, comme elle l’a déjà fait à plusieurs reprises demande à la Turquie de reconnaître le génocide commis à l’encontre des populations arméniennes de l’Empire Ottoman et de respecter les conditions contenues dans la résolution du Parlement Européen du 18 Juin 1987, avant toute ouverture des négociations d’adhésion à l’Union Européenne. Elle rappelle que l’Europe s’est bâtie sur des valeurs communes, respectueuses des Droits de l’Homme et des Libertés Individuelles et que le peuple arménien attend de la Turquie qu’elle adhère, elle aussi, à ces principes et fasse la lumière sur son histoire afin de favoriser la paix et la stabilité dans la région.
La municipalité demande que les négociations d’adhésion de la Turquie à l’Union Européenne ne s’engagent qu’après la reconnaissance officielle du génocide perpétré contre le peuple arménien."

Melle PORTAIL : A l’occasion du Conseil Européen de Copenhague, il avait été très largement question de l’élargissement de la Communauté Européenne et l’hypothèse d’une adhésion de la Turquie avait été envisagée par certains. La position du Groupe Gardanne Action sur ce sujet est très claire : nous y sommes fermement opposés. Tant que la Turquie n’aura pas reconnu la réalité et l’horreur du Génocide Arménien, il me paraît inconcevable d’imaginer quelque discussion que ce soit sur une entrée de la Turquie au sein de l’Europe.
Je voudrais vous expliquer plus longuement les raisons de mon engagement en faveur de la cause arménienne et de la reconnaissance du Génocide Arménien : que l’oubli n’accomplisse pas sa sinistre besogne, que la douleur immense du peuple arménien ne sombre pas dans les oubliettes de l’histoire. C’est un devoir ardent qui s’impose à nous. Nous sommes aujourd’hui les dépositaires du flambeau de la mémoire et il nous appartient de le transmettre aux générations qui vont nous succéder. Si nous oublions, nous perdons un peu notre âme. Oublier, c’est donner raison aux tortionnaires, car perdre la mémoire revient à tuer une deuxième fois des centaines de milliers de personnes. Long et terrible a été le supplice du peuple arménien et je n’hésite pas à le dire : oui, un génocide horrible a été perpétré contre tout un peuple ; oui, ceux qui ne veulent pas reconnaître cela insultent l’histoire. La réalité historique est incontestable : le génocide commence le 24 avril 1915 avec l’arrestation et l’assassinat de six cents notables arméniens à Constantinople. Les soldats arméniens sous l’uniforme turc sont désarmés, envoyés aux travaux forcés puis fusillés. Les arméniens d’Anatolie orientale reçoivent l’ordre de partir en déportation dans les vingt-quatre ou quarante-huit heures. Les hommes valides sont fusillés à la sortie des villages tandis que les femmes, enfants et vieillards doivent couvrir des centaines de kilomètres à pied, sans soins et sans nourriture. En chemin, ils sont détroussés, bâtonnés, violés, égorgés par les gendarmes supplétifs et les tribus kurdes et turkmènes des environs. En août 1915, les arméniens de Cilicie et d’Anatolie occidentale sont à leur tour déportés. En un peu plus d’un an, près d’un million d’arméniens périssent de la sorte, soit presque la moitié de la population arménienne ottomane.
Les turcs s’accordent à reconnaître un maximum de 300 000 victimes, mais refusent d’y voir une extermination planifiée et donc un génocide. Au contraire, ils font état de famines, d’épidémies et des malheurs de la guerre ! Mais les témoignages sont aussi nombreux, divers, qu’accablants. Diplomates américains et allemands, missionnaires suisses, américains, allemands et scandinaves, officiers allemands servant d’instructeurs dans l’armée ottomane : tous ont rapporté les mêmes atrocités et le même calvaire des populations civiles.
Face à cette horrible réalité historique, je me sens le devoir que, par les mots, la mémoire et la reconnaissance officielle des souffrances endurées et une opposition farouche à toute forme de négationnisme, nous ayons au moins la possibilité de dire à nos enfants : nous n’étions pas là pour empêcher l’extermination physique, mais nous avons un devoir plus grand encore, empêcher l’extermination de la mémoire et de la vérité.
Aujourd’hui, la Turquie fait, certes, partie du voisinnage proche de l’Europe mais se situe au-delà de ses limites. S’il est souhaitable d’entretenir avec elle des relations de partenariat, il n’est pas question de l’intégrer dans l’Union Européenne.

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