Travaux

Des chantiers géants pour prévenir l’inondation Energies 354 - Stéphane Conty

Publié le

Alors que viennent de s’achever d’importants travaux sur le réseau pluvial au quartier des Prés, d’autres démarrent au ruisseau des Molx entre Pechiney et Biver. Ceux-ci s’intègrent au dispositif mis en place par la commune depuis les années 80 pour préserver Gardanne des risques d’inondations.

Depuis le début des années 80, la municipalité de Gardanne aura investi près de six millions d’euros en construction d’ouvrages ou en travaux d’aménagements divers pour prévenir le risque d’inondation. Le dernier chantier en date est celui des Molx. Ceux qui empruntent régulièrement la D58a qui relie Gardanne à Biver en longeant la colline des Frères du côté de l’usine Rio Tinto/Alcan (Pechiney) et de la zone d’activité Avon auront certainement remarqué que des arbres ont été abattus le long du ruisseau des Molx.

Celui-ci va en effet faire l’objet de travaux comme l’explique Joël Bossy, technicien municipal en charge des réseaux humides. « Nous procédons au recalibrage du ruisseau des Molx entre Gardanne et Biver. Ces travaux sont prévus en deux phases, dont la première que nous lançons en ce début avril concerne un tronçon allant de l’usine Rio Tinto/Alcan jusqu’à hauteur de la zone Avon, et doit durer environ douze mois. Sur cette période nous allons élargir le ruisseau et traiter ses berges par enrochement, refaire les ponts sur le parcours, dévier les réseaux existants et réaliser un bassin de rétention. »

Une fois recalibré le ruisseau des Molx fera environ 4 mètres de large et 2 mètres de profondeur. L’une de ses berges va être longée par un cheminement piéton et une piste cyclable en enrobé bordés d’arbres. Un bassin de rétention de 18000 m3, situé en aval du petit chemin des Molx lorsqu’on va de Gardanne vers Biver, figure également au programme de ce chantier.

Un cheminement piéton permettra d’en faire le tour et donnera l’occasion d’admirer son aménagement paysager composé d’herbe et de 72 arbres soigneusement sélectionnés pour leur capacité d’adaptation à une éventuelle inondation du bassin. Une année de travaux donc pour un coût d’un million et demi d’euros.

Une deuxième phase de travaux sera réalisée ultérieurement et viendra compléter le dispositif en poursuivant le recalibrage du ruisseau des Molx jusqu’à Biver et en créant un nouveau bassin de rétention de 42 000 m3 qui sera situé approximativement entre la cité Casablanca et la cité Salonique.

Ces aménagements au ruisseau des Molx vont ainsi venir compléter ceux déjà effectués à la zone d’activité Avon où 1,2 km de réseaux ont été repris dans la partie la plus ancienne de la zone, et où un bassin de dépollution de 4300 m2 a été réalisé pour faire face à une pollution accidentelle.

En 2010 c’est le quartier des Prés qui a fait l’objet d’importants travaux, dernière phase d’un programme débuté en 2003 pour protéger le quartier des risques d’inondations en cas de crue décennale. Lors d’une première tranche, le ruisseau de Bompertuis qui rejoint celui de Saint-Pierre, avait été élargi. Avait ensuite été entrepris le terrassement des terrains qui se trouvent en contrebas du stade de Fontvenelle pour améliorer l’écoulement des eaux, après quoi les travaux avaient porté sur le canal d’évacuation, aménagé pour l’occasion en piste de skate.

A l’été 2010 ont démarré les travaux pour reconstruire le pont au chemin des Prés, point final de ce vaste programme d’un coût global de deux millions d’euros. « Initialement prévus pour trois mois les travaux viennent à peine de s’achever. Avant d’attaquer le chantier nous avions déplacé les réseaux qui passaient sur la zone des travaux. Malheureusement France Télécom avait oublié un réseau qui alimente le Circosc de Valabre ce qui a créé des complications et nous a fait prendre du retard. A cela s’est ajoutée une période de mauvais temps pendant lequel la pluie faisait augmenter le niveau de l’eau sous le pont, empêchant de poursuivre le chantier. Un retard qui a causé des désagréments aux riverains qui ont néanmoins dans l’ensemble fait preuve de patience, » explique Joël Bossy qui ajoute que « pour le recalibrage du pont au chemin des Prés nous nous sommes alignés sur ce qu’avait fait la Direction des routes du Conseil général lors du recalibrage du pont du CD6. »

Avant d’arriver au quartier des Prés, le ruisseau Saint-Pierre (qui borde aussi le quartier Notre-Dame et le lycée Marie-Madeleine Fourcade) sort du Perça (tunnel qui passe sous la colline du Cativel) entre l’avenue Charles de Gaulle et l’avenue d’Aix. C’est dans ce secteur, entre le pont de chemin de fer et la rue du Moulin à huile, que se situe l’un des tronçons du ruisseau qui devra faire l’objet d’un recalibrage futur.

