Suppressions de postes en CEC et CES

Écoles : nouvelles attaques contre l'emploi Geoffrey Dirat

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À l’heure où le ministre de l’Éducation nationale lance sa grande consultation sur l’avenir de l’école, les établissements scolaires sont contraints de mettre un terme aux Contrats emplois consolidés et solidarité (CEC et CES). Enseignants, personnels techniques et administratifs, élus et parents d’élèves se mobilisent.

Tous ensemble pour lutter contre la précarité. Tel est le mot d’ordre des personnels de l’Éducation nationale du Bassin minier qui se mobilisent depuis le retour des vacances de la Toussaint pour préserver l’emploi de leurs collègues embauchés à l’aide de Contrats Emploi Solidarité (CES) ou Emploi Consolidé (CEC). Rien qu’à Gardanne, une quinzaine de ces travailleurs "précaires" sont concernés par le non renouvellement de leurs contrats. Pour les collèges et lycées de la ville, leur absence constitue un manque crucial.
Le Lycée Fourcade pâtit en particulier de cette directive nationale. Il employait jusque là quatre personnes en CEC. Quelques jours avant les vacances de la Toussaint, trois d’entre elles ont été remerciées. D’une durée maximale de cinq ans, leur contrat était renouvelé chaque année depuis 1998. Or elles ne pourront l’achever. Le motif invoqué par l’Inspection académique : il ne restait que quelques mois pour arriver au terme des cinq années et non douze pour renouveler d’un an leur contrat. Un décalage des dates qui conduirait les établissements à prendre seuls en charge leur salaire en cas de prolongation, la Direction départementale du travail et de l’emploi (DDTE), un service de l’État, ne voulant maintenir le financement à 80 % des salaires des CEC. En ces temps de disette budgétaire, les directeurs ne disposent pas des fonds nécessaires pour assumer cette dépense.
« Je me sens rejetée, avoue Anna Partsoumian, 55 ans, je revendique simplement un droit au travail comme tout le monde. » Avec ses collègues Angel Volpe (57 ans) et Françoise Oliveros (56 ans), elle se retrouve au chômage sans droits Assedic puisqu’elles ont cotisé à un fonds spécial qui les indemnisera pendant 1 000 jours (mais qui ne compteront pas pour le calcul de leur retraite). À leur âge, et alors qu’elles souhaitent travailler, même comme CES, les perspectives de retrouver un emploi se font rares.

L’union fait la force

D’ores et déjà, leur absence entraîne de sérieuses perturbations et une tension certaine chez les enseignants. Les élèves aussi se rendent compte de la difficulté, que ce soit au self, à l’accueil, à la reprographie. Quelques devoirs ont d’ailleurs été reportés faute de photocopies. « L’Éducation nationale a détourné la loi, elle employait ces contrats temporaires pour des besoins permanents autrefois assumés par des titulaires » s’insurge Jeanine Lacroix, professeur au Lycée Fourcade. Comble de l’absurdité, le CNASEA, qui prenait en charge les 20 % de leur salaire non financés par la DDTE, les indemnisera pour rester chez elles. Dans le même temps, ce même organisme versera de nouvelles subventions pour le recrutement rapide de trois CES (un contrat plus précaire que les CEC). En matière d’économies, on a déjà vu mieux.
Dès l’annonce de la suppression des CEC, une intersyndicale réunissant la CGT, FO et la FSU a vu le jour. « Face au mépris avec lequel sont traitées ces dames, on se devait d’agir au nom de la dignité humaine » insiste Robert Carrière, professeur. Une pétition a d’abord circulé avant que deux manifestations ne soient organisées devant le rectorat à Aix et la DDTE à Marseille. Le maire de Gardanne a participé à l’une de ces initiatives et ainsi apporté le soutien de la municipalité. Après s’être renvoyés la balle pendant un mois, la DDTE et le rectorat semblent désormais prendre conscience de l’incohérence de cette décision. Dans un courrier récemment adressé aux directeurs d’établissements, l’Inspection nationale s’inquiète d’ailleurs de la situation des CEC et des CES. Mieux vaut tard que jamais. « Dans la Nièvre, des CEC ont été reconduits souligne Anna Partsoumian, du coup on garde l’espoir. »
Affaire à suivre.