Culture

École de musique et école de vie Energies 415 - Stéphane Conty

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Le 15 avril dernier, les professeurs de l’école municipale de musique étaient en concert. Un moment de partage avec leurs élèves et avec les Gardannais, et une soirée au profit du projet La musique contre la travail des enfants. Une occasion aussi de donner à écouter le travail réalisé tout au long de l’année pendant les cours de musique.

TANGO, MUSIQUE CLASSIQUE AVEC BACH, VERDI, MOZART, PROKOFIEV, MAIS ÉGALEMENT MUSIQUE PLUS CONTEMPORAINE avec Night and day de Cole Porter et What a wonderful world, le répertoire a été éclectique pour ce concert des professeurs de l’école de musique accompagnés pour l’occasion des enfants de l’orchestre au collège et de la chorale du collège Gabriel-Péri (voir encadré ci-dessous) devant plus de 250 personnes.

« Nous nous voyons toute l’année dans le cadre des cours, des réunions pédagogiques et de la conduite des projets. Le concert des professeurs est né de l’envie de se retrouver en-dehors de tout ça, juste pour partager de la musique, explique Paul Giancaterina, directeur de l’école municipale de musique. Ce concert correspond aussi à l’envie des élèves d’entendre leurs professeurs sur scène. C’est d’ailleurs aussi pour nous l’occasion de leur faire découvrir une musique classique qu’ils n’écoutent pas forcément chez eux, de leur montrer une autre facette de leur instrument. Enfin, chaque concert est l’occasion de militer pour une cause particulière, en vendant le programme au profit d’une association caritative. En cela nous nous inscrivons pleinement dans la démarche de solidarité de la Ville. »

LE PROGRAMME EST DÉCIDÉ COLLÉGIALEMENT environ quatre mois avant le concert et chacun propose un morceau en fonction de ses goûts et de sa sensibilité. Les enseignants se réunissent en formations de trois à cinq musiciens, par familles d’instruments et entament les répétitions environ deux mois avant. « La difficulté de ce genre d’exercice est d’avoir une cohésion de groupe. Un bon groupe ce n’est pas forcément un rassemblement de virtuoses individuels. Il faut aussi avoir l’esprit de partage, des sensibilités, des caractères et des visions individuelles mises au service du collectif, » précise Paul Giancaterina.

L’école municipale de musique compte quinze professeurs qui durant l’année enseignent pas moins de quinze instruments différents à 290 élèves. La musique nécessite un travail exigeant qui demande de la discipline, de la rigueur et de la régularité. Pour les élèves, les auditions publiques sont l’occasion de montrer le fruit de ce travail.

Le type d’audition publique le plus courant est programmé par classes d’instruments, à l’auditorium de la médiathèque Nelson-Mandela. Il y en a une vingtaine par an. Les classes de piano et de guitare qui réunissent une centaine d’élèves nécessitent une plus grande salle. « Nous essayons aussi de mettre en valeur les élèves plus avancés des cycles 2 et 3 qui ont entre six et dix ans de pratique instrumentale, souligne Paul Giancaterina. Il s’agit le plus souvent d’élèves qui ont commencé jeunes dans l’école. La musique est une activité dans laquelle il faut beaucoup s’investir, qui nécessite au moins une heure de pratique quotidienne. C’est souvent à l’adolescence que nous perdons les élèves. Toutefois nous constatons que ça évolue dans le bon sens avec de plus en plus d’inscrits qui restent dans la durée. »

L’ÉCOLE FONCTIONNE DANS LA CADRE DU SCHÉMA DIRECTEUR NATIONAL avec des niveaux à faire valider en fin de cycle par un examen devant un jury extérieur. Chaque cycle dure en moyenne quatre ans. Comme l’explique Paul, « Pour les auditions ce sont les professeurs qui proposent des morceaux. Plus les élèves sont grands et plus ils pourront avoir un choix personnel. A l’école nous voulons aussi être à l’écoute des envies des élèves, mais toujours en respectant des normes de progression. Si un style ou un morceau ne plaît vraiment pas, alors on propose autre chose. Dans cette démarche, depuis deux ans nous développons des cours de musiques actuelles avec un répertoire plus axé sur le rock, le jazz et la variété. C’est très important de conserver la notion de plaisir dans la pratique. »

L’ÉCOLE ACCUEILLE DES ÉLÈVES ENFANTS ET ADULTES, POUR DES COURS INDIVIDUELS ET COLLECTIFS. Les cours individuels durent de 20 à 45 minutes en fonction de l’âge et du niveau. Il y a aussi une heure de cours collectif hebdomadaire. C’est là où sont acquises les notions théoriques propres à tous les instruments, comme le solfège. Cette année ce cours est abordé à travers un cours d’orchestre où les acquisitions théoriques se font à travers la pratique de l’instrument.

« On se soucie moins de former une élite qui pourra intégrer par la suite le conservatoire. Nous essayons d’avoir une pédagogie novatrice qui réponde plus à l’attente du public en 2014. Nous avons un atelier de découverte instrumentale qui permet aux enfants de CP et CE1 d’essayer de multiples instruments tout au long de l’année avant de faire un choix. Nous avons aussi de plus en plus d’enfants qui ont découvert la pratique musicale grâce à l’opération “Orchestre à l’école” et qui sans ça ne seraient jamais venus. L’objectif de l’école est que les élèves jouent ensemble le plus tôt possible. Cela permet d’apprendre l’écoute des autres, le respect de leur travail. Quand on ne connait pas sa partition on met le groupe en difficulté. Finalement c’est aussi une formation à la citoyenneté. »

Chaque année en fin de saison l’école propose son spectacle. Hasard du calendrier, cette année celui-ci aura lieu le 18 juin, il correspondra au 70e anniversaire de la Libération de Gardanne et du droit de vote des femmes et s’intitulera 18 juin et autres résistances. « Le spectacle va parler de la liberté des peuples à disposer d’eux-mêmes. Pour le réaliser nous avons collecté des chansons du monde entier qui traitent de cette thématique,  » conclut Paul Giancaterina. Tout un programme.

Lutter contre le travail des enfants

Les fonds récoltés lors du concert des professeurs aideront au financement du voyage à Genève d’une quarantaine d’élèves de 4 e et de la chorale du collège Gabriel-Péri le 10 juin prochain. Ceux-ci interpréteront deux chansons de Daniel Beaume, Libérez les enfants et La musique au palais des Nations Unies en ouverture d’une réunion des représentants de nombreux pays signataires des conventions de lutte contre le travail des enfants. Le 11 juin ils seront reçus par le responsable du Programme international pour l’abolition du travail des enfants. Actuellement environ 168 millions d’enfants travaillent dans le monde dont 85 millions dans des activités dangereuses (industrie, agriculture, service).