« Avant, on faisait la soupe, maintenant,
que voulez-vous, on nous la donne
toute cuite » explique cette résidente,
confortablement installée dans un fauteuil
du salon. Ils sont une dizaine assis
autour d’une table, ils confectionnent
des poupées de laine pour les enfants
des crèches. Certaines s’étonnent que
l’on utilise de la laine pour autre chose
que tricoter des pulls ou des couvertures,
le débat est engagé. Sous l’œil
professionnel de Monique, l’animatrice,
toutes s’affairent pour que tout
soit prêt dans les temps.
En continuant
la visite de cette nouvelle maison de
retraite de Gardanne, on découvre la
lingerie. Juste à côté, la salle de recueillement.
Après le petit salon et le coin télévision, on entre dans la salle
à manger ; une vaste pièce, très claire
tout comme l’ensemble du bâtiment,
avec une décoration murale très fleurie.
Au rez-de-chaussée se trouve également
un espace dit sécurisé pour
l’accueil des résidents atteints de la
maladie d’Alzheimer ou d’autres maladies
neurodégénératives. Ici, un salon,
un coin télé et un poste de radio.
« Les personnes atteintes de ces pathologies
aiment beaucoup chanter et
danser, nous leur offrons bien volontiers
ces quelques instants de bonheur, »
souligne Elsa.
Leurs chambres sont situées
au premier étage où se trouve
également le cabinet médical, l’infirmerie,
la salle de jeux et le salon de coiffure. La coiffeuse se
rend une fois par semaine
à la maison de retraite pour
refaire une beauté aux résidents
qui le désirent. Dans
les couloirs, la lumière du
jour pénètre de toutes parts
par de grandes fenêtres,
des baies vitrées qui renforcent
ce sentiment d’ouverture
vers l’extérieur.
Comme l’explique Monique, « tous les occupants possèdent leur propre chambre. A leur demande, ils peuvent avoir le téléphone et la télévision. Le linge est fourni, et ils ont la possibilité d’emmener leurs meubles, de décorer à leur goût, tout est fait pour qu’ils se sentent chez eux, le mieux possible. » Et M. Leblanc ne s’en est pas privé ; sa chambre est une véritable galerie de peintures, ses peintures. Et s’il ne peint plus aujourd’hui, il a promis à Monique d’essayer de s’y remettre, dans quelques temps.
La résidence,
au quotidien
Même si les activités au Domaine de
l’Olivier se mettent en place petit à petit,
et quoi de plus normal pour une
structure qui a ouvert ses portes depuis
peu, les résidents n’ont pas le temps
de s’ennuyer. Trois animatrices sont
chargées de les occuper. Si Monique
est plus particulièrement attachée aux
travaux manuels, Ingrid interviendra
également pour ce qui concerne les activités
de maintien en forme, Elsa anime
plus particulièrement les journées
des résidents du rez de chaussée (unité
Alzheimer). Le nom de cette unité sera d’ailleurs voté d’ici quelques jours.
Au programme, des jeux, du chant, de
la danse, des activités manuelles, de la
couture, du jardinage, des soins de
peau, de la manucure, la lecture de l’actualité
du jour, des lotos, des jeux de
ballons, de la gym douce, un atelier
pour entretenir la mémoire et des sorties.
Dernièrement, un groupe s’est affairé
à la réalisation de 200 poupées et
d’un totem en papier mâché pour le
carnaval des crèches qui s’est déroulé
le 19 mai sur le stade Savine. Pour Liliane
Tracchino présidente de l’AGESPA
(association qui gère le domaine)
et Martine Quenette, la directrice, « le
souhait est d’ouvrir la résidence sur
l’extérieur, le but étant de maintenir le
lien social pour l’ensemble de nos résidents.
Aussi, le mercredi matin, un
minibus les emmène sur le marché, différentes
sorties seront organisées au
cinéma, à la Médiathèque, à la piscine,
dans d’autres maisons de retraite.
Cet été, pendant la fermeture du foyer
Nostre Oustau, quelques personnes
viendront déjeuner avec nous. On essaie
de répondre au maximum à leurs
attentes, le bien-être étant le principal
objectif du Domaine de l’Olivier. »
Parmi
les 58 pensionnaires accueillis (dont
19 hommes), certains souhaitent très
volontiers mettre la main à la pâte ;
dresser le couvert, aider le personnel, participer activement au quotidien de
leur lieu de vie est un plaisir. Les familles
peuvent venir déjeuner quand
elles le souhaitent en prévenant de leur
venue. Un cahier de doléances est mis
à la disposition des visiteurs et des résidents,
les propositions sont prises en
compte par le personnel.