Le ruisseau Saint-Pierre qui a d’ailleurs déjà donné lieu à d’importants travaux au vallon Saint-Pierre situé au dessus du quartier Notre-Dame. Ceux-ci s’étaient révélés indispensables pour éviter qu’en cas de très fortes pluies ou de crues, si les canalisations venaient à être obstruées, l’eau n’emporte les sols en provoquant une coulée de boue pouvant s’avérer dangereuse pour les habitations se trouvant en contrebas, notamment au quartier Notre- Dame.

Joël Bossy rappelle les grandes lignes de ce chantier : « Lors de la première tranche faite en 2002-2003 pour un coût de 380000 €, nous avions dû renforcer les canalisations en béton de 1m de diamètre chargées de l’écoulement des eaux de pluie qui étaient en train de s’écraser sous le poids du remblais. La seconde tranche avait consisté à réaliser un déversoir de crue pouvant répondre à un débit de 40 m3/s, soit largement supérieur à une crue décennale. Pour cela nous avions terrassé avec plus de 23000 m3 de terre afin de réaliser un canal qui débouche sur un empierrement de 55 m et une pente de 20 % pour finir dans un bassin. Un aménagement qui permet que l’eau réintègre son cours avec un débit acceptable. Nous avions ensuite recouvert le bassin amont et le fossé d’une géomembrane imperméable. Cette dernière phase avait coûté 439 000 €. »

C’est en aval du vallon Saint-Pierre, non loin du Lycée Fourcade, que le cours du ruisseau Saint-Pierre pose aujourd’hui problème comme l’explique le responsable du pluvial à la mairie : « Entre le lycée et le Perça , nous avons une double canalisation qui n’est pas en mesure d’accepter une crue centennale. Pour y remédier nous pouvons recalibrer le ruisseau sur 200 mètres ou prolonger le Perça sur environ 60 mètres. Nous avons donc lancé une étude pour décider de la solution la plus pertinente.  »

Une problématique en prise directe avec le projet de construction de la future Maison des associations et le réaménagement du foyer 3e âge Nostre Oustau envisagé entre la Maison du Peuple et le stade Savine, mais qui pour l’heure est handicapé par des risques d’inondation qui pèsent sur la zone.

Un risque d’inondation potentiel mais qui pour l’heure ne s’est pas avéré depuis des dizaines d’années, comme pour d’autres zones de Gardanne qui bénéficient désormais d’un réseau de bassins de rétention et d’aménagements spécifiques performants. C’est le cas depuis 1989 à la Médiathèque où un bassin de 30 000m3 sur 15000 m2 de surface est devenu un lieu de promenade et de jeu très prisé par les familles.

Au Pesquier, ce sont plus de 10 000m2 qui ont été aménagés en espace naturel pour accueillir les débordements éventuels. Au Centre Microélectronique de Provence Georges-Charpak, un bassin a été dimensionné en 2006 pour stocker une crue décennale et protéger ainsi les lotissements qui l’entourent. Le bassin de rétention de Fontvenelle, construit pour récupérer les eaux de pluie de Bompertuis, est devenu le plan d’eau que les pêcheurs et les promeneurs apprécient.

Tous ces ouvrages et travaux permettent aujourd’hui à de nombreux Gardannais, même si le risque majeur d’inondation n’est jamais à exclure, de traverser les périodes pluvieuses avec plus de sérénité.

Jeannot Menfi * : « Beaucoup moins de demandes d’interventions d’urgence »

Depuis des années la commune réalise d’importants investissements en matière de pluvial. Quels résultats peut-on en attendre ?

De par sa situation géographique, Gardanne reçoit les eaux de Mimet et de Gréasque. C’est la ville qui doit assumer la charge financière des investissements nécessaires pour réaliser les installations qui permettent à cette eau de s’écouler jusqu’à la Luynes, mais également de faire face à un éventuel risque d’inondation. Depuis des années nous mettons donc en oeuvre d’importants moyens pour répondre à ces objectifs. Nous avons notamment réalisé cinq bassins de rétention qui sont situés à la Médiathèque, au Pesquier, à Fontvenelle, au CMP et à La Palun sans compter les divers aménagements de ruisseau et de vallats comme à Biver. Nous venons de commencer le recalibrage du ruisseau des Molx qui va être accompagné à terme par la réalisation d’un premier bassin de rétention, qui sera suivie d’un second bassin dans une phase ultérieure. Au fil des ans, ces travaux complètent notre dispositif pour prévenir les risques d’inondation.

A-t-on déjà pu en mesurer les résultats ?

Pour l’heure les installations mises en place sont calibrées pour faire face à une crue décennale. Comme il y a plus de 30 ans que nous n’avons pas eu de cas de précipitations d’une telle ampleur, il est difficile de mesurer le degré d’efficacité du dispositif dans une telle situation. Il serait de toute façon illusoire d’affirmer que Gardanne est totalement à l’abri des risques d’inondation, ne serait-ce que dans le cas d’une crue centennale. Ce qui est certain, c’est qu’avant que nous débutions ce programme de travaux qui nous aura coûté au jour d’aujourd’hui près de six millions d’euros, dès qu’il y avait de gros orages nous étions très sollicités dans certains quartiers. Depuis que ces ouvrages ont été réalisés, nous enregistrons beaucoup moins de demandes d’interventions d’urgence, ce qui est déjà en soi un résultat très positif.

* Adjoint au maire délégué aux travaux.