De la musique dans votre assiette Energies n°475 - 30 mai 2017 - Bruno Colombari

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Encouragés par une météo estivale, vous avez été des milliers de visiteurs à vivre un moment de partage, de découverte et de convivialité les 12 et 13 mai pour “Arts & Festins du Monde.”

D’UN CÔTÉ, LES RESTAURATEURS ET LES TABLES POUR MANGER EN PLEIN AIR. DE L’AUTRE, DES CONCERTS.

Et si on réunissait les deux ? Gérard Van Fouchett l’a fait avec son concert de musique d’assiette. Une grande table en U, une vingtaine de musiciens réquisitionnés parmi les spectateurs (c’est un spectacle participatif), des assiettes, des couteaux et des fourchettes (les petites cuillères ont été interdites en raison du plan Vigipirate, paraît-il) et c’est parti pour une heure loufoque.

Nous avons testé pour vous : si la symphonie de frottements, crissements et autres percussions (plusieurs assiettes n’ont d’ailleurs pas résisté à l’épreuve) n’a rien à envier au Philharmonique de Vienne, il n’est pas conseillé de rééditer l’expérience le dimanche lors d’un repas en famille. D’autant que les enfants, à qui il était demandé de hurler à pleins poumons « Miam ! » ou « À table ! » seraient ravis de vous faire profiter de ce qu’ils ont appris...

BAMBOU À LA NAPOLITAINE

Pas besoin d’assiettes pour le Bamboo orchestra et sa musique étonnante, entre percussions hypnotiques et mélodies envoûtantes créées par Makoto Yabuki il y a une vingtaine d’années à Marseille. « Avec le bambou, vous pouvez faire beaucoup de choses, c’est une plante pleine de ressources, qui pousse vite et permet de lutter contre la déforestation. C’est un instrument écologique et durable  ! »

Quelques heures plus tard, Radio tutti et les Barilla sisters enflammaient le public du Cours avec leur tarentelle napolitaine  : deux danseurs se mesurent et s’esquivent au milieu de la foule, puis en entraînent deux autres, et encore deux...

MOUSSU T COMME À LA PLAGE

Le temps-fort de la première soirée, c’était le concert de Moussu T et lei Jovents. Quelques heures plus tôt, assis en terrasse devant une bière, il nous confiait : « Dans la période où on est, c’est important de retrouver ce plaisir de rencontrer d’autres humains, quel que soit l’endroit d’où ils viennent. Être ensemble, c’est ce qui fait notre humanité.  »

Tricot rayé et casquette plate, Moussu T, Blu et leurs collègues musiciens ont transporté le public jusque dans la calanque du Mugel à La Ciotat, où la serviette de plage et le bikini léopard sont indispensables.

Le chanteur des Massilia n’a pas manqué de rappeler la solidarité des Gardannais pendant les grèves des chantiers navals, autant dire qu’il est ici comme chez lui. Il a dédié une de ses chansons à Tatie Ninja, militante marseillaisee récemment disparue, et « à tous ceux qui ont eu une belle vie. » Espérons que ça fasse du monde.

CÉVICHE PÉRUVIEN ET MAXI SPEED ROLL

Pendant que la façade de l’Hôtel de ville se mettait aux couleurs de la fête grâce aux rampes de leds récemment installées, les tables et les terrasses des cafés étaient comme d’habitude prises d’assaut dès la première soirée, grâce à une météo très favorable. Cette année, vous aviez le choix entre le céviche péruvien, le boudin créole , le falafel libanais, la quesadilla mexicaine ou, bonne idée, la tartine végérarienne aux aubergines.

Entre les repas, les jeux surdimentionnés installés par la ludothèque Puzzle devant l’espace Bontemps permettaient de se mesurer au palet, au taou, au maxi speed roll, au nyout ou au shove ha’penny. Ça change de Minecraft !

Il y avait aussi les artisans dont les stands s’étalaient tout au long du boulevard Carnot, et l’espace solidaire æ avec Artisans du monde, le Pont Cedek (Bénin), Kouminto (Burkina Faso) ou le Philistin (Palestine).

Arts & Festins, c’est enfin des moments particuliers, comme ce jeune homme en costume de soirée profitant d’un temps mort pour grimper sur la grande scène et faire une déclaration d’amour à sa belle, un genou à terre. Ou ce petit garçon se faisant un devoir de faire des petits ponts aux passants avec son ballon de foot. Ou ce grand dadais perché sur les épaules (solides) d’un ami la tête à trois mètres de haut pour se repérer dans la foule. Une douce soirée de printemps, un brin d’insouciance, de belles rencontres et beaucoup de chaleur humaine : ça ressemble peut-être à ça, le bonheur.