« Moi, je ne
m’ennuie jamais, nous confie cette
dame. Je fais des mots fléchés, je lis
beaucoup, je participe aux activités,
je discute, j’aime rencontrer du monde
et être en compagnie. Je sais que
d’ici quelques temps, on fera plus de
sorties, il faut laisser les choses se mettre
en place. Comme on dit, Rome ne
s’est pas faite en un jour ! »
Du côté de
l’unité sécurisée, Ducia a accepté de
chanter pour nous, la Kalinka, un chant
soviétique qu’elle entonne plusieurs
fois par jour, au grand bonheur des animatrices
et des autres retraités. « J’aime
aussi beaucoup le jardinage. Quand
j’habitais dans ma maison, j’y passais de bons moments. Ici aussi on a un jardin.
Ce matin, j’ai planté quelques
fleurs, puis j’arracherai les mauvaises
herbes, et j’arroserai pour les voir
grandir. » Pour cette unité, l’espace extérieur
est également sécurisé et fermé.
Ailleurs, il est possible de faire le
tour de la résidence, et de se poser un
instant sur les chaises installées autour
d’un magnifique olivier offert par le
groupe Arcade (propriétaire du bâtiment)
à la fin des travaux, ou d’observer
les poulettes du poulailler.
Un personnel
majoritairement
gardannais
Sur les 42 personnes qui travaillent à
la maison de retraite, 32 sont issues de
la commune. Un engagement respecté.
« Le médecin coordonateur avec
l’infirmière référente et l’équipe soignante
assure la continuité des soins
7 jours sur 7 et veille à ce que les prescriptions
du médecin traitant du résident
soit respecté » explique Martine
Quenette.
En cuisine, le personnel assure le service
matin, midi et soir. Tout est cuisiné
sur place, selon les règles strictes
mises en vigueur. Une fois par mois,
une commission repas se réunit en présence
d’une diététicienne de certains
membres du personnel, de résidents et
de familles. Des repas à thèmes sont
programmés, le dernier en date a eu
lieu le jeudi 19 mai avec un menu mexicain.
Sur place œuvrent également une psychologue,
une équipe d’agents d’entretien,
une secrétaire, une maîtresse de maison,
une lingère, des auxiliaires de vie,
une personne qui s’occupe de l’entretien
général du bâtiment et bien entendu
une directrice, arrivée il y a un
mois et qui veille consciencieusement
au quotidien de la maison de retraite.
Des délais respectés
Le manque de lits en maisons de retraite
sur le secteur n’est pas un constat
récent. C’est en 1999 que la municipalité
s’est engagée dans un long processus
de réflexion, d’identification des besoins,
de contacts avec les organismes
officiels, de visites de maisons de retraite.
Confiance a été faite à Sud Génération
Accueil. S’est ensuite posée
la question de l’emplacement. « Nous
souhaitions implanter la maison de retraite
dans un endroit calme, non loin
du centre-ville, souligne Georges Felouzis,
directeur du CCAS. La ville a
offert un terrain qui correspondait à
ces attentes, sur la route de Mimet. Le
site offre une vue imprenable d’un côté
sur la Sainte-Victoire, de l’autre sur le
Pilon du Roy. » Les délais ont bien été
respectés puisque les travaux auront
duré 11 mois, comme prévu.
Du côté
des emplois, tout comme pour les résidents la priorité a été donnée aux candidatures
gardannaises. Pour les 84
places disponibles, plus de 250 demandes
ont été recensées. « Notre pays
compte de plus en plus de personnes
âgées, poursuit Georges Felouzis. Il y
a vingt ans, la moyenne d’âge d’entrée
dans une maison de retraite était
de 75 ans. Elle est passée à 85 et plus
aujourd’hui. Oui, l’espérance de vie
augmente. Nous voici à l’ère du papyboom,
et c’est maintenant qu’il faut
réagir, anticiper. Car cette réalité démographique
engendre de nombreuses
préoccupations à prendre en compte ;
leur accueil, des animations spécifiques,
des soins plus importants. Et
pour pouvoir gérer tout ça, nous avons
besoin d’un personnel qualifié dans le
domaine de la gérontologie. »
Pour tenir compte de cette évolution, la municipalité réfléchit d’ores et déjà à une nouvelle structure pour les années à venir.