Biodiversité

Ils ont cherché la petite bête Energies 417 - Bruno Colombari

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Quatre étudiants de BTS à Valabre ont réalisé un documentaire vidéo de vingt minutes sur la faune gardannaise. Pendant huit mois, ils ont observé plus de deux cents espèces d’insectes, d’oiseaux, de reptiles ou de mammifères, mettant en évidence toute la richesse de la biodiversité de notre ville.

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28 mai 2014 : Gardanne, une nature insoupçonnée

ILS SONT LÀ, À QUELQUES CENTAINES DE MÈTRES DES HABITATIONS, AU COEUR DES QUELQUE MILLE HECTARES DE ZONE VERTE DE LA COMMUNE. Si vous êtes patient et observateur, vous aurez peut-être la chance d’apercevoir un lézard ocellé, un merle noir, une mésange charbonnière, une buse variable, un lapin de garenne, une couleuvre à échelons, un héron cendré ou ces papillons au nom poétique : le robert-le-diable, le demi-deuil…

Pour vous donner un avant-goût des mille et un trésors que la nature nous donne à admirer, vous pouvez aussi regarder le documentaire vidéo Gardanne, une nature insoupçonnée (visible ici : ville-gardanne. fr/videos). Ce court-métrage d’une vingtaine de minutes, c’est le fruit du travail passionné et passionnant de quatre étudiants de BTS gestion et protection de la nature du lycée de Valabre. Ils ont 80 ans à eux quatre et de l’énergie à revendre.

Quand, en septembre, ils doivent présenter un projet d’initiative et communication, leur choix est vite fait : ils vont réaliser un inventaire de la faune communale et rendre leur travail accessible au grand public par un film vidéo. « Nous avons fait aussi un partenariat avec la LPO (Ligue de protection des oiseaux) qui nous a demandé d’enrichir leur base de données naturaliste et de réaliser un atlas de la biodiversité, explique Nathan Horrenberger. Sur Gardanne, il n’y avait pas grand chose de fait sur la faune, notamment pour les reptiles et les insectes. »

Du côté de la LPO, Aurélie Johanet nous explique ce qu’est un atlas de la biodiversité communale : « C’est une liste d’espèces qui décrit le patrimoine naturel de la commune, qui est selon nous aussi important que son patrimoine historique. Les étudiants vont élaborer pendant l’été une publication scientifique qui liste les espèces menacées mais aussi qui dit ce qu’il est possible de faire pour les protéger sur le territoire communal, en préservant des espaces de garrigue par exemple. » La publication sera ensuite disponible sur le site faune-paca.org, rubrique Faune Paca publications.

AU DÉPART, LES QUATRE ÉTUDIANTS ONT TOUS LES LUNDIS MATINS DE L’ANNÉE SCOLAIRE POUR TRAVAILLER À LEUR PROJET. Mais très vite, ce dernier déborde partout : « Il y avait les contraintes de la météo, les examens, il fallait faire des repérages, énumère Gabriel Létard. On a passé beaucoup plus d’heures à y travailler pendant les week-ends et les soirées. » En décembre, à la nuit tombée et avec des lampes frontales par un temps glacial, il fallait être motivé ! Il leur a fallu aussi se documenter et s’équiper : « Nous avons acheté des jumelles terrestres, une longue-vue avec trépied, un appareil photo, des guides d’identification... Au total, ça représente autour de 6 000 euros, calcule Paulin Mercier. Mais c’est un investissement pour plus tard, ça nous servira.  »

Avec leur smartphone, ils pouvaient géolocaliser leurs découvertes sur le site faune-paca.org. Après les repérages et les photos, est venu le temps du tournage. « Nous avons fait appel à une entreprise Aixoise qui fait des prises de vues aériennes avec un drone, » raconte Nathan. La Semag a participé au financement de l’opération. « On voulait en fait montrer la proximité des espaces naturels et de la ville, et pour ça une vue aérienne était idéale, ajoute Gabriel. A Gardanne, vous n’avez pas besoin de faire des kilomètres pour être dans la nature. » Les premiers plans du documentaire, tournés au terril de Collevieille, et qui dévoilent progressivement la ville et la Sainte-Victoire traduisent parfaitement l’idée.

DES IDÉES, LES QUATRE AMIS N’EN MANQUENT PAS. Dès le début du projet, ils créent une page Facebook (http://www.facebook.com/Gardanne.Nature) et s’amusent à mettre en ligne une vidéo d’une minute en forme de bande-annonce, genre film d’aventures, remarquablement réalisée. Succès immédiat et buzz très favorable. Ensuite, il s’agissait de ne pas décevoir...

Et leur travail acharné a porté ses fruits. « Nous avons contacté 203 espèces, que ce soient des oiseaux, des reptiles, des amphibiens, des insectes ou des mammifères, énumère Vincent Davin. Et dans le lot, il y en a 65 qui n’avaient jamais été observées sur la commune. »

Comme par exemple le Psammodrome d’Edwards, un lézard protégé inscrit sur liste rouge. Huit espèces de reptiles ont été découvertes par les quatre étudiants, alors que seul le lézard des murailles était mentionné auparavant. « On partait de très bas, il y avait très peu de connaissances, rappelle Paulin, même si bien sûr c’est impossible d’être exhaustif : il faudrait passer plusieurs fois au même endroit, et surtout faire des observations toute l’année, alors qu’il nous manque l’été. »

Adjointe au maire en charge de la jeunesse lors du précédent mandat, Nathalie Nerini avait rencontré les étudiants en début d’année : « Nous nous sommes mis d’accord pour que leur documentaire puisse être diffusé par la Ville. Leur travail vient enrichir tout ce que fait Gardanne en direction de la pédagogie sur la nature avec les ruches, par exemple. C’est la démonstration qu’avec le lycée Fourcade et le site Charpak, on a des établissements qui ne restent pas fermés sur eux-mêmes, c’est très important et ça nous apporte beaucoup. Maintenant, il faut faire en sorte que ça continue ! »

LORS DE LA PROJECTION PUBLIQUE DU DOCUMENTAIRE LE 13 MAI DERNIER AU LYCÉE DE VALABRE, les étudiants ont d’ailleurs lancé un appel à leurs collègues de première année de BTS présents dans l’amphithéâtre. La relève semble être assurée. Jacques Touzain, leur professeur d’éducation socioculturelle, était en tout cas très satisfait : « C’est un excellent travail ! C’était un projet ambitieux, ils ont passé beaucoup de temps dessus, et ils ont été autonomes. Ils ont eu 19. »

Leur travail, à l’intersection entre la protection de l’environnement et la culture scientifique, deux domaines où la Ville s’investit fortement, est aussi la démonstration que Gardanne ne manque pas de ressources. De ressources naturelles, évidemment, mais aussi de ressources humaines, avec ses étudiants de plus en plus nombreux qui ne sont ici que de passage mais qui contribuent à enrichir la ville de leurs ambitions, de leurs compétences et de leurs rêves.