Centre Charpak

Ingénieurs et solidaires Energies 363 - Stéphane Conty

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Avec “les cordées de la réussite,” projet national lancé l’année dernière, les élèves ingénieurs de l’École des Mines site Georges-Charpak aident des élèves du secondaire dans leurs études. Un projet qui redémarre cette année avec des actions citoyennes et associatives prévues dans leur cursus universitaire.

C’est au centre Perform de Biver que le 4 octobre dernier le maire Roger Meï et Hervé Jacquemin, chargé de mission culture scientifique à l’École des Mines site Georges- Charpak, ont invité représentants de l’Éducation nationale et des établissements du secondaire de Gardanne pour partager leur retour d’expérience et leur présenter la nouvelle mouture du projet.

Cette année les cordées de la réussite s’intégreront au cursus des élèves ingénieurs de première et deuxième années du CMP Charpak dans le cadre des ISA (Ingénieurs solidaires en action). Il s’agira pour eux de conduire un projet avec une orientation culture scientifique assez marquée.

« Les ISA s’articulent autours de grands axes qui sont le débat citoyen, la conduite de projets en lien avec la cité, la diffusion de la connaissance scientifique, l’organisation d’ateliers jeunes publics avec les scolaires, mais aussi de manière plus ludique dans le cadre périscolaire, pour une démarche active des sciences, » explique Hervé Jacquemin.

Concrètement sur le terrain, les élèves ingénieurs pourront s’investir dans des projets en local avec des organismes tels que la Chrysalide ou le foyer Delta-Sud, dans le développement d’internet auprès des pensionnaires de la maison de retraite, ou encore dans la création d’outils pédagogiques sur le photovoltaïque en lien avec la mise en place d’un parc photovoltaïque sur le terril des Sauvaires.

« L’année dernière nous étions dans une phase d’expérimentation dont nous pouvons en tirer des enseignements. Le projet n’était pas assez construit et les élèves ingénieurs ont été un peu livré à eux-mêmes avec les ados, » constate Hervé Jacquemin. Un constat que partagent d’ailleurs les représentants d’établissements présents.

« Cette année nous souhaitons reprendre “les cordées de la réussite” avec une conduite de projet qui intègre plus de culture scientifique, de connaissance des mondes de la recherche et de l’industrie, mais aussi une présentation des cursus scientifiques pour aller à un niveau supérieur, ainsi qu’un travail autour des métiers des sciences et techniques.  »

Des élèves ingénieurs qui avaient participé aux cordées de la réussite l’année dernière sont d’ores et déjà volontaires pour poursuivre l’aventure. Pour Denis Barroéro, proviseur du lycée Fourcade, une autre question se pose. « A leur lancement “les cordées de la réussite” ont surtout attiré l’attention sur le cas des élèves en difficulté. A Fourcade nous n’avons pas d’élèves vraiment en difficulté. Notre problématique est plutôt de savoir comment faire pour que nos élèves en filières scientifiques réussissent encore mieux. Il nous faut aussi penser à l’excellence. »

Un avis partagé par Jean-Louis Douillet, proviseur du lycée agricole de Valabre. « Cette année nous avons eu 100 % de réussite au bacS. Nous souhaiterions aider les élèves à aller au-delà en intégrant des filières scientifiques plus relevées. » « Au lycée de l’Étoile, s’occuper des élèves en difficulté nous savons faire. Par contre aider nos bons élèves à aller vers des cursus plus élevés c’est plus compliqué, surtout que certains viennent de milieux défavorisés, relève Carine Schivre, chef de travaux. Et parmi ceux qui l’année dernière ont participé aux “cordées de la réussite,” certains nous ont déjà demandé à poursuivre l’expérience cette année. » Pour les principaux de collège le constat est le même en ce qui concerne les élèves qui ne sont pas en difficulté. Tous sont d’accord pour dire qu’il y a un réel travail à faire concernant cette question en plus du suivi des élèves au parcours plus chaotique.

Aider les élèves pour qu’ils puissent intégrer des filières scientifiques d’excellence est une bonne chose, encore faut-il qu’ils se sentent prêts à le faire comme le souligne Denis Barroéro, proviseur du Lycée Fourcade. « Je remarque que culturellement en local, les élèves n’ont pas tendance à aller vers les prépa et les grandes écoles. Il me semble que l’une des causes de ce défaut d’ambition scolaire et universitaire vient d’un manque d’envie de se déplacer, de quitter Gardanne ou la région. »

Pour Yveline Primo, première adjointe au maire, il convient aussi de mettre l’accent sur une plus grande parité des effectifs. « L’année dernière il y avait une large majorité de garçons parmi les participants aux “cordées de la réussite.” Nous sommes dans un pays où l’on déplore le peu de filles qui intègrent les filières scientifiques. Cette année il serait bien de veiller à tendre à une plus grande parité entre garçons et filles. Si c’est possible, pour créer une dynamique sur ce point, peut-être faudrait-il aussi qu’il y ait plus de filles parmi les élèves ingénieurs qui participent aux cordées de la réussite. »

Susciter des vocations scientifiques chez les jeunes, tel est l’un des objectifs du programme Protis (Provence Terre d’Initiatives Scientifiques) qu’a présenté Hervé Jacquemin. « Ce projet est porté par le Conseil général en partenariat avec l’université Paul-Cézanne, Centrale et l’EMSE Charpak. »

Concrètement, des chercheurs doctorants d’environ 25 ans interviendront dans les classes de collèges pour discuter de leur cursus avec les collégiens et proposer une manipulation en rapport avec leur sujet de thèse. L’idée serait bien entendu de chercher des thèmes attractifs tels que par exemple la robotique ou les cartes à puces pour des doctorants de l’École des Mines site Georges-Charpak.

Préalablement à ces interventions, ces doctorants recevraient une formation à la communication vers un publique de collégiens. Un ensemble d’actions qui renforcent le projet de Gardanne de développement de la culture scientifique notamment auprès des jeunes.