Tournage

La Maison sur grand écran Energies 155 - Bruno Colombari

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Le centre de soins palliatifs de Gardanne est au coeur du prochain film de Jean-Pierre Améris, “C’est la vie”, qui sortira en octobre prochain, avec Sandrine Bonnaire et Jacques Dutronc.

A quoi pensait Jean-Pierre Améris, le 1er novembre 1996, quand il est venu au 3 Casino pour présenter son film Les aveux de l’innocent ? Imaginait-il qu’il réaliserait un jour un long-métrage sur le centre de soins palliatifs, ouvert deux ans plus tôt dans la même ville, à un kilomètre de là ? Probablement pas.

Le lien entre les deux, c’est Marie de Hennezel qui l’a fait. Auteur de la Mort intime, elle aussi est venue à Gardanne, en octobre 1997. Et quand le producteur de cinéma Philippe Godeau achète les droits d’adaptation du livre, c’est elle qui conseille à Jean-Pierre Améris de découvrir La Maison et sa démarche originale.

« Le réalisateur est venu pour la première fois en décembre 1998, raconte Chantal Bertheloot, coordinatrice. Puis son projet a mûri, il est revenu en 1999, plusieurs semaines en tout. » Immergé dans le quotidien de La Maison, Jean-Pierre Améris élabore alors un scénario de fiction intitulé C’est la vie, une histoire d’amour qui se passerait là.

« Je me souviens qu’il attrapait des images au caméscope, il passait beaucoup de temps à discuter, notamment avec la psychologue Mireille Vigneron, raconte Christophe Girardot, homme d’entretien. Il nous montrait les versions successives du scénario, il s’assurait qu’elles étaient crédibles. Une fois, il est venu avec des décorateurs, des accessoiristes qui ont pris des photos. »

Comme il n’est pas question de tourner à La Maison, il faut trouver un lieu où reconstituer les intérieurs du centre de soins. Ce sera dans une ancienne clinique désaffectée, à Draguignan. « Ils ont fait un travail extraordinaire, souligne Christophe. Les meubles, les tableaux au mur, la fontaine en céramique, tout y est. » Puis il y a eu la rencontre avec les deux stars du film, Sandrine Bonnaire (dans le rôle d’une bénévole) et Jacques Dutronc (qui incarne un malade). « Sandrine est venue un jour, quelques mois avant le tournage, se souvient Lola (Phliponeau), agent de service. Elle était très souriante, chaleureuse. L’image qu’on peut se faire d’elle change quand on la rencontre. Elle a assisté à une réunion d’équipe, discuté avec des résidents. »

Sur le tournage, la plupart des salariés de La Maison ont fait de la figuration, dans leur propre rôle. Sauf Thierry, le cuisinier, qui a décroché le troisième rôle masculin du film, et deux résidents, qui sont morts peu après le tournage. « Ça a été très dur pour l’équipe du film, se souvient Christophe. Mais c’est un geste très généreux de leur avoir offert ça à la fin de leur vie. »

La rencontre entre les professionnels du cinéma et le personnel de La Maison a logiquement fait du tournage un moment exceptionnel pour tous. « Eux faisaient en quelque sorte de l’accompagnement, puisqu’il y avait des malades sur le plateau. Et nous, nous jouions nos propres rôles, » conclut Lola. « Les techniciens nous ont dit que jamais un tournage ne se passait comme ça, » confirme Chantal.

Que restera-t-il de ces journées inoubliables quand C’est la vie sortira sur les écrans, en octobre prochain ? En tout cas, on peut parier sans risque que Jean-Pierre Améris, qui connait le chemin, reprendra la direction de Gardanne. Et qu’il fera un détour par La Maison avant de venir au cinéma...

Un livre d’Antoine Audouard également prévu

Conjointement à la sortie du film, l’écrivain Antoine Audouard sortira un livre (dont le titre provisoire est La Maison au bord du monde) qui racontera la vie au quotidien du centre de soins palliatifs de Gardanne. Une manière de faire découvrir au grand public, sous forme de récits, la réalité d’une structure unique, au-delà de la fiction mise en scène par Jean-Pierre Améris. L’écrivain (qui a publié l’an dernier Adieu mon unique, sur le mythe d’Héloïse et Abélard) travaille depuis plusieurs mois avec l’équipe et les bénévoles de La Maison sur ce projet dont nous reparlerons prochainement.