Inauguration de la Résidence sociale

Au nom de l’Abbé Pierre Bruno Colombari

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Après quatre ans d’études et de construction, la résidence sociale Abbé-Pierre a été inaugurée le 5 octobre sur le versant ouest du Cativel. Gérée par la société Adoma, elle compte 39 logements et fait partie d’un dispositif pour l’accueil temporaire de personnes à faibles ressources.

C’est avec fierté que Sabrina nous fait visiter son appartement du premier étage dont la fenêtre donne sur Bompertuis. C’est certes modeste, vingtdeux mètres carrés avec une salle d’eau, une kitchenette, un lit, un canapé, une table, des chaises et quelques étagères, mais c’est tout neuf. Et pour les millions de mal-logés en France, touchés à la fois par la précarité de l’emploi et la flambée de l’immobilier, c’est beaucoup plus qu’un logement. « Je travaille à Gardanne en temps qu’aide à domicile, à mi-temps. Pendant la construction de la résidence, j’habitais dans un logement étudiant aux Milles. C’est une assistante sociale du CCAS qui m’a aidée à obtenir ce studio. Compte- tenu des aides auxquelles j’ai droit, il me reste 90 euros par mois à payer. »

Pour autant, Sabrina, comme tous les autres habitants de la résidence Abbé- Pierre, sait bien que pour elle c’est une adresse provisoire. « Ici, on signe pour un an, renouvelable une fois. Donc il faut chercher un autre logement. » Elle connait bien le quartier pour avoir habité à la rue Puget. La colline du Cativel, c’est un peu son terrain de jeu.

La résidence sociale à Gardanne, c’est une longue histoire. Tout a commencé en juillet 2003, sous l’impulsion de Jeannot Menfi adjoint au logement, avec la signature d’une convention pour éradiquer le logement indigne, convention signée entre la Ville et la Sonacotra (qui depuis, a changé de nom pour devenir Adoma). Quelques mois auparavant, il était apparu qu’il manquait sur la commune des logements destinés à des personnes à très faibles ressources, et qu’en parallèle, des appartements insalubres dans la vieille-ville étaient loués à des personnes en détresse. D’où le projet d’une résidence sociale proposant un accueil temporaire et un accompagnement, ainsi que la réhabi litation de bâtiments vétustes dans le centre ancien.

Après un débat sur l’implantation du site (contestée par des riverains du Cativel), le chantier de la résidence sociale a pu démarrer à l’été 2006. « Ça a été un long combat, souligne le maire, Roger Meï, et je tiens à remercier ceux qui nous ont soutenu. Quand on veut construire du logement social, on nous dit c’est bien, mais faites-le ailleurs. Il y a quelques années, on a visité des maisons dans lesquelles des gens vivaient dans des conditions inadmissibles. Dans la vieilleville, nous préemptons désormais des logements et nous les confions à Adoma pour qu’elle les rénovent et les attribuent aux personnes sans gros moyens financiers. Il faut sauver ce centre-ville que nous aimons. »

un partenariat exemplaire

Sollicité en 2005 pour donner son nom à la future résidence, l’Abbé Pierre avait approuvé sans réserve. Et c’est le jour-même de l’annonce de sa disparition, le 22 janvier dernier, que les membres de l’atelier d’écriture du Secours catholique ont décidé de lui consacrer un hommage en chanson, sur l’air de V’la l’bon vent. Michel Pélissier, président d’Adoma, faisait d’ailleurs naturellement le lien : « La Sonacotra a été fondée en 1956, deux ans après l’appel de l’Abbé Pierre pour le logement des sans-abris de l’époque. Mais en cinquante ans, notre “clientèle” a changé. Conçue à l’origine pour accueillir des travailleurs immigrés, la Sonacotra compte désormais un tiers de retraités, un tiers de demandeurs d’emplois et un tiers de salariés. C’est pour cela que nous avons changé de nom. Notre nouveau métier implique un partenariat étroit avec les villes, et je dois dire que le partenariat avec Gardanne a été exemplaire. Notre mission est simple  : nous sommes un outil de l’État au service des collectivités locales en matière de logement. » Il faut donc concilier des publics très différents mais qui cumulent deux handicaps : revenus et insertion.

Paco a été le premier logé à la résidence sociale. La plaque à l’entrée de son studio porte d’ailleurs le numéro 1. « Avant d’arriver ici, j’ai dormi pendant quatre mois dans une voiture à ma sortie de prison. Je suis passé par l’Association d’Aide pour l’insertion (AAI) qui m’a mis en relation avec Adoma. Ici, c’est propre, tout le monde est respectueux. Et ce qui est important, c’est que c’est mixte. J’ai connu des foyers où il n’y avait que des hommes et ça se passait mal. Maintenant, je vais passer une formation de cariste pour trouver un travail, et après, je chercherai un appartement. »

Si tout est mis en oeuvre pour que les résidents se sentent bien, ils ne doivent pas oublier que leur séjour est temporaire, et que le fonctionnement de la résidence obéit à des règles communes : « Les visites ne sont autorisées qu’entre 8 heures et 21 heures, et il n’est pas possible d’héberger quelqu’un d’autre sauf pendant deux semaines par an, explique David Jarnier, responsable de la résidence. Pour l’instant, les relations de voisinages sont très bonnes. Un des apprentissages fondamentaux, c’est de vivre ensemble dans la perspective d’un relogement. » Début octobre, 28 des 39 appartements (de 18 à 46 mètres carrés) étaient occupés, le reste devant être attribué d’ici la fin de l’année. Et une responsable adjointe chargée de l’accompagnement social des résidents devait être nommée ce mois-ci afin de faire le lien avec le service habitat de la ville, le CCAS, la maison de la solidarité (Conseil général) et l’AAI.

Outre Sabrina et Paco, parmi les résidents on trouve des immigrés retraités à qui la Ville avait proposé un relogement provisoire dans un immeuble de l’avenue de Toulon, des familles monoparentales avec enfant en bas âge et des jeunes, comme Julien, 19 ans, qui a dû quitter précipitamment le foyer familial à Gardanne. « J’ai passé une année dehors, expliquet- il. J’ai été hébergé chez des copains, je suis même allé jusqu’à Arles et à Lyon pour trouver quelque chose. Je suis revenu à Bouc-Bel-Air chez des amis, j’ai trouvé un travail à mi-temps chez Total. C’est l’AAI qui m’a mis en contact avec la résidence sociale et qui va m’aider à trouver un logement. Dès que j’en ai un, je repars, mais là j’ai surtout besoin de souffler un peu, d’être autonome après un an de galère. »