Ailefroide

60 ans à Leï Mendi Energies 363 - Carole Nerini

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Le 2 octobre, les Gardannais intéressés étaient invités par la municipalité à venir passer une journée à Ailefroide à l’occasion du 60 e anniversaire du chalet. Plus de 200 personnes ont fait partie du voyage qui a fait renaître de nombreux souvenirs pour ceux qui ont participé à sa construction comme pour ceux qui le retrouvent chaque année pour les vacances...

En ce dimanche matin, trois bus sont partis de Gardanne vers Ailefroide, dans les Alpes, pour emmener les vacanciers d’un jour. Certains ont préféré partir la veille et passer la nuit au chalet. Petit à petit, la cour du centre de vacances se remplit, les retrouvailles fusent, les souvenirs remontent à la surface, la journée sera mémorable cela ne fait aucun doute.

Autour d’un rafraîchissement, Valérie Pona, conseillère municipale déléguée aux centres de vacances, a tenu à remercier tous ceux et celles qui ont apporté leur aide pour l’organisation de cette journée et ceux qui ont oeuvré d’une manière ou d’une autre pour que ce chalet soit ce qu’il est aujourd’hui.

Roger Meï quant à lui a insisté sur la volonté municipale de conserver à ce centre une dimension humaine et accessible à tous. La céramique réalisée par les élèves de l’école d’arts plastiques et placée dans la grande salle à manger a ensuite été inaugurée avant que chacun prenne place à table pour la dégustation d’un méchoui fort apprécié.

Ce chalet a été construit par des mineurs et des apprentis (Leï Mendi signifie apprenti mineur en provençal) à l’initiative des Houillères de Provence. Présent ce jour-là avec son épouse, Jean Sandini nous raconte avec une grande émotion et des souvenirs intacts sa contribution à sa construction entre 1946 et 1949.

« Je suis entré à la mine le 8 janvier 1945, à la gare de triage. Chaque mois, on allait au centre Saint- Pierre où on apprenait l’électricité, la menuiserie. Puis j’ai travaillé au fond, à la Félicie, avant que l’on me rappelle pour construire le centre Saint-Pierre. L’ingénieur Plichon a formé une bonne équipe, et un beau jour, il nous a réuni pour nous informer de la construction d’un chalet à la montagne... Leï Mendi... On est monté en camion, chargé de ciment, de matériaux, de bois pour alimenter notre véhicule. On mettait 14 heures pour faire le trajet. Je me souviens qu’avant d’attaquer la montée vers Ailefroide, on a du descendre du camion, il avait vraiment du mal à avancer. Pendant quatre années, de la fin du mois de mai à début septembre, j’étais sur le gros oeuvre, on faisait tout à la main, il n’y avait pas de machines. On a travaillé minutieusement, proprement, dans une très bonne ambiance, entre vrais copains. Les jours de repos, on allait se promener, on découvrait la montagne, les glaciers, on ramassait des edelweiss. »

Jean s’arrête un instant, on comprend bien l’émotion qui le bouleverse un peu, toutes ces personnes qu’il évoque et qui ne sont plus là... Puis il reprend, « je me souviens aussi d’une année, au mois de janvier, on apprend qu’une tôle de couverture est endommagée. Il faut réparer immédiatement. Une équipe, dont je fais partie est envoyée sur place. En bas, avant de passer sous le pont, la route est bloquée par la neige. C’est à pied, en tirant le matériel et la nourriture à l’aide d’une luge que l’on rejoindra le chalet enneigé jusqu’au premier étage. On ne se plaignait pas. On a travaillé pendant trois jours pour réparer. C’est mémorable. Puis le 19 mai 1950, je suis appelé à l’armée, au Maroc. Et en 1951, je n’ai pas pu assister à la pose de la plaque du chalet, je le regrette... »

Maryse Dolfi, fille de Jules Marcolini qui a également connu le chalet durant sa construction, a passé de nombreuses vacances au chalet. « Nous étions toujours beaucoup d’enfants, je me souviens avoir été marquée par ces grandes salles de bain, ces grandes cuisines. On était toujours en mouvement, on chassait les papillons, on allait ramasser les fraises et les framboises, on allait chercher de l’eau à la petite source et le lait frais chez une très vieille dame, ça sentait si bon lorsqu’on entrait chez elle. Ailefroide, je n’ai que de bons souvenirs, pendant douze ans, nous y sommes allés chaque année. Dimanche, j’ai tout retrouvé intact, le barbecue, les cuisines, ce mobilier coloré à l’extérieur, c’est magique. Il manque tout de même Monsieur et Madame Michel, même s’il parait que Damien Haxaire et sa famille, les nouveaux gérants, font un travail extraordinaire. Et puis il y a cette odeur de bois qui est toujours là. »

Et elle n’est pas la seule à garder de bons souvenirs. Raymonde n’a pas pu se déplacer mais elle a beaucoup pensé à tous ceux et celles qui ont eu la chance de pouvoir assister à cette journée. « A l’époque, se payer des vacances, c’était difficile, d’ailleurs, ce n’était pas plus mal, on venait chaque année à Ailefroide, avec mes enfants, puis mes petits-enfants. Ces parties de boules et de cartes, cette bonne humeur, tout le temps, on arrivait à vivre en communauté sans se disputer. En cuisine, on s’empruntait les ingrédients manquants, on parlait de recettes, il paraît que c’est toujours comme ça... Il faudrait que ça le reste. »

Guy Ortega a également profité du voyage. Un bon vivant qui ne manquait jamais une occasion de rire et de faire rire ! « J’ai participé aux finitions du chantier du chalet et pendant 45 ans, nos vacances, elles étaient là-bas, en famille. Je n’y étais plus allé depuis quelques années, pour des raisons médicales, et ça m’a vraiment fait plaisir de revenir. Il y a eu beaucoup de moments de joie, quelques moments de peine aussi. Je me souviens lorsqu’on allait prendre la douche au torrent, on ne s’éternisait pas ! On partait ramasser les cèpes, le génépi, les fleurs rares, on allait se balader au pré de Madame Carle. Qu’est ce qu’on a pu faire comme blagues aux touristes qui passaient devant le chalet et qui n’étaient pas immatriculés en 13 ! »

Cette journée a vraiment été une réussite, un grand moment de retrouvailles, d’échanges, d’émotion. Ceux qui n’étaient plus montés depuis quelques années souhaitent y passer quelques jours l’an prochain. Damien, il va falloir pousser les murs en 2012.