Musiques à Gardanne 2006

Du splendide et de l'émotion ! Loïc Taniou

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Le Grand orchestre du splendid, Manau, Oshen, l’orchestre philharmonique de Provence, Elvis... Voici quelques-uns des artistes invités qui sont venus rythmer les soirées de “Musiques à Gardanne”. Retour sur cette édition qui a rencontré un franc succès.

Vendredi 24 juin, il règne une certaine fièvre car c’est le soir du match de football France-Togo et c’est aussi le début de Musiques à Gardanne. Tandis que la France joue son match décisif, le festival commence doucement avec les fanfares. Une large partie du public est, bien entendu, retenue devant son téléviseur. Les fanfares n’hésitent d’ailleurs pas à aller se produire devant les terrasses des cafés, comme celle qui joue du rythm’n’blues à la manière des Blues brothers.

Une heure trente plus tard, c’est la délivrance, la France vient de battre le Togo et en peu de temps le centre-ville est envahi par le monde. Il règne une certaine allégresse. Le groupe Manau monte sur scène. Avec une musique qui laisse une grande place aux instruments acoustiques comme violon, cornemuse, accordéon, guitares sèches, biniou, le groupe entame un concert festif mêlant hip-hop et musique aux sonorités celtiques. Le chanteur a visiblement l’air heureux de jouer ce soir-là à Gardanne. L’ambiance est là, le festival est bel et bien lancé. Durant une heure et demie, Manau livre un show avec de nouvelles compositions et des reprises des morceaux qui ont fait son succès comme La Tribu de Dana et La belette et le renard. Après plusieurs années de silence, Manau signe son grand retour sur scène. Un concert très apprécié qui a rencontré un bon écho auprès des jeunes. Un bel enchaînement de spectacles

Le lendemain, le festival reprend par un concert de musique classique donné sur le parvis de l’église par l’Orchestre philharmonique de Provence. Une nouveauté dans la programmation de Musiques à Gardanne. Le parvis de l’église devient un lieu particulier du festival offrant un endroit avec une bonne acoustique pour des spectacles que l’on aime écouter assis. Composé de 60 musiciens, l’orchestre philharmonique livre un concerto avec violons, clarinettes, cors, trombones, trompettes, hautbois, flûtes traversières, tambours, violoncelles. Quelques dizaines de mètres plus haut, sur une scène aménagée sous les platanes, le groupe Les gens d’en face donne un concert chaleureusement applaudi, mêlant orchestration acoustique et électrique.

D’un bout à l’autre de la rue, le Cours se transforme en terrasse de café géante. Sur la grande scène, Oshen, de son vrai prénom Océane, offre avec un petit grain de folie un concert plein d’humour, de sensibilité. Après quelques mouvements de Taichi où elle mime un “King de la rue”, elle entame un jeu de chassé-croisé entre univers marseillais et parisien, avec son morceau Les Marseillais ont l’avantage de ne pas être... Parisiens. Elle apostrophe le public, joue des clichés, de la parisienne en boîte de nuit au cacou marseillais. Jubilatoire !

Ensuite, Oshen laisse place au Grand Orchestre du Splendid. Un groupe d’agités qui va offrir un show détonnant, mêlant jazz, swing, salsa et sketchs parodiques. Au travers d’une galerie de personnages haut en couleurs, ce dernier raconte L’histoire du Jazz à travers les Zzaj. Chaque période du jazz est prétexte à un sketch, rapidement illustré en musique. On se retrouve ainsi plongés en 1920, période de la prohibition « avec du jazz qui se corrompt, » puis dans les années de guerre « où le jazz se planque dans les caves enfumées » avant de retrouver des temps plus modernes avec du jazz existentiel, celui de St- Germain des Prés. Pupitres rouges, costumes, mimiques, mouvements de têtes, de corps, cuivres, rythmes enlevés... Ça joue, ça balance. Si le groupe a de l’âge, il déménage toujours. Le spectacle se poursuit dans les tripots enfumés de la célèbre chanson Macao, avant un grand final avec La salsa du démon jouée à minuit. Ce morceau tant attendu, déchaîne le public. Très applaudi, le Grand orchestre bat un rappel digne du théâtre.

clôture du festival à Biver

C’est par un show à l’américaine que Musiques à Gardanne se termine sur la place de l’église de Biver. Les nombreux spectateurs attendent patiemment le début du concert. Soudain, après une courte projection d’images sur Elvis Presley, on perçoit une petite agitation du côté du parvis de l’église. Voilà une Cadillac qui surgit. Surprise, c’est bien Elvis qui semble sortir de la grosse voiture et qui monte sur scène pour entamer un show. Il s’agit en fait de Christian Gil véritable sosie du King, qui offre avec ses musiciens, un hommage vibrant au roi du rock’n’roll, au travers de ses plus grands succès.

« Cette année, on a essayé le classique dans la rue, nous confie Mustapha El Miri, élu à la culture, ce fut une réussite. Le grand Orchestre du Splendid était spectaculaire. Des publics très différents sont venus chaque soir. Nous avons eu plus de monde que d’habitude. L’objectif de Musiques à Gardanne de mêler moment festif, familial, avec les différents publics nous semble atteint. »

Culture de jeunes pousses

Sous sa nouvelle forme de festival, Musiques à Gardanne offre depuis l’année dernière une scène ouverte aux groupes locaux accompagnés par une tête d’affiche. Ainsi, sous une scène montée au pied de la Médiathèque, les jeunes talents en herbe comme Thunderbird, Chrisalide, Cobalte, Kéraox et Mascarade se succèdent. La plupart des groupes sont issus des lycées de la ville et connaissent leur première scène. Ensuite, c’est Jabuz qui avec ses jeux de regards, sa belle instrumentation, ses apostrophes du public, offre une prestation scénique enjouée. Une réussite. On comprend pourquoi ils ont remporté récemment le prix scène de CourteÉchelle.

Enfin, Misère et Cordes invité “Tête d’affiche” conclu cette agréable soirée avec des chansons à texte et un univers théâtre-musical bien à eux.